Attaques à Ouagadougou: le film de la journée
Ouagadougou a été vendredi 2 mars frappée par une attaque terroriste d’envergure qui a visé l’état-major général des armées et l’ambassade de France. Au moins huit assaillants et huit membres des forces de sécurité ont été tués.
Il est 10h à Ouagadougou quand des tirs résonnent dans le quartier de l’ambassade de France et de la primature. Des témoignages font également état d’une explosion près de l’état-major général des armées, à 2 kilomètres de là. Une épaisse fumée noire s’élève dans le ciel de la capitale du Burkina Faso. Une voiture bourrée d’explosifs vient de sauter. « La charge était suffisamment forte et énorme pour occasionner de graves destructions. Les dégâts sont donc très importants », dira plus tard le ministre burkinabè de la Sécurité Clément Sawadogo. L’explosion est suivie d’un assaut conduit par des terroristes.
Devant l’ambassade de France en revanche, des témoins parlent d’une voiture en feu. Mais aucun ressortissant français n’a été tué ou blessé dans l’attaque, a-t-on appris de source diplomatique française. Paul Zongo se trouvait non loin de l’avenue de l’Indépendance. Il raconte avoir vu des hommes forcer l’entrée de l’ambassade. « Un véhicule s’est garé au niveau de l’avenue et quatre jeunes de moins de 25 ans en sont sortis. Ils portaient des sacs et des kalachnikovs. Ils étaient vraiment lourdement armés », rapporte-t-il. Paul dit les avoir vus d’abord essayer de pénétrer dans le bâtiment côté est, où des tirs ont éclaté. Quatre terroristes y auraient été tués. Deux gendarmes burkinabè ont également perdu la vie.
A 11h, les tirs s’intensifient. La ville est quadrillée. Sur son compte Facebook, la police indique qu’une attaque armée est en cours. Deux hélicoptères du commandement des opérations spéciales (COS) déposent des groupes de commandos chargés de sécuriser la zone. Ils se répartissent autour de l’ambassade toute proche et de l’Agence française de développement.
Les forces de sécurité burkinabè pénétrent dans le bâtiment de l’état-major général des armées, en face duquel est situé l’Institut français. L’intervention prend fin quelques heures plus tard, une fois que la zone est définitivement sécurisée. Les autorités font état de la mort de quatre terroristes, ce qui porte le nombre d’assaillants tués à huit. Rien n’indique que d’autres aient pu s’enfuir. Au total, huit membres des forces de sécurité ont également été tués. Au moins 80 personnes ont par ailleurs été blessées.
Mais selon le ministre de la Sécurité, le bilan aurait pu être plus lourd. Car à l’état-major avait lieu une réunion sur le G5-Sahel. Elle devait se tenir initialement dans une autre salle, indique Clément Sawadogo. « Si elle s’était tenue dans cette salle, il y aurait eu une situation extrêmement dramatique, parce que cette salle a été détruite par l’explosion », rapporte-t-il. De bonne source, on indique que le chef d’état-major burkinabè, le colonel major Oumarou Sadou, est sain et sauf.
Certaines questions demeurent. Comment les assaillants sont-ils parvenus à pénétrer dans l’enceinte de l’état-major des armées ? C’est ce que l’enquête devra déterminer. Le ministre des Affaires étrangères Alpha Barry évoque la possibilité qu’ils aient neutralisé les gardes qui en protégeaient l’entrée. Selon une source officielle, certains assaillants portaient des tenues de l’armée. Plusieurs personnes ont déjà été interpellées.
boubacar diallo