Bientôt la confirmation d’une vie extraterrestre?

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Selon certains scientifiques, fortement contestés, le robot Philae (en bas à gauche) aurait réussi à recueillir des indices montrant la présence de micro-organismes vivants sur la comète Tchouri.AFP PHOTO / ESA/Rosetta/Philae/CIVA

De nouvelles découvertes alimentent les spéculations concernant la présence d’une vie extraterrestre, ne serait-ce qu’à l’échelle microscopique. Mais si les informations font rapidement le tour du web, elles n’en sont pas moins sujettes à caution, voire farouchement démenties par une partie de la communauté scientifique, qui regrette cet emballement médiatique.

C’est un alignement de planètes très étrange. Dans un premier temps, les découvertes transmises par le brave petit robot Philae ont montré la présence d’une croûte noire à la surface de la comète Tchouri. Pour le scientifique Chandra Wickramasinghe, adepte de la théorie « pollinisatrice » des comètes - qui veut que les comètes et leurs composés soient à l’origine, par collision, de l’apparition de la vie sur Terre -, cette substance, qui se recompose régulièrement, ne peut s’expliquer que par la présence de micro-organismes vivants. D’autant que la comète, comme l’a également rapporté Philae, comporte également de l’eau à l’état de glace, a précisé le scientifique début juillet, lors d’une conférence de presse. Un avis partagé par Mark Willis, de l’université de Cardiff, pour qui la comète est « le siège de phénomènes géologiques et pourrait se révéler plus hospitalière aux micro-organismes que l’Arctique et l’Antarctique ».

À peine trois semaines après ces déclarations fracassantes, la localisation révélée par la Nasa d’une exoplanète (située en dehors du système solaire) dans une « zone habitable », a de nouveau agité le monde scientifique. Kepler-452b - du nom du télescope spatial Kepler qui l’a découverte -, orbite autour d’une étoile un peu plus grosse que notre soleil, et est située à « seulement » 1400 années-lumière de notre planète. Elle a un rayon 1,6 fois plus important, et serait pour le moment -compte tenu de sa distance par rapport à son étoile- l’une des plus sérieuses candidates au titre de « cousine de la Terre ».

Planète rouge

Autant de découvertes qui surviennent après de nouveaux indices recueillis par la sondeCuriosity en avril dernier, confirmant (presque) la présence d’eau sous forme liquide sur Mars. Un élément propice, mais pas suffisant cependant à la formation de la vie, selon les scientifiques, qui estiment l’atmosphère martienne soumise à des rayonnements cosmiques trop importants. Pour donner à la vie une chance de pouvoir exister, différents éléments - outre la présence d’eau liquide en quantité suffisante - sont en effet nécessaires, comme l’existence d’une atmosphère suffisamment protectrice, d’une masse de la planète suffisante (mais pas trop importante), et probablement d’une litosphère (surface terrestre solide). Reste que les observations effectuées démontrent que les quantités d’eau sur la planète rouge chère à Ray Baradbury ont été beaucoup plus importantes par le passé. Une mission lancée par l’ASE en 2018, devrait envoyer un nouveau rover pour prélever des échantillons à près de 2m sous la croûte martienne, pour observer si des traces de vie passée peuvent y être constatées.

À un gros saut de puce de Mars, Titan, une lune de Saturne, est fortement suspectée depuis peu de contenir d’immenses masses d’eau liquide, voire d’un océan souterrain. Selon certaines publications scientifiques, ce satellite devrait pouvoir héberger une vie extraterrestre microbienne, ou en tout cas en proposer un environnement propice à son développement, voir à celui de formes de vie plus évoluées. Et il en irait de même pour d’autres corps célestes de notre système solaire, comme Europe, satellite de Jupiter, autre candidat très sérieux au titre de potentiel réservoir de vie extraterrestre, et qui devrait recevoir d’ici une décennie la visite d’une nouvelle sonde de la Nasa.
Curiosity sur la planète Mars, le 6 février 2014.REUTERS/NASA

Communication

La perspective d’une existence hors de notre planète - fusse-t-elle à une toute petite échelle - devient donc de plus en plus plausible et certaines sommités de la science en prédisent déjà une confirmation toute proche. « Je pense que nous allons au-devant de fortes indications de la vie autrement que sur Terre d’ici une dizaine d’années, estime ainsi Ellen Stofan, qui travaille sur les programmes d’explorations des planètes à la Nasa, et je crois que nous en aurons la preuve définitive dans 20 à 30 ans. »

Pour la scientifique en chef de l’agence américaine, cette concordance de découvertes n’est d’ailleurs pas liée au simple hasard, mais à l’évolution technologique : « Nous savons où chercher, nous savons comment chercher et, dans la plupart des cas, nous avons la technologie pour le faire. »

Breakthrough Inititative

La mise sur pied du programme Breakthrough Inititative, proposé par le célèbre physicien et cosmologue Stephen Hawking, le 20 juillet dernier, va encore plus loin. Revenant sur ses réticences antérieures (il avait par le passé déjà affirmé que les aliens existaient, mais qu’il fallait éviter d’entrer en contact avec eux), le génie des mathématiques soutient désormais ce projet doté de 92 millions de dollars qui consiste à utiliser les capacités des plus puissants télescopes pour rechercher la preuve d’une intelligence artificielle.

Le professeur Stephen Hawking, lors de la présentation du plan de recherche d’une intelligence extraterrestre, à Londres, le 20 juillet 2015REUTERS/Neil Hall

Un projet qui consiste également à envoyer un message – issu d’un concours lancé à l’échelle mondiale – pour représenter au mieux ce qu’est l’espèce humaine. « De toute manière, il n’est pas de plus grande question, a précisé le scientifique, lors du lancement de ce programme devant la très sérieuse Royal society of science à Londres. Il est temps de s’engager à trouver la réponse, de rechercher la vie au-delà de la Terre. Il faut que nous sachions. »

Informations péremptoires

Inutile de préciser que sur la planète internet, les utilisateurs de réseaux sociaux s’en donnent à cœur joie, et que les centaines de milliers de sites et de blogs – des plus sérieux aux plus farfelus –, consacrés à l’existence de la vie extraterrestre, bruissent d’informations les plus diverses. Il convient par conséquent se concentrer un peu sur les faits, d’autant que certaines affirmations mal ou non vérifiées circulent, que les scientifiques ont toutes les peines du monde à démentir, une fois qu’elles ont été propagées.

Longtemps considérée par nombre de sites complotistes comme cultivant le culte du secret, la Nasa est en effet aujourd’hui dénoncée a contrario pour ses coups de « com » et sa promptitude à dévoiler des informations de façon péremptoire, qui agacent de plus en plus les scientifiques.

Ainsi Kepler-452b est certes une découverte très intéressante, mais la probabilité pour qu’elle soit rocheuse n’excède pas les 50%, selon la Nasa elle-même. Impossible donc d’avoir, pour le moment des informations sur la présence ou non d’atmosphère, ni même sur la masse de la planète, même si, selon les techniciens de l’agence, ces informations devraient progressivement être enregistrées. En outre, si les hypothétiques « Képlériens » devaient un jour recevoir un message de notre part, ce ne serait pas avant 3000 ans, vu la distance qui nous sépare de notre « cousine ».

Philae ne répond plus

Même chose pour ce qui concerne notre pauvre petit Philae, qui ne répond plus pour le moment. Les conclusions un peu hâtives de Chandra Wickramasinghe et Mark Willis - très largement déconsidérés (doux euphémisme) au sein de la communauté scientifique - ont en effet été largement démontées par un ingénieur de la mission Rosetta, responsable du matériel d’exploration chimique de la comète. Selon Uwe Meierhenrich, cité par le magazineSciences et Avenir, « le consensus est que les composés carbonés détectés ont une origine géochimique et pas biologique. Aucun scientifique travaillant sur la mission Rosetta n’envisage la présence de micro-organismes sous la surface de la comète. »

Quant à l’initiative proposée par Stephen Hawking, elle est bien sûr encore plus contestée, car suppose une intelligence et une capacité technique extraterrestre très développée, ce qui est loin de convaincre, on s’en doute, les plus optimistes des chercheurs.

Progrès technologiques

Ces réponses, même fondées, ne sont cependant pas suffisantes pour décourager les partisans de l’existence d’une vie extraterrestre. Et ils n’ont pas tort. Les progrès technologiques ne cessent de s’améliorer, permettant d’aller encore plus loin dans la structure des objets célestes . Dans quelques années, le telescope Kepler devrait laisser sa place à un observatoire spatial également capable de repérer des planètes appartenant à d’autres systèmes solaires. La mission Plato, sera lancée en 2024 par ASE. Mais beaucoup attendent surtout le successeur du telescope-sattelite Hubble, qui sera lui remplacé par un monstre, le James Webb Space Telescope, si puissant qu’il pourrait percer le mystère des atmosphères des exoplanètes.

Quand aux amateurs des petits hommes verts, il est bien impossible de les en faire démordre. Pour nombre d’entre eux, la vérité sera toujours ailleurs…

RFI