Le dictateur Omar Al-Bachir assuré d’être réélu à la tête du Soudan
Il règne sans partage sur le Soudan depuis vingt-cinq ans et compte bien continuer. Omar Hassan Ahmed Al-Bachir, dictateur militaro-islamiste, inculpé par la Cour pénale internationale pour « génocide » au Darfour, est assuré d’être réélu à la présidence de son pays. Comme en 2010, la plupart des partis d’opposition ont décidé de boycotter le scrutin du 13 avril et aucun de quinze autres candidats ne représente une concurrence sérieuse.
« Le dialogue est contourné, certains groupes exclus, et les droits civiques et politiques, violés », a mis en garde l’Union européenne, estimant qu’aucun « résultat crédible et légitime » ne sortirait des urnes. Près de 13,3 millions d’électeurs, sur une population estimée à près de 38 millions de personnes, sont appelés pendant les trois prochains jours à voter pour leur président et leurs députés.
DISSIDENTS ET MÉDIAS RÉPRIMÉS
Ces élections, qui se déroulent sous l’œil d’observateurs de quinze organisations internationales, dont la Ligue arabe et l’Union africaine, sont les deuxièmes multipartites depuis la prise de pouvoir du général Bachir en juin 1989 à la faveur d’un coup d’Etat. Elles se distinguent aussi par la répression qui s’est abattue sur les dissidents et les médias ces derniers mois.
Dimanche, la police a dispersé à coups de bâton une manifestation de quelques centaines d’étudiants, mobilisés contre le scrutin, dans la ville de Port-Soudan (est), selon des témoins. Les protestataires, hostiles au NCP (Parti du congrès national), le parti au pouvoir, et ses alliés scandaient notamment « le peuple veut la chute du régime ! »
A Kalma, au Darfour (ouest), région en proie à un conflit depuis douze ans, des centaines d’habitants d’un camp de déplacés ont aussi manifesté sous le slogan « Non aux élections du sang ! » Durant la campagne, M. Bachir a promis d’apporter « sécurité et stabilité politique et économique », alors que l’économie est exsangue et le pays déchiré par des violences au Darfour et dans les Etats du Nil Bleu et du Kordofan du Sud.
LE MONDE.FR