ÉLECTIONS ET MANIFESTATIONS : LA MALÉDICTION DU POUVOIR D’ALPHA CONDÉ ( Tchianguel )

Ces dix dernières années la Guinée se sera résumée à ça. À part quelques privilégiés (pouvoir, opposition, riches commerçants, entrepreneurs et cadres supérieurs), le guinéen lambda attend toujours les résultats de celui qui avait promis le changement. Pas un seul nouvel hôpital, mais c’est pas grave parce qu’on a refait la peinture de Donka. Pas un seul logement social, ce n’est rien parce les Shératon et autres Noom ont suffisamment de places faute d’expatriés. Pas une seule université, on peut s’en passer parce que les enfants préfèrent l’école buissonnière dès le primaire. Pas d’emploi pour les jeunes, c’est gérable, parce que la Méditerranée ne peut résister aux capacités de nage de nos frères.
Dix ans de crêpage de chignons, de sang qui coule, de morts qui s’empilent. Pourquoi? Des élections et des manifestations. Alpha Condé a été élu pour ça: voler les élections et réprimer les manifestations. Le vieillard a pris des rides supplémentaires pour être garant des contestations et des meurtres. L’âge l’a bouffé pendant que lui aspirait l’âme du pays. Le pouvoir qu’il a conquis dans la dignité, il l’a exercé dans la débilité. L’honneur qu’il a acquis à force de constance dans les valeurs républicaines, il l’a perdu dans le flot des opportunismes et des ambitions ambiants.
Alpha Condé aura gouverné la Guinée en plongeant le pays dans le regret d’hier, le cauchemar d’aujourd’hui et l’incertitude de demain. La foi en l’avenir se voile d’un épais nuage de doute. Une nouvelle constitution pour un nouveau mandat, à coup sûr les guinéens ramperont pour bouffer la terre arrosée du sang de leurs frères.
Le guinéen ne rêve plus. Il n’a aucun horizon. Il prend la vie comme elle vient. Il la subit. Quand il croit la vivre, il la vit seul. Il n’y a pas de raison qu’il se soucie du pouvoir et de l’opposition. Tous les deux, pour lui, c’est du pareil au même. S’il faut subir l’horreur, autant qu’il continue avec celui qui est là actuellement. Lui, il connaît sa gueule. Il sait ce qu’elle pue. Il continuera à supporter cette odeur. Si le proprio de la gueule de merde ne se la lave pas, le guinéen supporte. À force du temps qui passe, il a développé des anticorps.
Le guinéen n’espère plus. Espérer c’est donner une chance à l’incertitude. Et nous on n’a plus rien à apprendre de la chance. Elle nous a fait un bâtard pour aller se marier à plus couille que nous. Wa Salam!