L’exposition universelle ouvre ses portes à Milan
L’Exposition universelle s’ouvre à Milan ce vendredi 1er mai. Plus de 140 pays seront représentés dans 53 pavillons internationaux. Pendant six mois, jusqu’au 31 octobre 2015, les visiteurs pourront se balader dans les allées et découvrir le thème de cette année : « Nourrir la planète, Energie pour la vie ». L’inauguration de l’événement se déroulera sous tension, son coût et son fonctionnement faisant l’objet d’une large contestation.
Avec notre envoyée spéciale à Milan,Anne Tréca
A Milan, le pavillon français est une gigantesque halle de marché ouverte au vent. Des formes douces, comme un paysage vallonné. Une construction entièrement en bois du Jura. Mais avant d’y entrer, le visiteur parcourt d’abord un potager : du maïs, des tomates, des pommes de terre, de la vigne, des bananiers. Un jardin agricole conçu par Thierry Lavergne, paysagiste, qui ne lâche pas des yeux ses jeunes pousses. « On produit tous les systèmes agricoles français, explique-t-il. L’intérêt de ce jardin, et c’est certainement le seul jardin de l’exposition qui montre cela, c’est la diversité des systèmes agricoles français ».
Dans le pavillon, à la veille du jour J, c’est encore un chantier. Et c’est bruyant. Les ouvriers sont en plein travail. Pour comprendre, il faut lever les yeux. L’exposition est installée dans les alvéoles de la voûte. Une idée d’Adeline Risal, scénographe : « Nous avons des alvéoles remplies de végétaux qui sont pendus la tête en bas. On a des bandes comme ça de lavandes, on a une bande de lin. A l’autre bout, on a des produits de l’agro-industrie qui sont faits avec des déchets de l’agriculture. Par exemple du chanvre avec lequel on va faire des bottes ou du lin avec lequel on va faire des raquettes de tennis ou une planche à voile. Et ça c’est très important parce que c’est un nouveau développement de l’agriculture. C’est une manière de ne pas gaspiller, de recycler et de développer également les revenus des agriculteurs.»
Mais avant de parler d’avenir, il faut affronter le présent. Faire que tout soit prêt dès aujourd’hui. Et vu l’avancement des travaux, ce sera déjà une très grande réussite.
Des dépenses critiquées en Italie
Si cet évènement est très attendu, ses retombées économiques sont discutées. Les opposants à l’exposition universelle ont lancé ce mercredi cinq jours de protestation pour dénoncer le gaspillage de l’argent public.
La raison de ces manifestations, c’est le montant du budget consacré à l’Exposition universelle. 3,02 milliards ont été investis, dont 1,02 milliard euros d’argent public, et 1 milliard des pays étrangers participants. Il faut rajouter à ça près de 900 millions d’euros de coût de gestion.
Des investissements jugés inutiles par les nombreux et divers opposants, en pleine crise économique, quand le chômage touche près d’un jeune sur deux en Italie. Ils dénoncent les infiltrations mafieuses du chantier, les contrats de travail précaires des employés , et aussi les multinationales comme Coca Cola ou Mac Donald, qui sponsorisent l’événement… dédié à l’alimentation de qualité pour la planète.
Certains sont accusés d’avoir déjà fait leurs affaires. Un scandale de corruption, révélé l’année dernière, a entaché l’image de l’événement. Sept personnes ont été arrêtées, soupçonnées d’avoir facilité l’attribution de certains marchés publics contre des pots-de-vin.
Malgré tout, les autorités italiennes se veulent confiantes. Pour Giuseppe Sala, le commissaire de l’événement, les retombées économiques attendues pour l’Italie sont de 5 milliards d’euros simplement pour le secteur touristique. Selon le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, 10 millions de billets ont déjà été vendus. Mais pour équilibrer les comptes de l’événement, il faudra encore en vendre 14 millions supplémentaires.
La crainte de débordements
Les Milanais redoutent des violences et voir une ville saccagée ce vendredi. Les opposants à l’exposition sont mobilisés et les hostilités ont déjà commencé. Hier un millier d’étudiants ont défilé dans le centre ville. Avec des extincteurs remplis de peinture ils ont tagué les banques, les agences de travail temporaire, des dégradations mais pas d’incidents majeurs.
La tension va monter d’un cran dans la journée. Les Anonymous ont attaqué cette nuit le site de réservation des billets. La ville se remplit de contestataires venus de toute l’Italie et de l’étranger. Depuis lundi, une petite trentaine de Français et d’Allemands ont été interpellés en possession de marteaux brise-vitre ou de cocktails molotov. La panoplie du parfait émeutier. Pour le défilé du 1er Mai, les forces de l’ordre se préparent à devoir encadrer jusqu’ 30 000 personnes et, parmi elles, les fameux black blocks, ces casseurs professionnels qui infiltrent les manifestations pour faire de la guérilla urbaine.
RFI