l’arrêt des frappes au Yémen?

Le 26 mars dernier, l’Arabie saoudite avait pris par surprise tout le monde en déclenchant l’opération « Tempête décisive » à la tête d’une coalition de pays arabes. Mardi 21 avril, soit 26 jours plus tard, Riyad a surpris de nouveau, en décidant de mettre un terme aux raids aériens de cette coalition. La réalité des combats laisse cependant planer un doute sur l’entrée en vigueur de cette décision : la ville de Taëz, tombée aux mains des Houthis ce mercredi matin 22 avril, a été bombardée, selon un officier loyaliste yéménite. Mais cela ne remet pas forcément en cause l’annonce de la veille.

Les rebelles chiites Houthis se sont emparés ce mercredi matin 22 avril du camp d’une brigade fidèle au président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi près de Taëz, dans le sud-ouest du Yémen, a indiqué un officier de l’armée yéménite à la presse. Le camp de la brigade 35 blindée, situé à l’entrée nord de la ville, est tombé entre leurs mains à l’issue de violents combats, qui ont fait des « dizaines de morts et de blessés » des deux côtés, a précisé cet officier se trouvant à l’intérieur de la base.

La coalition arabe aurait ensuite effectué des raids aériens sur place, pour desserer l’étau autour de la brigade 35 blindée, selon un officier loyaliste yéménite cité par l’Agence France Presse (AFP). Un rassemblement houthiste aurait également été visé dans la même ville. Le tout, au lendemain de l’annonce par Riyad de l’arrêt des opérations aériennes menées jusqu’ici au Yémen, au profit d’une nouvelle opération baptisée « Restaurer l’espoir ».

L’Arabie saoudite s’est réservée le droit d’intervenir

Suite à l’annonce de la fin de l’opération « Tempête décisive », tout laissait néanmoins à croire que les nombreux dégâts en vies humaines occasionnés par les raids aériens des quatre dernières semaines avaient été pris en considération par les pays de la coalition. D’autant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait publié, mardi 21 avril, quelques heures avant l’annonce de Riyad, un bilan faisant état de 944 morts et de 3 487 blessés dus à ces frappes.

Pour autant, l’état-major saoudien avait précisé dès mardi qu’il se réservait le droit de frapper à nouveau la rébellion à tout moment, pour l’empêcher d’entreprendre des opérations à l’intérieur du pays. C’est donc potentiellement ce qu’il s’est passé ce mercredi. L’arrêt des raids aériens peut aussi signifier que la coalition prévoit une intervention terrestre. Le roi Salman a ordonné l’engagement de la garde nationale, une force armée de près de 120 000 hommes, des militaires recrutés dans les milieux tribaux, et qui bénéficient d’une parfaite expérience et connaissance du terrain, notamment de la montagne à la frontière entre l’Arabie saoudite et le Yémen.

Un accord politique est-il possible au Yémen ?

En théorie, ces nouvelles frappes et l’intervention de la garde nationale ne devraient néanmoins pas remettre en cause la volonté saoudienne de trouver une issue politique à ce conflit, comme annoncé mardi. Riyad afffirme en effet vouloir laisser une chance au dialogue et à la négociation. Mais y a-t-il concrètement une chance de voir aboutir un accord politique au Yémen ? Le bureau politique du mouvement Houthis affirme qu’un compromis est possible, et qu’il est en voie de discussion.

Les rebelles ont envoyé ce mercredi matin un message plutôt encourageant, en libérant le ministre yéménite de la Défense, ainsi qu’un frère du président Abd Rabbo Mansour Hadi, le général Nasser Mansour Hadi, et un officier de l’armée, Fayçal Rajab, qu’ils avaient capturés tous les trois le 25 mars dans le sud du pays. Et puis, il y a eu les réactions favorables, à la fois des Etats-Unis et de l’Iran, qui ont salué l’annonce saoudienne, appelant à la conclusion rapide d’un cessez-le-feu durable entre la rébellion et les forces yéménites restées fidèles au président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi.

Autre signe encourageant : l’ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh a déclaré, a-t-on appris ce mercredi, qu’il espère un retour au dialogue de toutes la factions yéménites. Rappelons qu’Ali Abdallah Saleh, écarté du pouvoir en 2012, s’est rangé du côté de la rébellion houthiste ainsi que plusieurs unités de l’armée qui lui étaient restées fidèles.