Le dernier rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pointe du doigt l’ampleur de la malnutrition qui touche plus de 16 millions d’enfants de moins de 5 ans en Afrique de l’Ouest.
Les populations d’Afrique de l’Ouest sont moins touchées par la malnutrition que d’autres en Afrique subsaharienne. C’est ce que mettait en avant le Programme alimentaire mondial (PAM), en rendant publics ses chiffres de la malnutrition pour 2013. Selon ces données, la part de la population souffrant de malnutrition était à l’époque relativement faible dans plusieurs pays du golfe de Guinée (moins de 15%), et au contraire très forte au Burundi par exemple (jusqu’à 73,4%).
Pas de quoi pavoiser cependant à lire le volet ouest-africain du rapport mondial sur la Nutrition 2016 publié jeudi 10 novembre par un consortium de partenaires, regroupant la FAO, l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (Ifpri) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).
Ce rapport, mondial, dresse un tableau peu reluisant de l’état de la malnutrition en Afrique de l’Ouest. D’après le document de 156 pages, le Sahel et l’Afrique de l’Ouest concentrent désormais parmi les taux les plus élevés de malnutrition chronique et aiguë dans le monde.
Parmi les résultats mis en avant, il est indiqué par le rapport que les objectifs de réduction de l’anémie causée en partie par un faible apport en fer sont hors d’atteinte chez les femmes.
De même, 30 % des enfants de moins de cinq ans de la région – soit 16 millions d’individus – dans la région sont des malnutris chroniques. Dans certaines localités de la région, cela concerne un enfant sur deux, et sur les 16 millions d’enfants évoqués plus haut, 4,6 millions sont atteints de malnutrition sévère. « 31% des adultes dans la région Afrique de l’Ouest sont en surpoids ou obèses », notent encore les conclusions de ce rapport.
11% du PIB perdus chaque année
Des résultats qui ne sont évidemment pas sans conséquences sociales mais aussi économiques. « En Afrique, 11 % du produit intérieur brut (PIB) est perdu chaque année en raison de la malnutrition.
Malgré cela, les pays ouest-africains dépensent en moyenne moins de 1 % de leurs budgets sur les activités liées à la nutrition », tacle l’état des lieux annuel financé par de nombreux bailleurs de fonds internationaux tels la Fondation Bill et Melinda Gates, le ministère britannique du Développement international, le gouvernement canadien et la Commission européenne.
Manque de volonté des gouvernements
Pour inverser la tendance, les États « doivent fixer des cibles à atteindre dans leurs programmes de nutrition », explique à JA Mohamed Ag Bendech, expert de la FAO chargé des questions de nutrition.
« En Afrique de l’Ouest, moins de la moitié des 16 pays ont des cibles pour l’obésité et le diabète chez les adultes, et aucun n’a de cibles pour la réduction de la consommation de sel. Seule la Sierra Leone a des objectifs pour les six cibles fixées par l’Assemblée mondiale de la Santé (AMS) », analyse-t-il . Or, le rapport met en évidence que les pays qui établissent des cibles de nutrition atteignent plus vite des résultats.
« Les gouvernements devront au moins doubler leurs dépenses destinés aux programmes spécifiques de nutrition entre 2016 et 2025 tandis que les bailleurs de fonds devront appliquer un multiple de 3,5 à leurs dépenses actuelles [situées à environ un milliard de dollars annuels selon le rapport]. Les dépenses gouvernementales consacrées à des programmes spécifiques à la nutrition restent trop faibles à l’heure actuelle (0,3 % des dépenses publiques courantes dans 24 pays) », plaide encore Mohamed Ag Bendech.
sythese de Hassanatou Diallo avec jeune Afrique