Avec la présence de Cuba, le sommet des Amériques est déjà historique
Le sommet des Amériques, qui s’ouvre ce vendredi au Panama, peut déjà être qualifié d’historique car c’est la première fois que Cuba sera présent. Le point d’orgue de cette réunion entre 35 chefs d’Etats sera la rencontre entre les présidents américains et cubains. Pour l’instant, les deux parties se gardent bien d’en préciser l’agenda.
Une poignée de main ? Un tête-à-tête ? Pour l’instant, on ne sait pas comment Raul Castro et Barack Obama vont officialiser le rapprochement entre leurs pays, impensable il y a encore quelques années. Les deux présidents s’apprêtent à tourner définitivement la page de la Guerre froide.
En attendant, l’événement a été précédé jeudi 9 avril au soir par une rencontre - déjà historique - entre le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodriguez, premier entretien entre responsables des deux pays de ce niveau depuis des décennies.
L’idéologie a cédé le pas à un réalisme politique basé sur des stratégies économiques. Les Etats-Unis qui avaient délaissé leur ancien pré carré au profit de l’Asie-Pacifique souhaitent y reprendre une place. Les agro-industriels américains font pression depuis plusieurs années pour la levée de l’embargo.
Tractations secrètres
Comme Paris ne s’est pas faite en un jour, le rapprochement américano-cubain ne date pas d’hier. Les tractations secrètes entre Washington et La Havane ont commencé en 2013. Des rencontres de haut niveau se sont déroulées au Canada, avec une médiation particulière du Vatican.
Elles ont débouché sur la libération de prisonniers politiques de part et d’autre. Annoncé le 17 décembre simultanément par Raul Castro et Barack Obama, cet accord a surpris tout le monde. Les deux présidents se sont déclarés prêt à rétablir les liens diplomatiques entre leurs pays.
Depuis, il y a eu trois rencontres officielles à La Havane et Washington. Certaines sanctions envers Cuba ont été levées. Mais il reste encore de nombreux obstacles, à commencer par la levée totale de l’embargo, que seul le Congrès américain peut décider.
Obama, soucieux de laisser un héritage politique, aurait souhaité voir flotter les drapeaux américains et cubains sur les ambassades respectives avant l’ouverture du sommet des Amériques. Il n’y est par parvenu. Mais il a enclenché le processus, et redoré son image en Amérique latine.
RFI