La cheffe des démocrates au Congrès américain Nancy Pelosi a annoncé ce mardi 24 septembre l’ouverture d’une mise en accusation solennelle de Donald Trump. Le président américain est soupçonné d’avoir demandé à son homologue ukrainien d’enquêter sur son rival politique Joe Biden.
« Les actes du président jusqu’à ce jour ont violé la Constitution, a accusé la présidente démocrate de la Chambre des représentants. Aujourd’hui, j’annonce que la Chambre des représentants ouvre une enquête officielle en vue d’une procédure de destitution. »
Il s’agit de la première étape d’une procédure d’impeachment contre le président des États-Unis, que la Chambre des représentants accuse d’abus de pouvoir. La cheffe de la majorité démocrate à la Chambre, qui pendant des mois a refusé de s’engager sur cette voie, a finalement cédé.
L’affaire ukrainienne en question
C’est l’affaire du coup de fil entre Donald Trump et son homologue ukrainien, dont on connaitra la teneur exacte mercredi, qui a achevé de la convaincre. Elle exige aussi de connaitre le contenu de la plainte déposée par un lanceur d’alerte inquiet des agissements du président.
La Chambre va examiner si Donald Trump a cherché à obtenir l’aide de l’Ukraine pour acquérir des informations susceptibles de nuire à Joe Biden, favori dans la course à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de 2020. « Le président doit rendre des comptes. Personne n’est au-dessus de la loi », a souligné Nancy Pelosi.
Quelques heures avant, Joe Biden avait pris soin de se positionner sur une destitution du président. « Il est temps que l’administration cesse de faire blocage et procure au Congrès tous les faits nécessaires, y compris la copie de la plainte du lanceur d’alerte, a ainsi déclaré le candidat favori de la primaire démocrate. Et il est temps que le Congrès enquête de manière exhaustive sur la conduite de ce président. Le président devrait cesser de faire obstruction à cette enquête et à toutes les autres enquêtes sur ses supposés dysfonctionnements. »
► À lire aussi : Trump aurait gelé 400 millions de dollars d’aide pour faire pression sur Kiev
Une « chasse aux sorcières » pour Trump
Nancy Pelosi prend cependant un pari risqué. Ce n’est que le début d’une longue procédure qui risque de paralyser la campagne. Dans le même temps, la procédure n’a que très peu de chances d’aboutir puisque les démocrates n’ont pas la majorité au Sénat.
Elle risque de galvaniser les électeurs de Donald Trump qui s’estime victime d’une nouvelle « chasse aux sorcières de caniveau ». Il aura néanmoins plus de mal à refuser de transmettre au congrès les documents qui lui seront réclamés dans le cadre de cette enquête.
Peu après l’annonce de Nancy Pelosi, l’équipe du président a envoyé une rafale de messages appelant à verser des dons pour financer la défense de Donald Trump, rapporte notre correspondante à Wahsington, Anne Corpet.
La procédure d’impeachment se déroule en plusieurs étapes. La Chambre des représentants enquête et, s’il y a lieu, rédige et vote à la majorité simple des motifs de mise en accusation contre le président. Si la Chambre vote la destitution, le Sénat organise un procès. La décision de culpabilité est alors prononcée à la majorité des deux tiers.
rfi