RD Congo : Jusqu’où ira Joseph Kabila ?
Malgré les pressions de la classe politique Congolaise et les injonctions de la communauté internationale, rien ne semble arrêter l’homme fort de Kinshasa. En effet, après l’expiration de son second et dernier mandat le 19 Décembre 2016, Joseph Kabila semble bien gagner son pari contre la volonté de son peuple. Son engagement et sa détermination à rester au pouvoir en toute illégalité deviennent de plus en plus une réalité incontestable.
D’autant plus que chaque jour qui passe, il crée des situations artificielles pour en faire d’arguments justifiant la non tenue de l’élection présidentielle. Le dernier cas en date est intervenu cette semaine, lorsqu’il a refusé de respecter le délai constitutionnel de 90 jours pour convoquer le corps électoral.
Toute chose qui rend impossible la tenue de l’élection présidentielle d’ici le 31 Décembre prochain, conformément à l’accord politique signé au début de l’année. Comme pour dire que Kabila ne compte rien lâcher dans ses ambitions politiques, visant à rester à la tête de son pays pour plusieurs années encore.
Et ce, en dépit de tous les problèmes politiques et sociaux que le pays traverse ces derniers temps, surtout dans les régions provinciales du Nord et du Sud. Cette situation catastrophique, tant sur le plan politique que social se détériore chaque jour au vu et au su de la communauté internationale et au grand malheur du peuple Congolais.
SUR QUOI RÉSIDE SA FORCE ?
Face à une classe politique entièrement laminée, face à une société civile anéantie et surtout face à un peuple entretenu dans la misère et la pauvreté, Joseph Kabila a de quoi à se sentir fort. Fort dans ce sens que ses véritables adversaires politiques n’ont plus le poids pour l’inquiéter dans ses dérives autoritaires.
Après avoir réussi à amener le puissant gouverneur de l’Ithouri, Moise katoumbi en exile, l’opposition Congolaise est devenue finalement orpheline après la mort de son patron Etienne Tshissekedi.
Toute chose qui a laissé la voie libre à l’homme fort de Kinshassa, car tous les obstacles politiques qui pouvaient freiner son allure dictatoriale sont désormais supprimés. Etant donné que la société civile de son côté n’a plus de force, car elle a été anéantie largement par les manœuvres politiques du pouvoir.
C’est ainsi que ce grand pays de l’Afrique Centrale s’est retrouvé dans cette situation socio politique explosive sur toute la ligne. Ce qui justifie d’ailleurs dans une large mesure la dégradation de la situation sécuritaire dans le Nord et le centre du pays, plus particulièrement dans la province du grand Kassaï, où les violences ont fait plus de 500 morts en 10 mois.
QUELLES CONSÉQUENCES APRÈS LE MAINTIEN DE KABILA AU POUVOIR ?
Sans aucune ambiguïté, l’on s’achemine tout droit vers une modification de la constitution Congolaise. Une éventualité très probable, qui supprimera entièrement la limitation du nombre de mandats présidentiels.
Toute chose qui va réjouir Kabila, car ça sera l’aboutissement d’un long processus entamé depuis plusieurs mois maintenant. Ce qui de facto ouvrira la voie à une nouvelle période de dictature sans partage, dont la fin restera inconnue, car seule la mort de Kabila tournera enfin la page de cette donne.
Mais toutefois, vu l’état actuel de l’économie Congolaise, tout porte à croire que le maintien de Joseph Kabila au pouvoir ne fera qu’aggraver le problème. D’autant plus que le Congo ne résistera pas à un isolement international, car son développement socioéconomique dépend en grande partie de l’aide internationale.
Comme pour dire que le forcing de Kabila va sans doute détériorer encore d’avantage la situation économique de ce pays. Ce qui va forcément se répercuter également sur la situation sociale, une situation déjà dramatique, marquée par le retour des rebelles dans les provinces du Nord et du Sud, près de la frontière avec le Burundi voisin.
Et ce n’est pas tout, même si la force de l’opposition semble être réduite, il faut tout de même craindre que les manifestations et les villes mortes organisées à Kinshasa ne se transforment en révolte populaire.
Car l’accumulation des frustrations a toujours été source d’insurrection à des moments inattendus par fois. L’exemple du Burkina Faso en 2014 reste toujours dans les annales de l’histoire, même si le contexte Congolais est largement différent de celui Burkinabé.
Mais de toutes façons, ce qui prévaut actuellement dans ce pays risque bien de basculer en guerre civile, si toutefois l’union Africaine ne prend pas ses responsabilités pour rappeler Kabila à l’ordre. C’est aussi une mauvaise leçon qu’il est entrain de véhiculer aux autres dirigeants du continent, qui entretiennent des velléités d’un troisième mandat à la tête de leurs pays.
Mamadou Moussa Diallo pour Journal Guinée
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