Sommet Afrique-Europe d’Abidjan : Les enjeux de la gouvernance sur le continent !
Ce mercredi 29 Novembre 2017, marque le début du 5e sommet union Africaine et union Européenne dans la capitale Ivoirienne, Abidjan. Une rencontre qui intervient dans un contexte socio politique assez complexe, tant pour les Africains que pour les Européens. Car en effet, entre crise migratoire et problèmes de gouvernance démocratique, les chefs d’Etats qui se retrouvent à Abidjan auront du pain sur la planche, d’autant plus que les défis à relever restent encore nombreux à l’interne. Nombreux dans ce sens qu’au-delà de la question phare relative à la vente des migrants en Libye, plusieurs pays du continent restent en ce moment secoués par des crises socio politiques de grande envergure.
Ce sont notamment, la Guinée dont le chef de l’Etat assure déjà la présidence en exercice de l’union Africaine jusqu’à la fin de cette année, mais également le Togo et la RD-Congo, deux pays où les chefs d’Etats sont décriés par une bonne partie de leurs peuples.
En plus de ça, la question de l’alternance démocratique constitue aujourd’hui un véritable problème dans certains pays du continent, ce qui menace sérieusement la stabilité socio politique de ces pays. C’est ainsi, vu toutes ces situations de crise, l’on serait en mesure de s’interroger sur la manière dont les chefs d’Etats aborderont ces sujets, qui ne tarderont pas un seul instant de fâcher les principaux concernés.
DE LA VENTE DES MIGRANTS EN LIBYE !
Inscrit à la une des discussions, les premières conclusions à ce niveau laissent naitre un certain espoir. Si toutefois les paroles sont liées aux actes sur le terrain, c’est à dire engager rapidement le programme de rapatriement des migrants qui vivent un calvaire dans ce pays de l’Afrique du Nord.
Toujours est-il que, la mise en place d’une force conjointe entre l’Afrique et l’Europe, non pas pour aller faire la guerre en Libye, mais plutôt pour contrer les bandes de passeurs criminels constituerait dans l’avenir une solution efficace.
Car ces passeurs sont le plus souvent en complicité avec les rebelles qui se permettent de revendre ces migrants en leur infligeant toute sorte de traitement inhumain. Mais toutefois, l’autre point fondamental et non négligeable qui permettra de lutter contre l’afflux migratoire, est sans doute la promotion de l’emploi jeune dans les pays de départ.
Car en effet, la plupart des jeunes qui prennent la route de l’Europe via la méditerranée, partent pour la plupart à la recherche du bien-être. Ce qui suppose que les dirigeants Africains doivent encore améliorer la bonne gouvernance pour favoriser l’emploi jeune dans leurs pays respectifs. Toute chose qui constitue dans l’avenir un gag fondamental pour leur développement socioéconomique.
Mais vu la conjoncture économique actuelle de ces pays, il ne sera pas facile d’atteindre cet objectif majeur sans une aide des grandes puissances, à travers une coopération économique juste et équitable.
QUAND SERA T-IL DES CRISES SOCIO POLITIQUES DANS CERTAINS PAYS ?
Justement voilà la question du fâche. Reste maintenant à voir si les chefs d’Etats aborderont ce sujet en profondeur, pour rappeler les présidents concernés à l’ordre. C’est le cas notamment de Faure Gnassingbé du Togo ou encore de Joseph Kabila du Congo. Au Togo tout d’abord, il est plus qu’imminent aujourd’hui que l’union Africaine prenne cette situation au bras le corps, et ce, pour éviter qu’elle n’explose au grand malheur du peuple Togolais qui n’aura que ces yeux pour pleurer.
Il en est ainsi, d’autant plus que l’hypocrisie ou la démagogie ne peut plus régler cette crise, qui, du jour au lendemain s’enfonce dans le trou. C’est raison pour laquelle il est important voire nécessaire que l’union Africaine et l’union Européenne adoptent une attitude beaucoup plus ferme face au président Gnassingbé, qui fait toujours la sourde oreille face à la revendication de son peuple.
Même chose du côté de Kinshasa, où l’homme fort Joseph Kabila s’éternise au pouvoir sans aucune légalité, encore moins de légitimité au vu et au su du monde entier. Une situation qui semble bénéficier d’une complicité totale de certains dirigeants du continent, et même du côté de l’Europe.
Car les réactions contre la dictature imposée par Kabila ne semblent pas porter fruits sur le terrain, surtout celles venues de l’union Africaine. Comme pour dire que les Africains sont en grande partie responsable des crises qui minent leurs pays, car la plupart des dirigeants préfèrent gouverner par la force et non par la loi.
Une pratique, qui, en réalité est largement appuyée par certains pays occidentaux, pourvu que ces dirigeants protègent leurs intérêts à l’interne. L’exemple du Congo Brazza reste une parfaite illustration, où le président Sassou nguesso a récemment bénéficié d’un soutien total de François Hollande lorsqu’il a décidé de modifier la constitution de son pays, pour enfin briguer un autre mandat de plus.
Cette attitude du président Français à l’époque avait été dénoncée sur toute la ligne, mais cela n’a pas empêché le principal concerné à rester au pouvoir, étant donné qu’il reste un poids lourd de la France-Afrique.
DE LA SITUATION EN GUINÉE !
Bien évidemment, il est inconcevable aujourd’hui d’aborder la problématique de la gouvernance en Afrique sans toucher celle de la Guinée. Ainsi, en dehors des velléités d’un troisième mandat de plus toujours entretenues par l’actuel président en exercice de l’union Africaine, M.Alpha Condé comme c’est de lui il s’agit, est passé ces derniers temps à une vitesse sans précèdent dans ses dérives autoritaires.
Car en effet, il engage désormais un véritable bras de faire avec la presse privée de son pays, en menaçant ouvertement de fermer toute radio qui diffuserait un communiqué du syndicaliste, Aboubacar Soumah. Mais toutefois, en se réfèrent à toutes les dérives que son régime a infligé à la presse privée Guinéenne par le passé, l’on peut bien comprendre sans vouloir même se tromper que ses dernières menaces ne sont qu’une suite logique de sa politique de musèlement de la presse.
Ainsi, journalistes bastonnés par la gendarmerie de Matam, radios fermées par la Hac, il n’en fallait pas mieux pour la gouvernance d’Alpha Condé de rappeler aux Guinéens que la liberté d’expression n’existera pas dans une dictature. Ce qui est plus que gravissime, d’autant plus M.Alpha Condé réclame toujours le titre de l’opposant historique, premier président démocratiquement élu de l’histoire de la Guinée, mais, qui, en réalité constitue aujourd’hui la plus grande menace contre les principes démocratiques.
C’est ainsi, face à cet état de fait, il est important que les dirigeants Africains et Européens se penchent sur cette situation qui prévaut actuellement en Guinée. Il faut qu’ils l’interrogent non seulement sur ses ambitions nourries pour un troisième mandat, mais également et surtout sur sa volonté affichée de tuer la liberté d’expression dans son pays. Mais comme nous pouvons l’imaginer déjà, cette tâche sera au tant difficile que certains hésiteront même de l’aborder, surtout ceux qui entretiennent les mêmes pratiques dans leurs pays.
Par ailleurs, malgré que la situation soit réellement grave pour l’avenir de la démocratie en Guinée, les Etats Européens et particulièrement la France font parfois semblant de ne rien voir. Car en réalité, il ne sert absolument à rien de protéger un régime dans ses dérives autoritaires contre son peuple, qui n’a que ses yeux pour pleurer.
Mamadou Moussa Diallo pour Journal Guinée
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