1er-Mai en France: comment les syndicats mobilisent-ils?
Journée internationale du travail, ce 1er-Mai verra comme chaque année des cortèges anti-austérité prévus dans toute la France à l’appel des syndicats. A Paris, une grande manifestation est prévue à 15 heures, entre République et Nation. Mais le défilé du 1er-Mai mobilise de moins en moins les foules.
Le 1er-Mai semble désormais être un jour férié comme un autre pour les Français. Plutôt que de battre le pavé, ils préfèrent profiter de ce jour férié pour partir en week-end. Le récent sondage d’OpinionWay indique clairement le divorce entre les Français et les syndicats. Une personne sur deux ne voit pas quel rôle utile ils jouent dans la société.
Malgré la déconvenue, les syndicats tiennent à cette journée historique, symbole de leur combat. Le socle de l’action syndicale reste la lutte et les revendications sociales. Des mots qui ne résonnent plus vraiment aux oreilles des salariés.
Alors certains syndicats tentent d’autres modes de communication comme la CFDT. Qualifiée de réformiste, l’organisation a choisi cette année de ne pas se joindre au défilé parisien mais à la place d’organiser un «Working Time Festival», un festival du temps de travail, spécialement dédié à la jeunesse. Le rassemblement se tiendra dans le bois de Vincennes, où 2000 jeunes de 18 à 35 ans, syndiqués ou pas, sont attendus. Au programme : débats, animations, à 19h discours du patron Laurent Berger. Et le clou de la soirée : un grand concert avec des artistes en vogue. Pour Inès Minin, secrétaire nationale CFDT, «l’enjeu c’est d’associer les jeunes à l’action syndicale de sorte qu’ils participent aux défis à relever pour demain, on se donne les moyens de se confronter à leurs attentes ».
FO ne marchera pas aux côtés de la CGT
Des défilés sont prévus aujourd’hui à Paris et en province, sous les bannières de la CGT, Solidaires, la FSU et l’UNSA. Contrairement à l’année dernière, FO qui marchait aux côtés de la CGT, ne défilera pas aujourd’hui. Les derniers 1er-Mai unitaires remontent à 2002, année de l’arrivée du Front national au deuxième tour de la présidentielle, ou en 2003 pour la réforme des retraites. Selon le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, c’est un mythe de penser que le 1er-Mai est une manifestation unitaire : « si les organisations syndicales sont d’accord sur les revendications, sur les analyses et les positions tant mieux, mais ce n’est pas le cas. Alors ce n’est pas la peine de faire semblant d’être d’accord si on ne l’est pas. Sinon ça s’appelle de la com’ ou du cinéma ».
Faiblesse du patronat, faiblesse des syndicats
Les syndicats vont donc célébrer le 1er-Mai en ordre dispersé. Au risque que les désaccords et les divergences de vue conduisent à l’échec comme cela a été le cas pour le dialogue social.
Si cet échec est un aveu de faiblesse, il ne sonne pas pour autant la fin du syndicalisme. Pour Bernard Viviers, directeur de l’institut supérieur du travail, c’est une nouvelle ère qui s’ouvre, celle de la négociation. Seul regret : que l’Etat ne laisse pas les instances s’entendre. « La faiblesse aujourd’hui du syndicalisme, c’est la faiblesse conjuguée du patronat et des syndicats de salariés. C’était très fort sous Nicolas Sarkozy, ça l’est également beaucoup sous François Hollande. Nous assistons à une présence trop forte de l’Etat dans la construction de la règle sociale en France. L’Etat aujourd’hui gère les relations sociales plus qu’il ne les garantit. Ce n’est pas bon, c’est même une question de liberté, et de respiration de la société. »
Suite à l’échec des négociations sur ce dossier de la modernisation du dialogue social, le gouvernement a repris la main, et a présenté une loi, fin avril, en Conseil des ministres.
→ Le 1er-Mai, qu’est ce que c’est ? Exercice de compréhension de l’actualité proposé par RFI.
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