Guinée : La justice sociale dépend -elle de notre capacité à désobéir ???
Dès la naissance, nous sommes conditionnés à nous soumettre à l’autorité. Pendant la plus grande partie de notre histoire en tant qu’êtres humains, il en allait peut-être de notre intérêt. Au cours de la majeure partie de l’histoire de notre espèce, nos figures d’autorité étaient représentées par les anciens et les chefs (de tribus ou de communautés). Dans l’idéal, ces leaders/autorités étaient des sages dignes de confiance qui avaient appris dès leur naissance à donner la priorité aux besoins de la communauté.
Aujourd’hui nous vivons dans un monde différent, un monde dirigé par des sociopathes. L’intérêt personnel et la cruauté sont les qualités requises pour accéder au pouvoir. La sagesse a fait place à la connaissance dans le seul but de profaner le génome et assujettir la Terre. La confiance s’est effritée sous le poids de la propagande impitoyable qui nous enseigne à être de bons consommateurs, à soutenir l’empire, à craindre et haïr ceux qui ne sont pas comme nous, ceux qui doivent être exploités, ceux qui menacent notre précieux mode de vie.
Il n’est pas facile de résister aux pressions sociales, particulièrement lorsque nous nous sommes accoutumés à accepter les normes. Pourtant, il est indispensable que nous apprenions à désobéir.
Nous pouvons y parvenir grâce à la pratique. Comme l’haltérophilie et la rédaction d’un essai de cinq paragraphes, la résistance est une compétence qui s’acquiert. Si on assimile la résistance à un muscle, alors la situation dans laquelle nous nous trouvons – un monde dévasté par le réchauffement climatique, l’extinction des espèces, les guerres impériales, l’extraction des ressources et la violence systématique envers les femmes, les personnes de couleur et les pauvres – exige que nous commencions tous à nous entraîner.
Tout d’abord, en guise d’échauffement, participer à des manifestations, des grèves ou des événements publics. Repousser ses limites afin de déceler ses aptitudes. Puis vient le moment du cardio qui consiste à s’organiser et représente la course de fond du mouvement. L’entraînement musculaire se traduit par la désobéissance civile et les techniques de guérilla de faible niveau, permettant de renforcer l’expérience après chaque attaque. Finalement, arrive la compétition proprement dite, c’est-à-dire les affrontements révolutionnaires, le sabotage, la déstabilisation, le piratage, et d’autres actions nécessaires au démantèlement de l’empire.
Bien sûr, l’empire étant ce qu’il est, c’est-à-dire un régime agressif, violent, répressif, qui s’adonne à la torture et au dénigrement, il faudra intégrer des considérations d’ordre pratique pour apprendre à résister. Enfreindre la loi devra se faire avec prudence, en mettant toujours en balance l’impact de l’action avec son coût éventuel. Compte tenu des ressources dont dispose le chef de l’état et le nombre réduit de personnes prêtes à engager des actions décisives pour l’arrêter, nous devons veiller à ne pas abattre nos cartes prématurément.
Par Ibrahim Kalil Diallo ‘’ Les Péchés de la jeunesse guinéenne’’
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