Nucléaire iranien: vers une prolongation des négociations?
Les représentants de Téhéran et des six grandes puissances sont réunies depuis dimanche, à Lausanne en Suisse, pour tenter de trouver un accord sur le nucléaire iranien. Les discussions avancent « lentement », selon les participants. Normalement, le gong doit sonner ce soir à minuit, mais les négociations pourraient se poursuivre mercredi. « C’est difficile, je crains qu’on y passe la nuit », a fait savoir Laurent Fabius.
Avec notre envoyé spécial à Lausanne, Sami Boukhelifa
L’horloge tourne et les différents protagonistes se terrent dans le silence. Pas la moindre information mais beaucoup de spéculations concernant un éventuel accord. Réussite, échec ? C’est du 50/50 ont dit les Américains, dans l’une de leurs dernières déclarations.
Les ministres des Affaires étrangères, les diplomates négociateurs, se voient et se revoient. Ils se connaissent sur le bout des doigts. Dix-huit mois qu’ils se parlent. Plusieurs réunions les ont rassemblés durant les dernières heures.
De la créativité, de l’imagination il en faut pour dénouer ce dossier et rédiger un accord qui puisse convenir à toutes les parties, affirmait hier une source occidentale
C’est une course contre la montre qui est engagée ici à Lausanne. Si un accord doit être signé mieux vaut qu’il le soit avant minuit ce mardi 31 mars. Demain, c’est le 1er avril et ce n’est peut être pas la meilleure date pour un dossier aussi sérieux.
« Chances réalistes », selon Lavrov
Des avancées, il y en a quelques-unes, c’est sûr. Mais trois points de blocage demeurent pour finaliser un compromis sur le dossier nucléaire iranien : la durée du contrôle international sur le programme iranien, la levée des sanctions, et les garanties apportées par Téhéran. Les négociations pourraient continuer mercredi si des progrès sont enregistrés dans les heures qui viennent, a indiqué un haut responsable américain. « Nous allons poursuivre les discussions jusqu’à la conclusion d’un accord », a dit le négociateur iranien Hamid Baidinejad.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est arrivé mardi après-midi à Lausanne pour rejoindre ses homologues du groupe «5+1» et de l’Iran. Il avait quitté Lausanne lundi avec la promesse de revenir s’il existait des « chances réalistes » d’un accord. Le ministre affiche un optimisme mesuré quant à l’issue de ces pourparlers. « Les perspectives de ce round de négociations ne sont pas mauvaises, je dirais même qu’elles sont bonnes, a-t-il estimé, ce matin en conférence de presse à Moscou. Les chances sont grandes, elles ne sont pas sûres à 100%, parce que rien n’est jamais sûr à 100%. Mais les chances sont grandes si aucun des participants aux négociations ne fait monter les enjeux à la dernière minute dans l’espoir de gagner quelque chose en plus, au lieu de chercher à maintenir l’équilibre des intérêts de chacun. »
« Il faut que cet équilibre des intérêts ne soit pas rompu, a ajouté Sergueï Lavrov. Pour l’instant, cet équilibre est en train de s’instaurer, et j’ai l’impression que les perspectives ne sont pas si mauvaises que ça. »
« Pas de compromis à tout prix », pour Merkel
Les Occidentaux ont réaffirmé l’importance de parvenir à un accord. Le dossier du nucléaire iranien a été évoqué par le président français, à Berlin, au cours d’une rencontre avec Angela Merkel : « La France veut un accord, mais un bon accord comme l’a dit Angela. Pas un accord parce qu’il faut trouver un accord, ce serait le pire. On ne va pas non plus bloquer si on pense que l’Iran est de bonne foi et qu’il renonce à l’arme nucléaire. Il s’agira de le vérifier. Nous sommes en ce moment même dans la négociation.»
La chancellière allemande s’est également exprimé sur le dossier : « Il s’agit d’un accord sur lequel des discussions ont lieu depuis des années. Ce serait un signal positif s’il pouvait être conclu. Mais l’objectif n’est pas d’arriver à tout prix à un compromis. Le but est d’obtenir un texte qui garantisse que l’Iran n’aura pas sur la durée accès à l’arme nucléaire. C’est ce qui compte pour nous. Un accord constituerait donc une avancée positive. Cela montrerait comment des négociations diplomatiques laborieuses permettent malgré de nombreuses difficultés d’arriver à un résultat. Nous souhaitons qu’un accord soit trouvé mais nous n’en sommes pas encore là. »