Conseil de coopération du Golfe: un sommet sous tension à Washington
Le président Obama a invité ses pairs arabes membres du Conseil de coopération du Golfe à la Maison blanche mercredi 13 mai avant de les retrouver ce jeudi en sommet à Camp David, au nord de Washington. L’objectif est de mettre au point une stratégie commune pour la région et de rassurer sur les négociations avec l’Iran mais les choses s’annoncent plutôt difficiles car seuls deux monarques, ceux du Koweit et du Qatar sur les six monarchies ont fait le déplacement.
Depuis l’annonce officielle faite par le cabinet du roi Salman expliquant que l’application du cessez-le-feu au Yémen l’obligeait à rester dans son pays, Washington et Riyad ont multiplié les déclarations sur les relations inaltérables entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite, rappelle notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio. Barack Obama a appelé le roi Salman et le ministre saoudien des Affaires étrangères a fait le tour des télévisions américaines pour expliquer qu’il n’y a aucun malentendu entre les deux pays. Mais rien n’y fait : les observateurs ne peuvent s’empêcher de penser que le souverain saoudien marque, par son absence, son scepticisme sur ce que les Etats-Unis vont proposer lors de ce sommet. L’Arabie saoudite y est finalement représentée par ses deux hommes forts du moment : le prince héritier et ministre de l’Intérieur, Mohammed Ben Nayef, et le fils du roi, Mohammed ben Salman, troisième dans l’ordre de succession et également ministre de la Défense.
Des garanties sur le soutien américain
L’absence du roi Salman d’Arabie saoudite au sommet entre Washington et les pays du Golfe s’explique par des divergences entre Riyad et son traditionnel allié américain sur la stratégie vis-à-vis de l’Iran, le principal rival régional des monarchies arabes. L’accord négocié avec les Européens sur le nucléaire iranien inquiète. Les pays du CCG demandent des des preuves tangibles du soutien américain et ont émis plusieurs souhaits.
Le premier est un traité de défense, mais sur ce point, ils ont eu une fin de non recevoir. La Maison blanche le confirme : il n’est en effet pas possible de signer un tel traité avec les pays arabes, sans se fâcher avec Israël. Le Congrès, à majorité républicaine, ne le voterait pas, de toutes les façons.
Contre l’Iran
Reste l’aspect psychologique et, selon Robert Malley, c’est un aspect important. Les pays arabes du Golfe « veulent savoir si nous seront vraiment avec eux, à cause de cette idée que l’Amérique est en train de changer de direction, ou qu’elle ressent une sorte de fatigue », déclare le responsable des dossiers Moyen-Orient, Golfe et Afrique du Nord à la Maison blanche. Les pays du Golfe veulent un engagement américain clair, en cas d’accord avec l’Iran. Concernant l’Iran, « ils ont un faisceau de préoccupations, poursuit Robert Malley : est-ce qu’après un accord nous tournerons le dos à nos alliés traditionnels ? Est-ce que les relations vont se normaliser avec l’Iran, [est-ce que] l’accord va donner plus de puissance à l’Iran… [est-ce que] nous pensons que l’Iran va s’amender… et ils n’y croient pas.Et ce sont des points sur lesquels le président [Obama] a été clair : c’est justement parce que nous pensons que l’Iran continue de déstabiliser la région que nous voulons les empêcher d’avoir une bombe nucléaire ».
Les monarchies arabes redoutent qu’un accord sur le droit à l’Iran de traiter de l’uranium à des fins civiles ne soit qu’un subterfuge et que Téhéran se dote finalement de l’arme nucléaire. Elles redoutent également que l’Iran une fois l’accord conclu avec les Etats Unis, renforce l’influence régionale de Téhéran. Une influence qualifiée de «nocive» au Yémen, enIrak et en Syrie. Elles ont besoin d’être rassurés sur la ligne suivie par Washington, sur le fait que les Etats-Unis ne se détourneront pas de leurs alliés traditionnels, et c’est l’objet de ce sommet.
RFI