La situation au Yémen est «extrêmement alarmante», selon l’ONU

La situation au Yémen est «extrêmement alarmante», selon l’ONU

Une famille yéménite prépare ses affaires pour fuir Sanaa, le 29 mars 2015.AFP PHOTO / MOHAMMED HUWAIS

La situation au Yémen est « extrêmement alarmante ». C’est avec ces mots que le haut-commissaire des Nations unies a qualifié l’évolution de la situation dans le pays. Les Houtis combattent férocement pour conquérir le territoire et les avions de la coalition poursuivent leur pilonnage intensif des sites de rebelles. Le nombre de déplacés augmente et l’on craint de plus en plus une pénurie alimentaire. Le président Hadi, réfugié en Arabie saoudite, réclame désormais une intervention terrestre de la coalition.

Les forces saoudiennes et les milices chiites houthis ont échangé ce mardi des tirs d’artillerie et de roquettes sur plusieurs points de la frontière, des affrontements très intenses et sans précédent. Tout le pays semble désormais pris en étau. Si au Nord on assiste désormais à des affrontements directs, au Sud, les milices chiites houthis seraient parvenues à prendre une base militaire du détroit de Bab el-Mandeb. Un lieu stratégique, car ce détroit, d’une trentaine de kilomètres seulement, qui sépare le Yémen de Djibouti, est considéré comme l’une des zones les plus importantes au monde en termes de trafic maritime. Tout navire souhaitant passer le canal de Suez est obligé de l’emprunter. A Aden, la deuxième ville du pays et fief du président yéménite, les Houthis continuent d’exercer leur pression, malgré les bombardements des avions de la coalition.

Pendant que les combats font rage, la diplomatie, elle, est au point mort. L’Iran, qui soutient les Houthis, estime que l’Arabie saoudite commet une erreur stratégique, alors que Riyad affirme que l’offensive de la coalition se poursuivra jusqu’au rétablissement de la stabilité au Yémen. Téhéran estime qu’il est tout de même possible de coopérer avec l’Arabie saoudite pour rétablir le calme et le dialogue au Yémen, mais pour l’instant aucune discussion ne semble avoir été engagée.

Le Yémen au bord de la crise humanitaire

Sur le plan humanitaire, les organisations internationales présentes sur place sont prises au dépourvu et ne parviennent plus à venir en aide à la population. Mardi soir, les Nations unies ont annoncé le retrait de tout son personnel étranger du pays.

Les treize derniers employés étrangers de l’ONU ont quitté le Yémen. Seuls les employés locaux, plusieurs centaines, resteront présents. C’est un porte-parole de l’organisation qui a annoncé la nouvelle, confirmant ainsi les difficultés rencontrées sur place par les organisations internationales pour venir en aide aux civils.

L’intensification des frappes aériennes de la coalition, notamment sur la capitale Sanaa, et la pression exercée par les milices chiites Houthis aux portes d’Aden empêchent tout travail selon différentes organisations.

Il y a des mouvements de panique. Certains produits commencent à manquer.
Hajir Maalim, directeur d’Action contre la faim (ACF) au Yémenpar Elisa Brinai 01/04/2015 écouter

Le Comité international de la Croix-Rouge, n’a pas pu obtenir les garanties nécessaires pour faire atterrir un avion chargé de matériel médical. Médecins sans Frontières (MSF), de son côté, dénonce les fermetures des aéroports internationaux et les restrictions d’accès au port d’Aden. Pour Hajir Maalim, directeur d’Action contre la faim (ACF) au Yémen, il existe à terme un risque de ne plus être en mesure de nourrir la population. Le Yémen dépend essentiellement des importations.

Depuis l’intervention de l’Arabie saoudite, jeudi dernier, des dizaines de civils ont été tués dans les affrontements dont au moins 62 enfants, selon l’Unicef. Les hôpitaux sont réellement pleins de morts et de blessés, selon Cécile Pouilly, porte-parole du haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’homme. Les déplacés se comptent par milliers et ont du mal à rejoindre les camps déjà mis en place. Il est « extrêmement difficile d’atteindre les populations touchées, car les mouvements sont très risqués », estime ainsi le directeur des opérations de MSF. Pour Hajir Maalim (ACF) également il est de plus en plus difficile de venir en aide aux déplacés.

L’attaque sur le camp du Nord lundi a effrayé beaucoup de déplacés, alors la plupart rejoignent les villages pour rester dans leurs familles ou bien ils occupent les écoles et tous les bâtiments vides.
Le ministre yéménite des Affaires étrangères réclame désormais une intervention terrestre de la coalition. Une option très crédible. L’Arabie saoudite a déjà amassé des dizaines de milliers de soldats à sa frontière avec le Yémen.
RFI