«Je pensais que l’avion allait exploser»

Un couple à bord de l’avion d’Air Canada qui a raté son atterrissage, tôt hier, ne pensait pas sortir vivant de l’appareil qui les ramenait à Halifax après un voyage de rêve au Mexique.

«On a cru que c’était notre heure», a confié hier Lianne Clark, une Montréalaise installée à Halifax depuis 17 ans.

La dame et son mari font partie des 133 passagers et cinq membres de l’équipage de l’Airbus 320 qui a décollé de Toronto, samedi soir, et a atterri en catastrophe quelques heures plus tard, à Halifax. Par miracle, même si le train d’atterrissage s’est affaissé et qu’un moteur s’est détaché, l’accident n’a fait que 23 blessés mineurs.

Sous l’impact, un des moteurs de l’appareil s’est détaché et s’est retrouvé 100 mètres plus loin.

Une tempête de neige balayait la capitale de la Nouvelle-Écosse cette nuit-là, rendant la visibilité presque nulle. «On a tourné en rond pendant 30 minutes, puis le pilote nous a informés que les conditions s’étaient améliorées, alors il a décidé d’atterrir», raconte Mme Clark.

Mais pour une raison encore inconnue hier, l’appareil s’est écrasé à 1100 pieds de la piste d’atterrissage de l’aéroport international Stanfield.
«Il y a eu un premier impact, puis l’avion a rebondi et s’est violemment écrasé au sol», précise la passagère, qui s’est cogné la tête lors de l’atterrissage. Autour d’elle, des passagers avaient le visage ensanglanté par un nez cassé ou un front coupé.
Peur d’une explosion
«Je ne pensais pas sortir vivant de l’avion», a relaté son mari, Randy Hall.
C’est lorsqu’ils ont jeté un œil dans un hublot que les passagers ont compris la gravité de la situation. «Des flammèches sortaient d’un moteur et il y avait du carburant partout sur le tarmac», a dit M. Hall.
L’homme a alors ouvert la porte de sortie de l’avion et a crié aux gens de s’enfuir. «Je pensais que l’avion allait exploser», a-t-il dit.
Encore secoué par les événements, le couple a vivement dénoncé hier la gestion de crise de l’aéroport.
«On nous a laissés pendant une heure dans la tempête», a dit M. Hall. Comme sa femme et lui, plusieurs passagers arrivaient du Sud et avaient fait escale à Toronto.
D’autres accidents d’air canada

2 juin 1983
Un Douglas DC-9 s’est écrasé à ­l’atterrissage à Cincinnati, faisant 23 morts.
26 juin 1978
Le train d’atterrissage d’un Douglas DC-9 a explosé au moment du décollage à Toronto. Deux personnes sont mortes.
5 juillet 1970
Un Douglas DC-8 s’est écrasé en atterrissant à Toronto, tuant 109 personnes.

Source: Bureau d’Archives des Accidents d’Avions

Le fil des événements

 

12 h

L’Airbus 320 tourne dans les airs pendant 30 minutes, en attente de meilleures conditions pour atterrir.

12 h 30

L’avion rate son atterrissage et se retrouve à 1100 pieds de la piste, après avoir arraché une antenne de navigation et possiblement aussi des fils électriques. L’électricité est coupée à l’aéroport international Stanfield d’Halifax.

12 h 35

Les 133 passagers et 5 membres de l’équipage se précipitent à l’extérieur par les sorties de secours. Les génératrices, qui sont censées se mettre en marche en quelques secondes en cas de panne de courant, n’ont pas pris le relais.

1 h 25

Après 50 minutes d’attente dans le froid et la neige, un autobus passe finalement prendre les passagers pour les transporter jusqu’à un hangar sans lumière, où ils poireautent à nouveau durant 30 minutes.

1 h 55

Un second autobus vient récupérer les passagers pour les amener jusqu’à l’aéroport.

2 h 20

Nova Scotia Power rétablit le courant.

13 h

Air Canada confirme que tous les passagers et membres d’équipage admis dans des hôpitaux de la région aux fins d’observation et de traitement de blessures mineures, sauf un, ont reçu leur congé de l’hôpital.

Air Canada Airbus A-320 à l’aéroport international d’Halifax, le 29 mars 2015.

Air Canada Airbus A-320 à l’aéroport international d’Halifax, le 29 mars 2015.

 

Brèves
Lianne Clark


«La moitié des passagers étaient en t-shirt et n’avaient pas de souliers. On nous a laissés plus d’une heure en plein milieu du tarmac, dans la neige et le froid. Il a fallu se regrouper comme des pingouins pour ne pas se faire des engelures.»
Randy Hall


«Lorsque l’avion a heurté le sol une première fois, l’impact a été si violent qu’on a rebondi dans les airs. Ça m’a paru une éternité avant qu’on s’écrase à nouveau au sol. J’ai vu ma vie défiler.»

Denis Lavoie


«J’étais assis juste à côté d’un des moteurs. Au moment de l’écrasement, j’ai vu du feu et des flammèches en sortir. Dans ma tête, c’était sûr qu’on allait exploser. Deux ou trois secondes et la lumière s’éteignait pour de bon.»
Journal de Montréal