Prise d’otage à Istanbul: la justice et la police dans le collimateur
Prise d’otage à Istanbul: la justice et la police dans le collimateur
La prise d’otage au palais de justice d’Istanbul s’est terminée tragiquement : le procureur ainsi que les deux preneurs d’otage ont été tués lors de l’assaut de la police, en début de soirée ce mardi. En réaction, des incidents ont éclaté dans plusieurs quartiers d’Istanbul où l’extrême gauche est fortement implantée, comme depuis de nombreux mois ; car la colère de cette partie de la population n’est pas nouvelle. Retour sur les raisons qui ont mené à cet acte désespéré.
Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Les revendications des deux preneurs d’otages, tués dans l’assaut de la police, tenaient en un mot : « justice » ; que justice soit rendue dans les violences policières entourant les manifestations de Gezi, les forces de l’ordre prenant alors délibérément pour cible, d’une cartouche de gaz lacrymogène en pleine tête, un jeune garçon sorti chercher son pain à 9 h du matin.
Et la première chose qu’ont faite les deux militants d’extrême gauche, une fois dans le bureau du procureur instruisant cette affaire, a été de publier sur internet les identités des policiers en mission ce matin-là devant la maison de la victime, qui n’ont jusque-là jamais été inquiétés.
Mais au-delà de ce prolongement sanglant au soulèvement de Gezi, déjà annoncé par des attaques mineures contre des policiers ces derniers mois, il y a aussi les suites d’un engagement turc dans la crise syrienne vécu ici comme une croisade ethnico-religieuse menée par le gouvernement islamiste sunnite de M. Erdogan contre le régime alaouite de Bachar el-Assad. Depuis quatre ans, ce conflit a largement alimenté la contestation alévie en Turquie, qui, depuis longtemps dénonce les discriminations et la marginalisation dont un tiers de la population se dit victime.