Afrique : La légende George Weah investi président du Liberia !
Après avoir gagné la présidentielle du 28 décembre, George Weah a prêté serment ce lundi 22 janvier devant des dizaines de milliers de personnes au stade Samuel-Doe. « Dans ma vie, j’ai passé beaucoup de temps dans des stades de football. Mais aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres. Je peux vous garantir que cette fois-ci il n’y aura ni gagnant, ni perdant. » a lancé tout de blanc vêtu George Weah devant plus de 35 000 personnes.
Le 22 janvier 2018 restera sans doute un jour historique au Liberia. Jamais on n’a assisté à autant de frénésie et d’enthousiasme pour les cérémonies d’investiture d’un président africain depuis Nelson Mandela. Des centaines de personnes ont campé toute la nuit devant le stade Samuel-Kanyon-Doe, le plus grand de Monrovia, pour ne rien manquer de l’investiture de l’ancien footballeur George Weah, leur 24e président. « J’ai prêté serment devant vous et devant Dieu tout-puissant. Rassurez-vous, je ne vous laisserai pas tomber. » a encore tenu a rappeler George Weah dans ses premiers de chef d’État officiel dans un instant de totale communion avec la foule.
Un nouveau départ
L’ancien footballeur de légende George Weah a promis lundi en tant que nouveau dirigeant du Liberia une gestion transparente, lors de la première passation de pouvoirs entre présidents élus dans ce pays depuis 47 ans. Accompagné de son épouse Clar et de ses enfants, George Weah a remercié dans son discours inaugural l’ex-présidente Ellen Johnson Sirleaf pour avoir consolidé la paix et placé son mandat sous le signe de la lutte contre la corruption, « une habitude avec laquelle il faut en finir », et une gestion plus transparente de l’Etat.
« Nous devons à nos concitoyens la clarté sur des questions fondamentales comme la propriété du sol, la liberté d’expression et le partage des ressources et des responsabilités », a-t-il reconnu. Il a également lancé un appel au secteur privé, en assurant que « le Liberia est ouvert aux affaires ».
Une folle journée d’investiture
Sans surprise, cette cérémonie d’investiture est devenue une affaire de stars de football. La légende de Chelsea, Didier Drogba a fait le déplacement dans la capitale libérienne ainsi que le Camerounais Samuel Eto’o et les Nigérians Sunday Oliseh et Taribo West. George Weah pourra aussi compter sur ses homologues, eux aussi très désireux de prendre part à cette nouvelle histoire. Les chefs d’État Faure Gnassingbé du Togo, Macky Sall du Sénégal, Nana Akufo Addo du Ghana, le Congolais Denis Sassou Nguesso, les présidents ivoirien Alassane Ouattara et gabonais Ali Bongo Ondimba seront également présents. Une délégation du Congrès américain fera aussi le déplacement ainsi qu’un envoyé spécial du président Donald Trump.
La veille, dimanche 21 janvier, George Weah a entamé sa journée en assistant à un office religieux dans une église de la capitale en compagnie de la présidente Ellen Johnson Sirleaf ainsi que l’actuel vice-président Joseph Boakai et la future vice-présidente Jewel Howard-Taylor également présente.
Depuis plusieurs jours, une certaine effervescence règne à Monrovia, où les hôtels sont pleins. Dans la capitale, tous se sont préparés à ce jour historique. Tee-shirts, casquettes, pagnes, beaucoup ont investi quelques dollars libériens dans des gadgets. D’autres portent la nouvelle coupe en vogue : celle du nouveau président, les cheveux rasés et la barbe naissante. Sur les artères principales, des portraits de George Weah ont été peints. « Félicitations, Monsieur le Président, merci Mama Ellen ! » peut-on lire en grosses lettres sur le boulevard Tubman, qui traverse la capitale.
Seul Africain à avoir remporté le Ballon d’or, en 1995, il entre en politique à la fin du conflit. « Je ne pensais pas qu’il pourrait devenir président », a confié Arsène Wenger, qui se souvient néanmoins l’avoir « vu pleuré quand la guerre faisait rage au Liberia ». Pendant la guerre civile, Weah avait appelé l’ONU à sauver le Liberia. En représailles, des rebelles de la milice de Charles Taylor avaient brûlé sa maison de Monrovia et pris en otage deux de ses cousines.
Un rêve devenu réalité
George Weah connaît bien le terrain qui a été le théâtre de ses premiers pas de président du Liberia : c’est dans le stade Samuel-Kanyon-Doe, celui-là même où joue l’équipe nationale de football, que l’ancien attaquant avait définitivement abandonné son maillot de footballeur en 2005 pour se lancer en politique.
Enfant des bidonvilles de Monrovia devenu star planétaire du foot dans les années 1990, George Weah réalise le rêve de sa seconde vie en prêtant serment lundi comme président du Liberia, 15 ans après la fin de sa carrière et de la guerre civile. À 51 ans, l’ex-attaquant vedette du PSG et du Milan AC succède à Ellen Johnson Sirleaf, 79 ans, première femme élue chef de l’État en Afrique.
Au lendemain de sa large victoire au second tour de l’élection présidentielle le 26 décembre, avec 61,5 % des voix, face au vice-président sortant Joseph Boakai, il s’est engagé à « transformer la vie de tous les Libériens ». Pour y parvenir, George Weah, élevé par sa grand-mère à Gibraltar, un bidonville de Monrovia, a promis le 30 décembre « une gouvernance publique en faveur des plus pauvres ».
Issu de l’ethnie kru, une des principales du pays, il est seulement, après Samuel Doe (1980-1990), le deuxième président de la plus ancienne République d’Afrique à ne pas appartenir à l’élite « américano-libérienne » descendant d’esclaves affranchis qui y domine la vie politique depuis 170 ans.
« C’est une histoire incroyable », a déclaré l’entraîneur Arsène Wenger au début du mois, retrouvant dans ce destin « la force mentale de George : il a toujours été convaincu qu’il avait une mission » à accomplir. Pendant la guerre civile, qui a fait quelque 250 000 morts entre 1989 et 2003, déclenchée par la rébellion contre Samuel Doe de l’ancien chef de guerre et président Charles Taylor (1997-2003), George Weah était largement absent du pays.
Adulé des jeunes, George Weah est pourtant battu au second tour de la présidentielle de 2005 par Ellen Johnson Sirleaf, puis comme candidat à la vice-présidence en 2011. Son parti criera alors en vain à la fraude.
Cette fois, alors que ses adversaires épuisaient tous les recours juridiques possibles pour faire annuler les résultats du premier tour, le 10 octobre, obtenant le report du second tour de sept semaines, « Mister George », sûr que son heure était venue, a exhorté ses partisans à la patience et au calme.
La rédaction
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