Défense : Quelles capacités dispose l’armée Guinéenne ?
Après 59 ans d’existence, l’on se retrouve dans l’obligation patriotique et morale de s’interroger sur l’état actuel de nos forces de défense. Un symbole de souveraineté nationale, qui, même au-delà de nos frontières bénéficie d’un respect général à cause de ses multiples appui sans faille apportés aux autres nations Africaines dans leur lutte contre l’oppression impérialiste. Mais cependant, d’importantes interrogations restent encore posées sur les nouvelles capacités de cette armée nationale. Celles-ci qui restent pour l’instant sans réponse claire, peuvent au moins faire l’objet d’une analyse fondée sur des hypothèses tirées de la réalité sur le terrain.
Ainsi, il est fort probable que certains s’interrogent sur les raisons d’une telle analyse orientée sur le secteur de la défense nationale, mais à mon avis, ce secteur mérite bien de faire la une de la presse nationale.
Et ce, non pas seulement pour critiquer, mais aussi et surtout pour apporter des propositions de solutions permettant éventuellement à cette armée de retrouver sa place de l’un de leader du continent.
C’est ainsi, l’idée d’une telle analyse est survenue suite à plusieurs constats sur le terrain, partants tout d’abord du manque d’informations du ministère de la défense jusqu’aux dernières explosions survenues ce dimanche 22 Octobre 2017 dans la plus grande caserne militaire du pays.
QUELLES CAPACITÉS DISPOSE L’ARMÉE GUINÉENNE ?
Justement la réponse à cette question suffit largement pour comprendre ce, dont soufre cette armée. Ce qui nous permettra éventuellement d’avoir une idée claire sur les lacunes à régler pour lui permettre de retrouve sa place méritée.
En effet, parler des capacités de cette armée, renvoi à une analyse diversifiée non seulement sur son budget de fonctionnement, mais également sur les équipements dont dispose chacune de ses composantes.
DU BUDGET DE FONCTIONNEMENT !
Un point crucial pour l’efficacité d’une armée quelconque. Et c’est pourquoi, nous mettons un accent sur ce point, malgré l’indisponibilité des informations claires sur le sujet. Mais toutefois, ce qui reste claire, notre armée dispose d’un budget extraordinaire, par sa taille qui est largement insignifiante.
Selon les informations disponibles dans ce sens, ce budget ne dépasserait pas les 36 millions de dollars soit 1,5% du PNB pour un effectif total de 45000 hommes. Une somme qui peut être relativisée, mais, qui, en réalité ne représente rien pour une armée qui se veut être puissante et référentielle sur toute la ligne.
Ainsi, malgré les légères augmentations enregistrées dans la dernière loi de finance, le chemin à parcourir reste encore très long pour cette armée, qui est loin de se mesurer aujourd’hui aux grands pays du continent.
Alors que nulle ne doute sur la compétence et la performance de ses hommes, qui ont bénéficié des formations dans les grandes puissances militaires du monde. Notamment en Union soviétique, aux Etats unis, en France ou encore en Chine, mais cette formation ne pourra pas s’imposer sur le terrain, si toutefois les moyens nécessaires ne sont pas disponibles.
DES ÉQUIPEMENTS DISPONIBLES !
Un autre point important, mais très mal connu du grand public. Ce qui est compréhensible d’une part, d’autant plus que c’est un domaine à la fois sensible et confidentiel pour des questions de stratégies militaires.
Mais cependant, parlant bien de ce domaine, il faut dire que la presse n’en demande pas trop. Des informations officielles non compromettantes sur le sujet suffisent largement pour la presse. Car dans tous les grands pays du monde, les ministères de la défense communiquent largement sur les équipements de ses forces armées.
Ce qui est loin d’être le cas en Guinée avec ce département de la défense. Mais le moins que l’on puisse dire, l’armée Guinéenne n’est pas bien équipée, dans toutes ses composantes. Les forces aériennes qui représentent la composante la plus importante aux jours d’aujourd’hui, souffre d’un manque cruel d’équipements modernes.
Les seuls chasseurs qui seraient disponibles pour cette branche sont les quelques Mig-21, qui datent de l’opaque Soviétique, ainsi que quelques hélicoptères tres anciens. La plupart de ces équipements dateraient même de l’époque de Sekou Touré, comme pour dire que l’armée de l’aire soufre énormément d’un vieillissement de ses équipements, qui, d’ailleurs restent aussi insuffisants pour répondre aux besoins.
Du côté de la marine nationale, la situation est plus qu’alarmante, d’autant plus que cette marine nationale ne dispose pas des navires de guerre modernes et suffisants. Aux jours d’aujourd’hui, peu d’informations sont disponibles sur cette composante maritime, dont l’efficacité reste indispensable pour veiller sur la sécurité de nos eaux territoriales.
En fin, l’armée de terre qui semble être la plus équipée et la plus visible sur le terrain, soufre bien évidement d’un manque de matériels modernes. Les chars dont dispose cette force terrestre ne semblent pas être efficace pour faire face aux grands défis qui se posent ou qui se poseront.
L’explosion d’hier comme celle de 2001 survenues dans la même caserne, démontrent d’une part la faiblesse technique et technologique de cette armée de terre. Celle d’hier pourrait être contrôlée en l’espace de quelques minutes, si toutefois les équipements nécessaires étaient disponibles.
Mais comme tel n’est pas le cas, il a fallu plus d’une heure de temps pour venir au bout de l’incendie. Aucun mort enregistré, mais la psychose sociale avait gagné tous esprits dans les quartiers voisins du camp Alpha Yaya Diallo, jusqu’à entrainer un déménagement nocturne des citoyens.
Les constats amers n’en finissent pas pour décrire l’état de cette armée, qui encore une fois reste un véritable symbole national de notre pays.
ALORS QUE FAUT-IL FAIRE POUR RELEVER CES DÉFIS MAJEURS ?
Une question plus qu’imminente, dont l’Etat détient seul la réponse. Il s’agit bien évidement d’interpeller l’Etat à prendre ses responsabilités. Ce qui passe forcément par l’amélioration des conditions d’existences de cette armée, en commençant tout d’abord par la mise à sa disposition d’un budget signifiant.
Ensuite entamer une nouvelle phase de formation et de rééquipement de ses composantes, qui ont besoin aujourd’hui chacune des matériels modernes sortis des dernières technologies. L’armée de l’aire par exemple doit avoir à sa disposition des aéronefs de dernière génération, ce sont notamment, des chasseurs, des bombardiers et des hélicoptères.
L’acquisition des tels équipements passe aussi forcement par la signature des coopérations bi et multilatérales avec les grandes puissances militaires du monde. À cet effet, il est préférable pour l’Etat Guinéen d’approcher la Russie de Vladimir Poutine dans ce sens, comme l’on fait certains pays du continent, tels que le Nigeria, l’Algérie, l’Egypte ou encore le Soudan.
Un tel rapprochement permettra à notre armée d’acquérir des Mig-29 et 31 pour la surveillance de notre espace aérien, ainsi que des bombardiers Soukhoi Su-24, Su-27 ou Su-30 et des hélicoptères d’attaques Mi-17.
Pour la marine nationale, cette coopération avec la Russie permettra à cette composante de renforcer et de moderniser sa flotte. L’acquisition des navires destroyers, ainsi que des frégates révèlera le défi à ce niveau.
Pour les forces terrestres, le défi à relever se situe largement sur le renouvellement des chars existent, à travers ceux de dernière génération. Il faut par ailleurs préciser que l’armée Guinéenne a besoin d’une composante d’élite pour les missiles stratégiques.
L’existence de celle-ci marquera un pas important dans sa modernisation, car les troupes de missiles stratégiques constituent aujourd’hui une composante parallèle et importante pour les différents pays, en vue d’assurer leur sécurité aérienne.
C’est ce qui ouvrira la voie à l’acquisition éventuelle des missiles à courte, moyenne et longue portée, tels que les S300 et S400 du système de défense anti aérien Russe qui font aujourd’hui la convoitise partout.
Mais cependant, la mobilisation de tels matériels ne sera pas facile pour un pays comme le nôtre, mais ce n’est pas aussi impossible dans le temps, si toutefois l’Etat prend conscience d’un tel défi. Car comme le disait un penseur : « On realise les belles choses par l’amour et les grandes choses par l’ambition ».
Mamadou Moussa Diallo pour Journal Guinée
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