Guinée: La Nécessité d’une simplification démocratique ! ( Par Kharé Man )

A woman casts her vote at a polling station in Conakry on November 7, 2010. Guineans will elect a civilian president in the country's first democratic vote in more than 50 years, in a run-off race that has pitted the two main ethnic groups against each other, resulting in mistrust and violent clashes. AFP PHOTO / ISSOUF SANOGO (Photo credit should read ISSOUF SANOGO/AFP/Getty Images)

Tous les observateurs sont unanimes, le fort taux d’analphabétisme dans la population Guinéenne ne facilite pas la compréhension, et donc le fonctionnement de nos institutions démocratiques. Mais une part non négligeable de cette responsabilité incombe aussi à la classe politique, notamment les parlementaires chargés de l’élaboration et du vote des lois en matière électorale. Il ne faut pas être surpris d’éventuels remous dans les jours à venir, quand il s’agira d’élire les maires, car les  » gagnants » ne sont absolument pas sûrs d’être élus.

 

C’est le jeu des alliances qui le décidera. L’élection du maire étant une élection au suffrages universel indirect. C’est-à-dire dire en deux phases :

PHASE 1:

Le vote du peuple Le peuple vote pour élire ses conseillers municipaux. Proportionnellement au nombre de voix obtenue, chaque liste obtiendra un nombre de conseillers municipaux devant siéger au conseil municipal.

PHASE 2:

L’ élection du Maire Le conseil municipal issu du vote populaire élira le Maire dès sa première réunion. Celui-ci deviendra alors le président du conseil municipal.

INCONVÉNIENTS DE CE SYSTÈME DE VOTE

Le mode de scrutin municipal Guinéen ne facilite pas compréhension du fonctionnement démocratique aux citoyens. A l’issue du vote populaire, s’il y a une liste majoritaire , il n y a pas de problème, tout se déroulera normalement. Elle élira le maire qui gouvernera avec la même majorité pendant tout le mandat. Classique.

Cependant, si aucune liste ne dispose d’une majorité d’élus, ce sera le jeu des alliances, on ouvre alors un « marché politique » où chacun vient faire ses petites courses, et comme souvent ce sont les préoccupations réelles des citoyens qui seront sacrifiées pour satisfaire les caprices des alliés politiques, dans le but de réussir à composer la majorité municipale destinée à élire le maire et à gouverner la collectivité.

Mais ces majorités seront forcément fragiles, puisqu’elles sont fondées sur les intérêts du moment donné. Et comme dit l’autre  » La politique est dynamique ». En cas de changement de donne politique, cette majorité d’alliance risque de s’écrouler comme un château de cartes.

Pour illustrer cela, prenons l’exemple de Kaloum : A Kaloum , Aminata Toure va devoir composer avec L’UFDG ou L’UFR pour obtenir une majorité municipale qui fera d’elle la maire. Mais aura-t-elle une majorité pour gouverner la commune ? Pour combien de temps ? Et si d’aventure cela ne marche pas , la commune pourrait se retrouver sans majorité. Sans oublier que par ce même truchement des alliances, le RPG qui a pourtant perdu le vote populaire reste complètement en jeu pour former une majorité municipale, par conséquent élire un maire RPG.

C’est le règne de la politique. Si on ajoute à cela la corruption devenue culturelle en Guinée , nos communes peuvent être prises en otage par la politique politicienne et devenir totalement ingouvernables.

CE QU’IL FALLAIT FAIRE

Pour éviter les paralysies politiques ou encore les jeux d’alliance qui vident parfois le projet de société de la liste arrivée en tête de toute sa substance, car dit alliance dit négociation. Et dans une négociation tout est possible. Pour remédier à cela il aurait fallu faire un scrutin proportionnel, mais avec PRIME MAJORITAIRE.

C’est à dire que la liste qui remporte le vote populaire remporte systématiquement 50% des sièges au conseil municipal, et le reste des élus sera reparti à la proportionnelle entre toutes les listes ayant remporté plus de 5% des voix, y compris la liste arrivée en tête.

Dans l’exemple de Kaloum : La liste conduite par Aminata Touré, après sa victoire, elle obtiendrait donc directement la majoritaire des sièges au conseil municipal, en plus des sièges qu’elle obtiendra de la répartition PROPORTIONNELLE. Comme cela se fait dans d’autres pays, notamment en France.

AVANTAGES:

D’abord, la tête de la liste qui a remporté le vote populaire sera maire. C’est important dans la compréhension de notre démocratie. Les gens ne comprendront pas si Aminata n’est pas élue maire à kaloum, alors qu’on dit partout qu’elle a gagné l’élection . Ensuite, les mesquineries politiciennes n’auront aucun effet sur le fonctionnement du conseil municipal qui aura toute la latitude à se concentrer sur les vrais problèmes de la collectivité, sans avoir à se soucier de la stabilité de sa majorité. Et notre démocratie est plus lisible !

 

Par Khare Man

 

 

 

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