En janvier dernier, Regina Catrambone et son mari ont acheté le bateau et les premières opérations ont été lancées sept mois plus tard. Depuis, nous avons aidé 2 200 personnes au cours de différentes opérations. Et à quatre ou cinq reprises, la situation était telle que nous avons fait monter les migrants sur la station.
Nous opérons en totale coordination avec les équipes officielles de sauvetage en Italie et à Malte. Il arrive aussi que nous tombions nous-mêmes sur des embarcations en péril, auquel cas nous en informons directement les employés de la centrale de sauvetage en charge de la zone. Ces derniers nous contactent quand ils repèrent un bateau dans une situation difficile et nous donnent toutes les indications nécessaires. Ensuite, nous naviguons vers la zone mais nous pouvons aussi utiliser les drones pour mieux localiser les embarcations. Dans l’attente des équipes de sauvetage, nous analysons la situation en envoyant d’abord un canot de sauvetage puis on transfère les informations sur le nombre de personnes et l’état des passagers aux autorités, qui nous donnent les instructions à suivre.
Photo envoyée par la fondation.
Lors de notre première intervention, le 30 août, nous avons fait monter plus de 300 personnes à bord car quand nous sommes arrivés leur bateau prenait l’eau. C’était essentiellement des Syriens et des Palestiniens. Une autre fois, un jerrican de fuel avait fuit dans le bateau et tous les migrants avaient les vêtements imbibés d’essence. En général, les problèmes arrivent dès les premières heures de navigation. On est tombé sur des embarcations parties depuis plus de 48 heures et qui ne faisaient que dériver.
Notre premier réflexe, c’est de distribuer des gilets de sauvetage. S’ils ne montent pas sur notre bateau, on distribue de l’eau et des biscuits. S’ils montent à bord, on identifie les personnes les plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants. Une fois sur la station, on les rassemble par groupes, enfants, femmes, hommes et l’équipe médicale commence à les ausculter, [les problèmes de santé les plus fréquents sont des fièvres, le paludisme ainsi que des fractures osseuses]. Le maximum de temps qu’un groupe de migrants a passé sur notre bateau c’est 30 heures.
» Notre rôle est humanitaire. Il s’arrête lorsque nous avons remis les migrants aux autorités compétentes »
Dans tous les cas, notre rôle s’arrête lorsque nous les avons remis aux autorités compétentes. Nous sommes tout à fait au courant des lois européennes en matière d’immigration [amener les migrants à terre pourrait être assimilé à de l’aide à l’immigration illégale, NDLR]. Évidemment notre rôle n’est pas d’essayer de savoir qui est passeur ou autre. Nous considérons que la vie est sacrée et faisons tout pour en sauver le maximum.
Photo envoyée par la fondation.
Moas a montré de quoi une initiative privée était capable. Nos fondateurs n’ont pas attendu de trouver des fonds extérieurs pour se lancer. Ce dont il faut être conscient, c’est que cette crise sans précédent, due notamment à la guerre en Libye, ne va pas s’arrêter. Et pour poursuivre sa mission, Moas a besoin de lever des fonds.