Guantanamo: un général américain convoqué par la justice française

Guantanamo: un général américain convoqué par la justice française

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Le général Geoffrey Miller, en mai 2004, en Irak.AFP PHOTO / POOL / ANJA NIEDRINGHAUS

La cour d’appel de Paris a ordonné ce jeudi 2 avril la convocation du général - en retraite - Geoffrey Miller, l’ancien commandant de Guantanamo, responsable du camp de novembre 2002 à avril 2004. Une décision qui répond à la demande de deux anciens détenus français de la prison américaine située sur l’île de Cuba. Ils en étaient sortis en 2005 et avaient ensuite porté plainte pour détention arbitraire et torture.

Nizar Sassi et Mourad Benchellali avaient porté plainte en France il y a plusieurs années pour détention arbitraire et torture, et une enquête est en cours.

En 2014, deux juges avaient rejeté la demande d’audition de l’ex-commandant, soumise par les deux hommes. Ces derniers avaient été arrêtés en Afghanistan par l’armée américaine avant d’être transférés vers la prison de Guantanamo sur l’île de Cuba, où ils ont été respectivement détenus de fin 2001 à 2004 et 2005. Ils viennent donc d’être entendus par la cour d’appel de Paris.

Pour l’avocat des plaignants, William Bourdon, la cour « constate d’abord que ce sont des crimes d’une très grande gravité parce qu’il s’agit de séquestrations illégales sur une très longue période, de crimes de tortures, de mauvais traitements condamnés par une grande partie de la communauté internationale. »

Le Pentagone renvoie vers les rapports officiels

Le Pentagone, de son côté, n’a pas voulu s’exprimer sur le cas du général Miller, et s’est contenté de renvoyer aux rapports officiels américains relatifs aux mauvais traitements qui ont eu cours dans la prison cubaine, et qui n’ont pas débouché sur des sanctions contre ce haut gradé.

Reste à savoir si le général Geoffrey Miller se rendra à sa convocation. Ce n’est pas certain, pense l’avocat de Nizar Sassi et Mourad Benchellali, mais la « messe ne sera pas dite pour autant ». Surtout, selon l’homme de loi, cette convocation ne pourrait pas être la seule, et devrait permettre que « d’autres responsables soient un jour identifiés, poursuivis, qu’ils méprisent ou qu’ils ne méprisent pas les ordres de convocations qui leur sont délivrés. »

Le conseil des plaignants avait notamment évoqué précédemment les noms de l’ancien secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, en poste de 2001 à 2006, et de l’ancien conseiller juridique de la Maison Blanche et ministre de la Justice (2005 à 2007), Alberto Gonzales.

RFI