Si le Français Serge Atlaoui a bénéficié d’un sursis, le décompte a commencé pour neuf autres condamnés, dont huit étrangers, tous condamnés à mort pour trafic de drogue par la justice indonésienne. De Manille à Sao Paulo en passant par Melbourne, les autorités tentent de faire pression sur Jakarta pour obtenir la clémence pour leurs ressortissants.
Avec notre correspondante à Manille,Marianne Dardard, et notre correspondant à São Paulo,Martin Bernard
Ils étaient dix, en tout, à attendre de savoir s’ils seraient ou non sur la liste des prochaines exécutions. Parmi eux, huit étrangers. Le Français Serge Atlaoui a obtenu un sursismême si le parquet égénral indonésien a réaffirmé ce lundi qu’il pourrait être exécuté seul si la procédure était rejetée. Pour les neuf autres condamnés - deux Australiens, trois Nigérians, une Philippine, un Brésilien, un Ghanéen et un Indonésien -, tous jugés coupables de trafic de drogue et condamnés à mort par la justice indonésienne, le compte à rebours à démarré. Ils pourraient être exécutés ce mardi 28 avril, à 11 h, heure de Paris.
A Manille, mobilisation pour Mary Jane Veloso
A Manille, le sort de Mary Jane Veloso émeut beaucoup. « Paris l’a fait, pourquoi pas nous ? », se demandent les Philippins. Mary Jane Veloso, femme de ménage, s’était vu promettre un emploi en Indonésie et on lui avait prêté une valise dans laquelle de la drogue avait été cachée à son insu. C’est ce que clame cette jeune femme depuis son arrestation, en 2010.
« Il y également beaucoup de travailleurs indonésiens victimes d’abus à l’étranger. Nous voulons prouver que Mary Jane est, ici, d’abord une victime », plaide Garry Martinez, président de l’ONGMigrante International, à la tête de la mobilisation. Mais aux Philippines, l’espoir a faibli ces derniers jours. Dimanche, Mary Jane Veloso a passé quelques heures avec sa famille, le temps d’une messe. Un moment décrit comme « digne et surréaliste » par ceux qui y ont assisté.
Rodrigo Gularte au centre d’un bras de fer diplomatique entre le Brésil et l’Indonésie
Au Brésil également, les autorités se mobilisent pour tenter d’obtenir un sursis à Rodrigo Gularte. Le gouvernement brésilien affirme que cet homme de 42 ans souffre de schizophrénie, mais la thèse n’a jamais été admise par les autorités indonésiennes. Le condamné a été soumis à de nouveaux examens médicaux, le mois dernier, mais les résultats de l’expertise n’ont pas été communiqués par Jakarta.
Quelques heures après l’annonce de la confirmation de la condamnation à la peine de mort de Rodrigo Gularte, le Brésil a affirmé poursuivre ses efforts diplomatiques, et des diplomates brésiliens ont pu le rencontrer. Son avocat a par ailleurs annoncé qu’il allait déposer un nouveau recours lundi, en s’appuyant sur la non-présentation par l’Indonésie du rapport médical.
Les relations entre le Brésil et l’Indonésie sont déjà tendues depuis l’exécution en janvier dernier de Marco Archer. Le Brésil a rappelé son ambassadeur pour consultation et refusé de recevoir les lettres de créance du nouvel ambassadeur indonésien à Brasilia. Mais cela n’a pas suffi à infléchir la position du président indonésien qui affirme « faire face à une situation d’urgence face au trafic de drogue » pour justifier le recours aux exécutions capitales.
En Australie, les juges accusés d’être corrompus
Le gouvernement australien a pour sa part tenté une manœuvre de la dernière chance, ce lundi, pour tenter d’obtenir que soient épargnés ses deux ressortissants. Un journal australien, le Sydney Morning Herald, affirme qu’un avocat de Bali a versé des pots-de-vin aux juges qui se sont penchés sur les dossiers d’Andrew Chan et de Myuran Sukumaran, les deux ressortissants.
Des enveloppes qui auraient dû garantir que les deux hommes soient condamnés à des peines de moins de 20 ans de prison. Mais la stratégie n’a pas fonctionné.
Des accusations que Julie Bishop, la ministre australienne des Affaires étrangères, a qualifié « très sérieuses », jugeant qu’elles faisaient peser un doute sur l’intégrité des juges indonésien. La ministre australienne des Affaires étrangères affirme aussi envisager de rappeler son ambassadeur en Indonésie. Jakarta, qui a réclamé des preuves de ces accusations, a d’ores et déjà prévenu que ce rebondissement n’aurait pas d’incidence sur le calendrier des exécutions.
RFI