Le danger qui guette les femmes guinéennes si des dispositions urgentes ne sont pas envisagées !
Pour la petite histoire, c’est à la fin des années 60 que ce phénomène de dépigmentation de la peau est apparu en Afrique. Et aujourd’hui, la Guinée est parmi les pays les plus touchés, car pour des raisons esthétiques, la femme de teint noir est en voie de disparition.
Changer la couleur de sa peau ! Pourquoi ? Cette question a sa réponse non seulement au niveau des femmes, mais aussi au niveau des hommes. Le phénomène de la dépigmentation n’a jamais cessé d’être décrié autant dans la presse que dans d’autres milieux. Cependant elle continue d’être pratiquée par certaines femmes particulièrement en Afrique subsaharienne. De l’intellectuelle à la lycéenne en passant par la ménagère, l’étudiante, les filles de maquis et autres serveuses de bars. Les marchands de crème de tout genre se frottent toujours les mains, tellement ces produits, qui sont utilisés en médecine pour traiter des cas de maladies allergiques, se vendent et s’achètent comme des petits pains. Ce phénomène, faut-il le souligner, prend de l’ampleur malgré la complexité des conséquences, avec une panoplie de danger pour la santé. Qui porte essentiellement sur l’hypertension, le diabète, les problèmes osseux, des difficultés lors des accouchements et d’intervention chirurgicale… Au-delà même de ces maux, la peau dépigmentée est souvent très vilaine à voir car ornée de brûlures de couleurs différentes, de cicatrices, d’odeurs puantes et difficilement respirables. Elles ne supportent plus les rayons solaires, et dans certains cas les allergies entrainent le pire. Selon une étude, la pathologie dermatologique serait la deuxième cause de mortalité après le paludisme. A la question donc de comprendre ce qui amène les femmes à se dépigmenter, certains n’ont pas hésité à dire qu’elles le font pour plaire aux hommes. Aux dires d’Aissatou Soumah, étudiante à l’Université de Nongo Conakry (UNC), ce sont les hommes qui préfèrent les filles aux teints artificiellement clairs. Au-delà de la complexité masculine, il y a la jalousie grandissante entre femmes, nous confie l’enseignante Madame Rougiatou Diallo avec un visage teinté de toutes les couleurs. Elle nous a fait savoir que partout où les filles et les femmes se mobilisent, elles ne font que poser des questions comme : Quelle pommade utilises-tu ? Tu l’as achetée à combien ? Où ? Quel effet peut-elle produire sur la peau… ? Ce sont-là, autant de questionnements qui se posent entre femmes lorsque l’autre commence à changer de couleur. A cause de cette jalousie, il n’est pas rare de voir des femmes acheter des crèmes dépigmentant à des prix exorbitants. Il y en a d’ailleurs de toute sorte et de tous les surnoms. Entre autres surnoms on peut citer demain c’est le baptême, cinq jours avant le mariage, thé vert, sept jours, 21 jours… Il faut aussi souligner qu’au-delà de la complexité tacite des hommes, il y a bien d’autres raisons qui amènent certaines femmes à changer de couleur. La recherche forcée de la beauté, pour plaire aux hommes ou pour être au-dessus de son semblable. Car elles estiment que la clarté de la peau reflète la beauté. C’est pourquoi, aujourd’hui les femmes au teint noir sont en voie de disparition et il n’est pas étonnant de rencontrer des femmes à deux ou trois couleurs de peau. Les plus malchanceuses se retrouvent avec un visage brûlé, des tâches et points noirs sur le corps, des vergetures sur les seins, la poitrine et les cuisses. Les utilisatrices se procurent ces produits sur les marchés où ils circulent sans aucun contrôle et sont proposés par des revendeurs dépourvus de toutes compétences médicales. Encore pour une énième fois, halte à toutes les utilisatrices de ces produits qui, non seulement affaiblissent le système immunitaire au point de le rendre vulnérable aux agressions externes, mais aussi de façon sommaire et dégoutante entraine la mort. A bon entendeur salut.
Ibrahim Kalil Diallo pour Journal de Guinée