Le Népal tente de contrôler les fonds qui arrivent dans ses banques
Le gouvernement essaie de contrôler l’utilisation de fonds pour les secours et l’assistance aux victimes du tremblement de terre. La Banque centrale a ainsi émis une directive qui ordonne, à chaque individu ou organisation qui souhaite créer un compte bancaire dans ce but humanitaire, d’obtenir l’autorisation du gouvernement. Une mesure qui risque de ralentir cette assistance et qui fait des remous.
Avec notre envoyé spécial à Katmandou, Sébastien Farcis
Selon cette directive, tout nouveau compte ouvert au Népal pour recueillir des fonds en faveur des victimes devra être approuvé par l’administration départementale et ceux créés à l’étranger recevoir l’accord du consulat népalais. Les personnes qui n’auront pas reçu cette autorisation verront leur argent gelé puis transféré vers le fonds du Premier ministre pour les secours.
Cette nouvelle a jeté un froid dans le monde des associations locales, et surtout auprès de ces nombreux petits groupes de citoyens qui se sont mobilisés ces derniers jours pour aider les victimes abandonnées à elles-mêmes. Ces personnes cherchent à faire au plus vite, alors que les grandes ONG ont du mal à faire atterrir leur matériel dans le petit aéroport de Katmandou et mettent donc du temps à se déployer.
Objectif de transparence
Ces bénévoles ont besoin de créer des comptes bancaires spéciaux pour être le plus transparent possible auprès de leurs donneurs népalais ou étrangers. Or l’obtention de cet accord public peut prendre des jours, dans une administration surchargée.
Cette initiative semble avoir été prise dans le but d’éviter des afflux d’argent douteux au Népal, mais cela risque en fait d’entrainer encore plus d’opacité. Les bénévoles vont essayer d’envoyer des fonds sur leurs comptes personnels pour éviter ces contrôles. Ce matin, il y avait déjà une importante mobilisation sur les réseaux sociaux népalais contre cette directive. Il est est donc possible que le gouvernement revienne dessus dans les jours qui viennent.
■ Un patrimoine millénaire anéanti
Dans les rues de la capitale, les pelleteuses sont à pied d’œuvre pour dégager les accès aux bâtiments détruits. L’un des sites emblématiques de la ville, la tour historique de Dharhara, a été totalement détruite. Reportage de nos envoyés spéciaux Richard Riffonneau et Daniel Vallot.
De Dharara et de son escalier en spirale, il ne reste aujourd’hui que des décombres. Un pilier de pierre blanche et des monceaux de briques. Ici les secouristes n’ont quasiment plus d’espoir de retrouver des survivants, mais les recherches se poursuivent afin de récupérer les corps des personnes qui se trouvaient à l’intérieur et qui n’ont pu être dégagées.
« Au moment du séisme, il y avait plus de 200 personnes dans la tour. En tous cas, 200 personnes avaient des tickets d’entrée. Et finalement, on en a retrouvé qu’une cinquantaine. »
Les policiers présents sur le site surveillent les opérations de déblaiement. Ils ont pour mission également d’éloigner les curieux venus constater sur place l’étendue des dégâts.
« Je me sens vraiment triste quand je vois ça. Cette tour était la première chose que l’on visitait quand l’on venait à Katmandou, que l’on soit étranger ou Népalais. C’était une richesse pour le Népal, et sa destruction c’est une grande perte pour nous. »
Autour des décombres, des centaines de personnes viennent contempler les restes d’un édifice qui faisait partie du patrimoine de la ville et qui est devenu l’un des symboles les plus marquants des destructions provoquées par le séisme.
RFI