CELLOU DALEIN ET MOI… SI JE VOUS EN PARLAIS UN PEU ? ( Souley Tchianguel )

Ces temps de tumulte dans notre pays marque mes dix ans à l’UFDG. Je m’arrête un instant pour vous parler un peu de mon engagement politique de mon choix d’être un des collaborateurs de Cellou Dalein Diallo.
En 2008, je suis rentré en Guinée. J’avais enseigné à l’Institut de communication de l’Université Lyon2, à l’Université des Antilles et de la Guyane et travaillé à l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire. Mon retour en Guinée était un choix. Jusqu’au moment où j’ai dû quitter le pays en juillet 2016, j’ai enseigné à Mercure, Koffi Annan, l’Institut des Arts de Dubréka et l’Institut Supérieur de l’Information et de la Communication de Kountia. J’ai aujourd’hui la fierté de compter parmi les meilleurs journalistes de notre pays un certain nombre de mes anciens étudiants. Au théâtre j’ai formé plusieurs comédiens professionnels. J’ai écrit quelques chansons et clips pour certains chanteurs de musique urbaine. J’ai travaillé sur un certain nombre de projets de développement à travers mes consultations pour des Nations-Unies.
Pourquoi me direz-vous je fais étalage de mon modeste parcours ? Pour deux raisons : - Premièrement, parce que j’avais des métiers et que mon engagement politique n’est aucunement liée à une ambition d’un quelconque exercice du pouvoir. Deuxièmement, mon engagement politique est en réalité le prolongement de ma vie professionnelle qui procède d’une volonté de prendre part à la lutte pour l’ancrage de la démocratie et de la prospérité dans notre pays.
J’ai rencontré Cellou Dalein Diallo après avoir lu une de ses interviews dans Le Lynx pour lequel j’animais la Chronique Assassine. Dans cet entretien, le Président de l’UFDG parlait de son projet de construction d’une école performante, afin que nos jeunes soient compétitifs. Dans l’espace de la CEDEAO notamment où des jeunes compétents viendront d’autres pays africains, il veut que les guinéens soient compétitifs. La question de l’enseignement me touche particulièrement, puisque j’avais enseigné en France. C’est donc suite à la lecture de ce papier que j’ai décidé de rencontrer Cellou. Le rendez-vous m’a été organisé par un de mes cousins que certains militants et responsables connaissent sous le pseudonyme de « RK » ou « Kötö ». Ce jour, lorsque je suis arrivé aux bureaux de l’UFDG à CBG, j’ai vu un homme pressé qui m’a dit ne pouvoir m’accorder qu’une dizaine de minutes, parce qu’il avait un autre rendez-vous en ville. Quand je me suis assis en face de lui, je lui ai dit : « Je veux m’engager dans un parti politique, mais, vous, je vous fais pas confiance ». Évidemment qu’il été surpris. Évidemment qu’il m’a demandé pourquoi. J’ai alors lancé l’argument principal de beaucoup de guinéens : sa participation aux gouvernements successifs de Lansana Conté. Alors, l’homme a commencé à me parler de lui, de ce qu’il était, de ce qu’il a réalisé pendant qu’il était aux affaires. La rencontre qui devait durer dix minutes s’est transformée en un échange de près d’une heure. Au moment de nous séparer, il m’a tendu une carte de visite et m’a dit : « Nous n’avons aucun spécialiste de communication dans le parti. Si vous pouviez nous rejoindre, nous en serions heureux. Évidemment vous avez deux choix comme beaucoup de cadres qui nous rejoignent : travailler dans l’ombre ou vous afficher ». Je lui ai répondu : « Si je décide de vous rejoindre, je ne me cacherais pas ».
J’ai deux précisions à faire :
1- avant mon adhésion à l’UFDG, j’ai travaillé pour l’UFR. J’ai des amis avec lesquels j’y étais dont je tairais les noms qui peuvent le confirmer. J’ai eu un échange téléphonique avec Mouctar Diallo des NFDG et rencontré François Louncény Fall du FUDEC.
J’explique cela pour faire comprendre que Cellou Dalein Diallo n’a jamais été mon premier choix pour les raisons que j’ai expliquée plus haut et l’appréhension d’être taxé d’ethnocentrique. Mais, l’acharnement dont il a fait l’objet avec sa tournée stoppée en Haute Guinée et sorti manu militari de la ville de Kankan, l’irruption des militaires dans son domicile le 1er janvier 2009, la violence qu’il a subie plus que tous les autres leaders au stade du 28 septembre et ses appels insistants pour aider à faire certains travaux m’ont convaincu définitivement à le rejoindre.
2- Deuxième précision : ce n’est pas Bah Oury qui m’a fait venir à l’UFDG, contrairement à ce que lui et ses militants et sympathisants veulent le faire croire. Mon cousin RK avait mis en place un groupe de réflexion auquel j’appartenais. Nous avons produit un document qu’on devait présenter à l’UFDG et c’est Bah Oury qui est venu nous rencontrer. À la fin de notre entretien, il m’a tenu par la main en me disant : « Il faut que nous rejoigniez ». Plus tard, quand il m’a vu à CBG, il en a conclu que c’est grâce à lui que je suis là, sans savoir que j’avais déjà rencontré auparavant Cellou et que nous étions en contact depuis plusieurs mois.
Je suis à l’UFDG parce que j’ai lu un homme soucieux de l’éducation des fils de la Guinée. J’y suis parce que j’ai vu un homme qui a pris le temps de me parler de qui il est alors même je lui ai balancé que je ne lui faisais pas confiance. Je le pratique dans sa vie publique et en privé. Je l’ai vu entrer dans sa chambre et sortir un costume de sa penderie pour le donner à un homme qui était venu le voir et que la pluie avait surpris en chemin. Je l’ai entendu essayer de convaincre une amie nous rejoindre, parce qu’elle est brillante et qu’il veut des cadres avec lui pour ne pas se retrouver dans le dilemme de devoir récompenser des médiocres qui l’ont aidé à accéder au détriment de compétents qui ne se sont pas battus avec lui. Je l’ai vu parlé avec des interlocuteurs à l’extérieur du pays des problèmes de développement de la Guinée et des solutions qu’il envisage. J’ai donc dans ces moments un technocrate aguerri, pas politicien manipulateur. Je l’ai vu pleurer d’émotion dans son salon après avoir vu un garçon baignant dans son sang parce que les forces de l’ordre lui avaient tiré dessus.
J’écris ces lignes pour témoigner dans cette période d’incertitudes dans notre pays. Depuis dix ans que je pratique la bête, comme on dit. Je ne suis pas de ceux qui lèchent les bottes. Pour moi, la meilleure manière de lui prouver ma loyauté, c’est faire correctement la mission que lui et les militants de l’UFDG m’ont confiée. J’essaie de le faire en toute conscience, même si parfois il peut ne pas être d’accord avec mes positions. Et ça arrive. Et je lui dis. Toujours.
Pour finir, depuis quelques années, plusieurs amis me disent que je ne suis pas fait pour la politique, parce que selon eux la politique est un endroit trop sale, que je serais trop honnête, que ma place est au milieu sans prise de position pour un camp ou pour un autre. Je les remercie pour leur respect et leur confiance. Mais si tous ceux qui sont honnêtes et compétents désertent l’espace politique, alors nous laissons la place aux malhonnêtes et aux compétents, parce que la nature a horreur du vide. Ensuite, moi, la neutralité ce n’est pas mon truc. Je carbure à l’impartialité, l’objectivité, avec la certitude évidemment que je peux me tromper.

 

Souley Tchianguel Directeur de la communication de l’UFDG