Procès de Boston: troisième jour de délibérations
Procès de Boston: troisième jour de délibérations
Les 12 jurés qui doivent décider du sort de Djokhar Tsarnaev délibèrent depuis mercredi soir. Dans cette seconde phase du procès, les jurés examinent les circonstances aggravantes ou les circonstances atténuantes qui ont conduit le jeune homme à déposer sa bombe. La défense a tenté de démontrer que Djokhar Tsarnaev a été entraîné par son frère aîné dans cette folie. L’accusation a plaidé la préméditation, et réclame la peine capitale. Ce qui se joue donc est la prison à vie ou la peine de mort pour le jeune homme, reconnu coupable de l’attentat, qui a fait 3 morts et 264 blessés sur la ligne d’arrivée du marathon de Boston en avril 2013. Boston, où se déroule d’ailleurs ce procès, est une ville atypique, dans un Etat, le Massachusetts, qui a aboli la peine de mort depuis 35 ans.
Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
C’est le moment de l’attente pour les familles, les avocats et l’accusé. Chacun des douze jurés a reçu un questionnaire de 25 pages, les 17 chefs d’inculpation entrainant la peine de mort sont détaillés, puis viennent les circonstances aggravantes énumérées par l’accusation et enfin les circonstances atténuantes, qu’il faut évaluer. Tout sera consigné par écrit et archivé pour la suite.
Si un seul des crimes dont Djokhar Tsarnaev a été reconnu coupable fait l’unanimité, il sera condamné à mort. En effet, si le Massachusetts a aboli la peine de mort, le procès Tsarnaev est un procès fédéral, un procès pour terrorisme. La peine capitale a donc été introduite par le ministère de la Justice.
Pour ajouter au paradoxe, la défense de Djokhar Tsarnaev a tenté à plusieurs reprises d’obtenir la délocalisation, craignant que Boston, traumatisée par l’attentat qui a endeuillé le marathon, ne puisse le juger en toute indépendance d’esprit. Ces requêtes ont été rejetées, et depuis plus de 4 mois, c’est un jury composé de citoyens de la ville qui entend les témoignages et examine les preuves.
Plus les débats ont progressé, plus les sondages d’opinion ont démontré que ce port de l’est des Etats-Unis est décidément atypique : de plus en plus de Bostoniens se prononcent en effet contre la peine de mort pour Djokhar Tsarnaev. Ils sont aujourd’hui plus de 70 % à estimer qu’il faut le condamner à la prison à vie, à l’instar d’Heather Karostov.
Cette militante anti peine capitale se tient devant le tribunal depuis le premier jour. « C’est le concept de la peine de mort qui est en question. C’est notre chance de retenir l’attention du monde entier. Nous ne défendons personne, nous voulons simplement dire que la mort organisée par un Etat n’est pas acceptable, dans aucune circonstance, et même dans ce cas », explique-t-elle.
Pour le procureur au contraire, le dossier Trasnaev est un cas d’école, un flagrant délit de terrorisme. Il a appelé le jury à regarder les faits, simplement les faits, qui doivent légitimement, dit-il, entrainer une exécution.
Rien ne dit toutefois quel sera le verdict choisi par les jurés. Chacun d’entre eux a dû s’engager à pouvoir envisager la peine capitale. Et il a fallu plus d’une semaine aux avocats en janvier pour choisir les12 citoyens qui délibèrent depuis mercredi soir. Si le verdict n’est pas atteint ce vendredi 15 mai au soir, le huis clos de la réflexion sera rompu. Les 12 jurés vont rentrer chez eux pour le week-end, comme ils le font chaque jour depuis 4 mois.
RFI