Au lendemain de l’attaque de Garissa, le ministre kényan de l’Intérieur a promis que le Kenya ne se laissera pas « intimider par les terroristes ». L’attaque et la prise d’otage de cette université, située l’est du pays, menées par les islamistes somaliens shebabs, a fait 147 morts et 79 blessés parmi les étudiants. Après des heures d’incertitude, le drame s’est terminé par un assaut final des forces de l’ordre déployées en masse dans la ville. L’heure est à présent à la mobilisation contre le terrorisme et aux condamnations unanimes, au sein de la classe politique kenyane tout comme dans les pays partenaires du Kenya.
Le ministre kényan de l’Intérieur, Joseph Nkaissery, s’est exprimé ce vendredi matin devant des journalistes à Garissa, promettant que « le gouvernement kényan ne se laissera pas intimider par les terroristes qui ont choisi de tuer des innocents pour humilier le gouvernement ». Le gouvernement se dit déterminé à combattre les terroristes et confiant dans la capacité du pays à « gagner cette guerre contre (ses) ennemis ».
Selon les équipes de secouristes et des forces de sécurité, encore présentes sur place, des corps étaient toujours éparpillés ce matin sur le campus. Les secours sont encore en train de les collecter et les forces de l’ordre vérifient que les lieux ne présentaient plus de danger. Le ministre de l’Intérieur a précisé qu’elles continuaient de « nettoyer l’université pour s’assurer que les étudiants pouvaient revenir en toute sécurité récupérer leurs documents et autres affaires personnelles ». Dix bus ont été mis en place pour transporter les étudiants survivants traumatisés vers leurs villes d’origine, ainsi que quatre hélicoptères. Garissa accueillait des étudiants de tout le pays.
Le président somalien Hassan Sheikh Mohamud a également déclaré ce matin que la Somalie et le Kenya doivent renforcer leur coopération sécuritaire, en présentant ses condoléances aux Kényans.
Première attaque contre des étudiants au Kenya
L’université de Garissa compte plus de 800 étudiants, dont plusieurs centaines sont traditionnellement hébergés sur ce campus. Ils ont été réveillés par les islamistes hier matin vers 5 h 30 heure locale. Les shebabs somaliens, désormais affiliés à al-Qaïda, avaient affirmé séparer les étudiants musulmans des non-musulmans. Cinquante étudiants ont ainsi été libérés dès le début de la prise d’otage, pendant que d’autres étaient abattus. A la fin de la journée, quatre assaillants ont fait sauter les ceintures d’explosifs qu’ils portaient. Les assaillants s’exprimaient en swahili et ont invoqué l’implication des soldats kényans au sein de l’Amison, la force de l’UA, qui combattent contre les shebabs en Somalie, comme motif pour cette attaque.
Le ministre de l’Intérieur, Joseph Nkaissery, a désigné Mohamed Kuno ou Mohamed Mohamud alias « Dulyadin », alias « Gamadheere », un ancien professeur de Garissa, comme commanditaire de la prise d’otage, offrant une récompense de 20 millions de schillings pour son arrestation (environ 200 000 euros). Cet homme est en fuite depuis décembre 2014. Il avait déjà été identifié comme commandant shebab lors d’une précédente attaque dans la ville de Mandera, dans la même région. On sait qu’il a été enseignant dans un lycée de Garissa et qu’il avait rejoint les islamistes des tribunaux islamiques, probablement en 2007-2008, dont sont issus les shebabs.
C’est la première fois que les shebabs s’en prennent ainsi à des étudiants, même s’ils visent depuis plus d’un an de plus en plus les civils. Cette tuerie devient ainsi la plus meurtrière au Kenya depuis l’attentat contre l’ambassade américaine de Nairobi perpétrée en 1998 par al-Qaïda, qui avait fait 213 morts.
RFI