Année scolaire 2015-2016 : Un bilan plus mitigé que reluisant !

Le système éducatif guinéen souffrait énormément avant l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir. Lorsqu’il a été élu à la tête de la magistrature suprême, certains guinéens se sont frotté les mains par rapport à un changement au niveau de l’éducation au moins. Pour cause, c’est un professeur qui est pouvoir, avant tout, la priorité c’est de sauver l’école guinéenne pensaient-ils. Après cinq ans aux affaires, le système éducatif est laissé pour compte.
L’année 2015-2016 a été ponctuée par plusieurs activités. Et la plupart de ces activités n’ont pas incarné des visages honorables durant cette période, on a entre autre: le concours de recrutement de plus de 4 mille enseignants, les problèmes enregistrés dans l’orientation des nouveaux bacheliers, voire des anomalies constatées çà et là pendant le déroulement de ces différents examens nationaux.
D’abords, l’école guinéenne a rouvert ses portes, le 09 Novembre 2015 après 2 reports. Et ce, malgré l’éradication du virus Ebola qui a terriblement malmené ce pauvre système éducatif pendant deux ans. En plus, les responsables de l’enseignement ont exhorté les chefs d’établissements à observer la prudence en installant des kits sanitaires et d’hygiène dans l’enceinte des différentes écoles.
Après seulement 8 mois de cours, les examens de fin d’année ont été organisés du 20 juin au 12 juillet avec 392 mille 936 candidats. Ils ont commencé comme d’habitude par l’Entrée en 7ème année qui s’est déroulé du 20 au 25 juin sur toute l’étendue du territoire national. Bien que sans incident majeur, mais des fuites de sujets ont été évoquées par endroits. Et les résultats de ce premier examen ont donné un taux de réussite de 40% soit 69.900 admis.

Pour le Brevet d’Etude du Premier Cycle sur les 113 mille 761 candidats, 26 825 ont été déclarés admis soit 25, 1% contre 21, 1% l’année précédente.

Cette année certaines communes avaient organisé les examens blancs à l’échelle communale. C’est le cas, notamment de la commune de Matoto avec le slogan ‘’tolérance zéro’’ qui, malheureusement a cédé la place à ‘’la rigueur zéro’’, dans la mesure où, la plupart des candidats passaient la nuit avec les traités des sujets qu’on donne le lendemain. Une situation qui avait même découragé certains candidats à prendre ces examens au sérieux.

Quant au baccalauréat proprement dit qui s’est déroulé du 08 au 12 juillet, des anomalies avaient été enregistrées dans certains centres. Ce fut le cas à l’école primaire Symbaya1 dans la commune de Matoto, où les candidats en sciences sociales n’ont pas été évalués sur le même sujet que leurs camarades, en géographie. Les responsables du centre auraient confondu les enveloppes et aucune mesure n’a été officiellement prise pour rectifier le tir.
L’autre problème, c’est au niveau des candidats de l’option Sciences Sociales Franco-arabe qui ont été obligés de reprendre l’épreuve d’histoire. Pour cause, dans certains centres, à la place du sujet d’histoire, c’est l’épreuve de langue arabe qui a été lancée dans les salles. Sans oublier de signaler, les conditions frauduleuses dans lesquelles des surveillants, des correcteurs et des secrétaires ont eté coptés. Le plus souvent, bon nombre de correcteurs au baccalauréat ne répondent pas aux normes requises. D’autant que, beaucoup d’entre eux payent de l’argent pour être sélectionnés et cela est un secret de polichinelle au sein de la corporation.
Et cet examen a donné comme résultat sur les 90 mille 960 candidats toutes options confondues, 27 mille 51 élèves ont eu la moyenne soit 23, 6%. Et ce sont les candidats des sciences mathématiques qui se sont illustrés davantage avec un score de 49,54 %. En sciences expérimentales, 6mille 704 dont 2mille 485 filles ont décroché le BAC soit 32,51 %. En sciences sociales : ce sont 18 mille 292 élèves dont 5 mille 478 filles qui ont pu accéder à l’université soit 42,64 %. Pour l’enseignement franco-arabe, il y a eu en sciences expérimentales franco-arabe : 78 admis avec 13 filles soit 36,45 %. En sciences sociales franco-arabe : 897 dont 145 filles ont pu accéder à l’université soit 61,86 %.
Et il est important de souligner la confusion qui a ponctué l’attribution des bourses octroyées par les marocains. Les 9ème et 10ème de la République en sciences sociales au baccalauréat, deux garçons ont été remplacés par des filles au su et au vu de tout le monde. Le service national des bourses extérieures avait affirmé que l’ordre venait de Rabat, mais l’une des victimes avait crié à la magouille.
Parlant de leur orientation, c’est une autre désillusion. Car, de nombreux bacheliers ont été orientés dans des écoles professionnelles ou dans des filières qu’ils n’ont pas choisies. Et chose qui ne rime pas avec leur cycle scolaire. Faut-il rappeler aussi que, cette fois, le site internet Djoliba se mue en www.gupol.gov.gn pour les inscriptions.

Autre fait marquant non négligeable cette année, les responsables de l’enseignement supérieur avaient décidé au départ de ne pas orienter les nouveaux bacheliers dans les universités franco-arabes. Une mesure qui a irrité plus d’un dans le monde arabisant et qui a contraint Yéro Baldé et ses collègues à revenir sur leur décision.

L’autre fait qui n’est pas passé inaperçu, c’est l’affrontement comme à l’accoutumée entre les élèves du collège Yaguine-et-Fodé et le lycée Léopold Sédar Senghor. Il faut signaler que, ces deux écoles cohabitent dans la commune de Matoto et à quelques mètres de la DCE de ladite commune. Et malheureusement, plusieurs élèves ont été blessés au cours de ces échauffourées. Cette situation a entrainé une fermeture momentanée des deux établissements par la direction communale de Matoto avant d’y redémarrer les cours.

Et de l’autre côté, c’est le concours de recrutement de 4.000 enseignants qui a été lancé au cours de l’année scolaire 2015-2016 qui attire l’attention de plus d’un. Il a été organisé à Conakry et aux chefs-lieux des sept Régions Administratives du pays. Le Ministère de la fonction publique compte recruter trois mille cinq cent (3500) nouveaux fonctionnaires pour le compte de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation et cinq cent (500) pour l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle. A préciser qu’environ 50 mille candidats avaient postulé pour tenter. Et bon nombre de candidats qui ont effectué ce concours affirment avoir assisté à une simple comédie. Parce que, selon eux, la surveillance ne jouait son rôle, chose qui décourageait moult candidats.

Et depuis des mois, les résultats ne sont toujours pas connus. Pourtant, des contractuels sont dépossédés de leurs cours dans les établissements publics et après des années de services de façon bénévole. Et on leur demande de patienter en attendant la publication des résultats de ce fameux concours. Et de nos jours, ces bénévoles s’apitoient sur leur sort et se demandent à quel sein se vouer. Pourtant, certains candidats commencent à crier à la magouille, disant que les autorités sont en train de revendre des matricules, c’est pourquoi les résultats tardent à venir.

Pour finir, il est important de préciser que, le budget des trois ministères de l’éducation est le plus bas de la sous-région. Car, il est de 12, 99%. C’est pourquoi, on ose dire que, le système éducatif guinéen actuel est l’un des plus pauvres de la sous-région. Les dirigeants guinéens ont-ils oubliés que tant vaut l’école, tant vaut la nation ?
Le débat reste ouvert !

Diongassy Bah pour Journal de Guinée