Liberia : Faut-il craindre un scenario Guinéen au second tour ?
À moins d’une semaine de la date du second tour de la présidentielle au Liberia prévu pour ce mardi 7 Novembre 2017, les Libériens commencent à s’interroger maintenant sur le respect de ce rendez-vous crucial. En effet, même si aucun communiqué officiel n’a été rendu public pour annoncer ce report, tout porte à croire que l’on se dirige tout droit vers un tel scenario. C’est à dire, reporter la tenue du second tour à une date ultérieure, qui sera sans doute aux calendes grecques.
Cette éventualité n’est plus à exclure, d’autant plus que la cour suprême Libérienne compte bien examiner les recours déposés par Charles Brumskine arrivé troisième et Joseph Boakai arrivé deuxième.
Ces deux candidats exigent maintenant l’annulation du premier tour et la tenue d’un nouveau scrutin, car estimant que ce premier tour n’a pas du tout était transparente.
Toute chose qui risque d’entrainer un report de ce second tour, car la cour suprême s’engage déjà à auditionner la commission électorale sur son refus d’examiner ces deux recours.
En plus de ça, elle demande aussi à la même commission électorale d’arrêter toutes les opérations liées aux préparatifs du second tour.
Comme pour dire que les Libériens doivent encore garder leur patience, malgré les tensions qui commencent déjà à monter dans certaines agglomérations du pays. Surtout venant des partisans de George Weah, qui commencent à douter des éventuelles fraudes contre leur candidat.
QUEL RÔLE POUR L’UNION AFRICAINE ET LA CEDEAO ?
Justement à ce niveau, beaucoup d’interrogations restent encore sans réponse. L’arrivée hier à Monrovia d’une délégation de l’union Africaine conduite par son président en exercice, Alpha Condé ne semble pas s’inscrire dans une logique de transparence pour ce second tour.
Beaucoup d’observateurs soupçonnent cette organisation de prendre position en faveur du vice-président sortant, Joseph Boakai.
Ces velléités se sont largement répandues ces derniers temps dans le pays, et même au-delà de ses frontières dans la sous-région, où certains soupçonnent une ingérence du président Alpha Condé, qui pourrait éventuellement entrainer la répétition du scenario Guinéen de 2010 dans ce pays.
C’est à dire, aller de report en report, de compromis en compris jusqu’à compromettre la crédibilité du scrutin.
Ce qui favoriserait largement le candidat du pouvoir, Joseph Boakai au détriment du footballeur George Weah, qui semble être le parent pauvre de cette bataille électorale.
Comme d’ailleurs il en a été par le passé, en 2005 et en 2011 face à Elen Jonhson Searlif. C’est pour cette raison que ce scenario reste à prendre avec le plus grand sérieux.
D’autant plus qu’un report de ce second tour ne s’inscrivait nulle part dans la transparence du scrutin, mais plutôt une manœuvre pour activer la machine de fraude pour permettre à Boakai d’assurer la continuité de la gouvernance de Searlif.
QUELLES CONSÉQUENCES POUR UN TEL SCENARIO ?
Difficile pour l’instant d’en deviner, mais le moins que l’on puisse dire, le Liberia se dirige tout droit vers une crise postélectorale de grande envergure.
Les prémices de celle-ci restent visibles par endroit, avec les tensions qui commencent à monter dans certaines villes du pays, à commencer par la capitale Monrovia.
Toute chose qui démontre en partie l’urgence de cette situation, qui peut tout de même être gérée avant qu’elle n’explose au grand malheur du peuple Libérien, qui reste partagé entre peur et inquiétude.
Surtout quand on sait que ce pays a connu plus de deux décennies de guerre civile, sans pour autant parler aussi de la terrible crise sanitaire de 2014 causée par le virus Ebola, qui a entrainé la mort des milliers de personnes.
Ainsi, pour qui connait ces moments difficiles traversés par ce pays, comprendra largement que les Libériens n’ont plus besoin d’une nouvelle période de crise, qui pourrait basculer à une nouvelle guerre civile.
Mais toutefois, pour éviter une telle éventualité, les acteurs de ce processus doivent œuvrer pour la transparence de ce scrutin pour en fin éviter l’accumulation des frustrations.
Toute chose qui constitue un gaz fondamental pour la sauvegarde de la paix sociale dans ce pays, et dans la sous-région toute entière.
Mamadou Moussa Diallo pour Journal Guinée
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