C’est finalement le candidat de l’opposition, Adama Barrow, qui remporte l’élection présidentielle en Gambie avec 45,54 % des voix, selon les résultats officiels. Plus tôt, le président gambien Yahya Jammeh, qui dirige son pays d’une main de fer depuis 22 ans, avait reconnu sa défaite à la présidentielle face au candidat d’une coalition d’opposition, Adama Barrow, a affirmé vendredi la commission électorale, une annonce qui a créé la surprise. « Il est vraiment exceptionnel que quelqu’un qui a dirigé le pays aussi longtemps ait accepté sa défaite », a déclaré le président de la commission électorale, Alieu Momar Njie, aux journalistes, peu avant l’horaire prévu pour l’annonce officielle des résultats à la mi-journée, reportée plusieurs fois. Yahya Jammeh, arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1994, élu en 1996 puis largement réélu tous les 5 ans depuis, s’était dit certain d’une nouvelle victoire, et ses détracteurs lui prêtaient l’intention de n’accepter aucune autre issue. Il avait prévenu qu’il ne tolérerait aucune contestation des résultats dans la rue, mais exclusivement devant les tribunaux, assurant que la fraude était impossible. Depuis vendredi matin tôt, les forces de sécurité étaient déployées en masse à Banjul, la capitale de ce pays d’Afrique de l’Ouest.
La télévision d’État a indiqué à l’Agence France-Presse que Yahya Jammeh devait faire une déclaration dans la journée pour féliciter Adama Barrow. Le réseau internet et les communications téléphoniques internationales, qui avaient été coupés depuis mercredi soir afin d’empêcher la diffusion de résultats non officiels, ont été rétablis vendredi, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse. Le directeur de campagne du président sortant, Yankuba Colley, n’a pas souhaité se prononcer sur les résultats, mais a assuré que Yahya Jammeh les accepterait. « Quand les Gambiens rendent leur verdict, il le respecte », a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse.
Grande affluence
Trois candidats participaient à cette élection, ils sont tous âgés de 51 ans, étant nés en 1965, année de l’indépendance de cette ex-colonie britannique. Quelque 890 000 électeurs, sur près de 2 millions d’habitants de ce pays enclavé dans le territoire sénégalais, hormis sa façade atlantique, étaient appelés aux urnes jeudi, pour départager les trois candidats. Dès la fermeture des bureaux de vote, qui ont connu une grande affluence, a débuté le décompte des billes déposées dans les trois bidons de couleurs différentes – vert pour Jammeh, gris pour Barrow et violet pour Kandeh – un système de vote unique au monde.
AFP