Les élections communales, 13 ans après celles de 2005, ont été organisées dimanche 04 février 2018 en Guinée. L’un des grands faits marquants de ce scrutin est sans doute les « premiers pas » en politique de Mme Camara Aminata Touré, arrivée en tête dans la symbolique circonscription électorale de Kaloum. Même si la probable future Maire de Kaloum a préféré conquérir Kaloum avec une liste indépendante, sa victoire n’est pas sans rapport avec l’image que les Guinéens retiennent finalement de son père, le Président Ahmed Sekou Touré. Les Guinéens, 34 ans après sa disparition physique, constatent que la Gouvernance et la vie du père de l’indépendance ont été consacrées à la défense des intérêts du pays, au rayonnement international de leur pays etc et non à la cause personnelle
Le 03 avril 1984, à la prise du pouvoir par l’armée Guinéenne, deux éléments ont lourdement pesé en faveur de la grande popularité du CMRN, tomber du régime du PDG et negativement affecté l’image du feu Président Ahmed Sekou Touré, décédé le 26 mars 1984 et couvert des obsèques dignes des grands Hommes du siècle : les complots réels ou supposés et l’enrichissement personnel dont ont été accusés le père de l’indépendance Guinéenne et ses héritiers politiques et biologiques.
Une écrasante majorité de Guinéens et même de la communauté internationale ont adhéré à ces accusations réitérées durant de nombreuses années par les nouveaux Maîtres de Conakry et relayées à travers le monde dans les sommets internationaux ou lors des visites officielles des dignitaires dans les pays étrangers.
Durant de nombreuses années, le Guinéen et l’étranger ont eu le sentiment que les discours patriotiques et même panafricaniste du Président Ahmed Sekou Touré n’étaient que de simples discours, et que la vérité ou réalité était que L’HOMME du 28 Septembre 1958 a régné d’une main de fer, éliminé ses adversaires réels ou inventés que pour se servir à satiété des ressources du pays, enrichir sa famille et lui même avec des Comptes bancaires et des biens immobiliers dans de nombreux pays du monde. Aujourd’hui, 34 ans après sa mort et même bien avant, les Guinéens, qui ont le sens de l’observation et du discernement, semblent avoir compris et ont une toute autre lecture du régime du Président Ahmed Sekou Touré.
A ce jour en effet, aucun élément, aucun indice - petit soit il- n’a permis de donner un début de commencement de crédit à la principale accusation des militaires du 03 avril 1984 caricaturant le Président Ahmed Sekou Touré d’enrichissement illicite. Tout au contraire, les Guinéens se remémorent : les enfants du Président Ahmed Sekou Touré, comme ceux des guinéens ordinaires, ont bel et bien fréquenté les écoles Guinéennes parfois à l’intérieur du pays du primaire à l’université, aucun d’entre eux n’a bénéficié d’une bourse d’état pour l’étranger. Mme Camara Aminata Touré ou Mohamed Touré ont évolué dans les quartiers du pays avec des amis guinéens.
Après les difficiles moments qu’ils ont traversé durant la diabolisation de leur père, ils sont encore revenus au seul pays que leur illustre Père a aimé et ont repris à vivre avec les mêmes amis comme au temps de la puissance internationale du Président Ahmed Sekou Touré. Sans aucun signe d’extravagance ou de fanfaronnade qui a caractérisé l’éducation des enfants du Président Ahmed Sekou Touré.
Sur le plan de la Gouvernance, 60 ans après l’accession du pays à l’indépendance, le Président Ahmed Sekou Touré et son régime sont, pour les Guinéens, les acteurs de la fondation de l’Etat Guinéen et les uniques artisans des grandes infrastructures publiques existantes à ce jour : Palais du peuple, palais des Nations, Cité des Nations, Stade du 28 Septembre (l’unique encore du pays) et les stades régionaux aujourd’hui préfectoraux abandonnés, les Hopitaux nationaux et régionaux, l’université Gamal Abdel Nasser, les facultés dans chaque région ou préfecture du pays, l’aéroport Gbessia ( que les militaires ont inauguré ), l’école obligatoire jusque dans les villages les plus reculés.
Si l’école était obligatoire, l’emploi était garanti à tous les diplômés des établissements techniques et universitaires. Tous les services de l’Etat présents partout dans le pays: Justice, Police, Gendarmerie, Travaux Publics, PTT etc.La sécurité garantie partout sur le territoire national. Le moindre détournement de fonds publics était considéré comme un crime et sanctionné comme tel.
Autres temps, autres moeurs. Les entreprises et sociétés comme FRIGUIA, CBG, OBK, la SOGUIFAB, ENTA, LA SOGUILUBE, L’USINE DE TEXTILE, LA SCIERIE DE MACENTA, C0NSERVERIE DE MAMOU, L’USINE DE JUS DE FRUIT DE MAFERINYA, L’USINE DE THÉ DE MACENTA et bien d’autres étaient aussi la preuve éloquente de l’attachement et de l’intérêt du responsable suprême pour l’économie et le bien être des populations du pays au service duquel il a dédié sa vie.
C’est bien le Président Ahmed Sekou Touré qui a créé l’Armée, la Gendarmerie, la Police Guinéennes. C’est le régime du Président Ahmed Sekou Touré qui a construit tous les camps militaires dont dispose aujourd’hui la Guinée à Conakry et dans les préfectures : Almamy Samory Touré, Alpha Yaya Diallo, Mamadou Boiro, Soundjata, Kèmè Bourema et tous les autres à l’intérieur du pays. À cette époque, les compétitions sportives et culturelles inter-quartiers, inter-sections, inter-régionales ou inter écoles étaient la réalité de la jeunesse dont la scolarisation était une obligation non discutable. Sur la scène internationale, la stature et la posture du Président Ahmed Sekou Touré ont imposé le rayonnement et le respect de la Guinée dans le monde.
Le président de l’assemblée Nationale du Sénégal, Moustapha Niasse que j’ai eu l’occasion d’interviewé à Lomé et Dakar, en 2005, remerciait le Président Ahmed Sekou Touré de lui avoir permis de pénétrer la tombe de Notre Prophète Mahomet ( Paix et Salut Sur Lui) à la Mêcques. Habib Chatty, ancien Secrétaire Général de la Ligue Islamique a témoigné dans une parution de JA sur « l’absolu respect » et la grande influence dont avait le Président Ahmed Sekou Touré au sein de la UMMA Islamique et des pays arabes. Malheureusement, et sur le plan local et sur la scène internationale, aucun de ses successeurs, n’a pu faire mieux dans la grandeur internationale de la Guinée.
C’est du moins le constat des Guinéens qui observent ou subissent l’évolution de leur pays. En résumé, le Président Ahmed Sekou Touré, pour les Guinéens, était un Homme intégré dans la vie de son pays qu’il parcourait à longueur d’année infiniment beaucoup plus que tous ses successeurs. En ce qui concerne la cruciale problématique de ceux qui ont malheureusement perdu la vie durant les 26 ans de la première République, le regret est que nul successeur du Président Ahmed Sekou Touré n’a voulu ouvrir ou engagé le débat sur cette épineuse situation afin de situer les responsabilités, encore moins assurer à ces différentes personnalités une sépulture dont on a reproché à la première République de les avoir privée.
Mais, la vérité est que l’histoire prouve que Président Ahmed Sekou Touré ne s’est jamais enrichi sur la tête d’aucun de ces anciens compagnons disparus sous son règne. Pour les Guinéens, il fut un Président qui a profondément aimé la Guinée et défendu son pays de toutes ses force. Et comme reconnaissait l’un de ses plus ardents adversaires-critiques, l’ancien Président Sénégalais, Léopold Sedar Senghor, « le Président Ahmed Sekou Touré a été un patriote Guinéen et Africain ».
Si l’historique victoire de Mme Camara Aminata Touré aux communales dans la circonscription électorale de Kaloum peut également s’expliquer par le fait que les populations de la Commune de son enfance et de son adolescence, en particulier, et celles de Guinée, en général, ont, avec le temps, compris que la Gouvernance du Président Ahmed Sekou Touré a été consacrée à la défense des intérêts du pays, l’avènement triomphal de la tête de liste Yigui sur la scène politique nationaie va sans doute générer de nouveaux débats que la fille de son père devrait être en mesure d’affronter.
Par Abdoulaye Condé
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