Élections locales : La jeunesse n’est pas un sauf-conduit vers l’excellence !
L’élection du Président Emmanuel Macron à la tête de la République Française, a suscité une vague de vocations politiques sur les réseaux sociaux où beaucoup de jeunes, épaulés par leur ignorance, ont semblé dire qu’il était temps pour eux de diriger en Afrique. Beaucoup « d’hommes politiques » nés dans cette fièvre, conséquence spontanée d’un opportunisme bien de notre temps, se sont soustraits à l’analyse d’une victoire singulière en bien des points, sauf au point jeunesse.
Emmanuel Macron n’est pas jeune !
Les chanteurs l’ont répété en mélodie. L’on est jeune de 7 à 77 ans, car, avant tout, c’est un état d’esprit. Le Président Macron, pour ce qui est de notoriété publique, était un élève brillant. Il a été formé à l’ENA et a bénéficié du parrainage de Jacques Attali que je considère comme le plus vif esprit francophone encore vivant. Jacques Attali n’a pas parrainé Macron à cause des liens familiaux mais clairement, à cause du talent qu’il a découvert en lui. Le Président Macron est aussi passé par la vénérable banque Rothschild qui alimente beaucoup de fantasmes, mais, qui comme toutes les banques d’affaires, choisit toujours parmi les meilleurs au monde. Plus encore, une fois à l’Elysée, Emmanuel Macron alors Secrétaire Adjoint, a obtenu une promotion pour devenir Ministre. Cette rapide description, nous renseigne sur le caractère exceptionnel du personnage avant même l’annonce de sa candidature.
Il faut se l’avouer, ce n’est pas un parcours de jeune, c’est un parcours de maturité, de clairvoyance dans les objectifs ultimes, et de concentration. La carrière d’Emmanuel Macron est un chemin de discipline et un pavé de choix tactiques cohérents faits sûrement à l’écoute d’aînés sous le charme intellectuel du trentenaire, décidément leur égal.
Le faux débat de la jeunesse en Guinée !
Emmanuel Macron a-t-il été élu parce qu’il est jeune ? La réponse est un NON catégorique. Il a été élu parce qu’il était préparé à bénéficier de forts soutiens politiques et financiers, et à rencontrer un timing favorable. Où est la jeunesse dans tout cela ? Nulle part.
La jeunesse guinéenne vit d’illusions. Elle se prépare à une révolution sans armes. Les armes d’une révolution sont financières, intellectuelles, et humaines. Combien d’initiatives de jeunes en groupe ont abouti ? De quelle jeunesse disposons-nous ? La grande majorité se complaît dans le fait que Bill Gates et Mark Zuckerberg aient abandonné l’école. Comme disait un comique, eux, ils ont abandonné Harvard, et toi ? Dès qu’un jeune obtient un emploi dans une organisation, sa préoccupation est de démissionner vers l’auto-emploi libérateur de la pression du patron, des résultats, des indicateurs de performance. Cette jeunesse veut remplacer les dirigeants actuels dont elle se plaint sur Facebook mais, n’a pas encore eu la moindre idée pour faire développer son quartier ou même, pour payer régulièrement les employés/associés de sa Très Petite Entreprise.
Le débat de la jeunesse est un débat vain.
L’âge, s’il ne doit pas nous limiter, ne nous donnera pas des ailes. Le débat que nous devons faire est celui du talent, celui de la compétence, celui de la performance. Le débat que nous devons faire est celui de l’expérience ; celle qu’on acquiert dans l’humilité aux côtés des aînés et pas celle qu’on développe virtuellement en lançant des diatribes contemporains condamnés par leurs ambitions à être dans la quête de la performance.
Les meilleurs d’entre nous, trop occupés
La question s’est toujours posée à moi de savoir pourquoi les meilleurs d’entre nous ne parlent pas ou ne sont simplement pas visibles. La vérité, c’est qu’ils ont peur de s’engager parce qu’ils ont des acquis à préserver. Ils préfèrent laisser ceux qui sont désespérés de mener une vie insipide, pousser le cri permanent de la dénonciation : leur seule alternative. Les meilleurs d’entre nous sont trop occupés par des postes de responsabilité réelle dans des entreprises locales, régionales ou internationales. Ils sont, dans l’administration, trop occupés à faire fonctionner ce qui peut l’être. Ils sont trop occupés à payer leurs collaborateurs et à fabriquer les consommateurs de demain, la classe moyenne dont nous avons besoin pour booster notre économie.Mais surtout, ils sont trop occupés à attendre les classements bidons publiés dans les magazines qui encouragent l’illusion, la rêverie, et la paresse,par la célébration des victoires à domicile. Oui, ils sont vraiment occupés et c’est parce qu’ils le sont, que nous avons pour porte-étendard, des plaisantins et des incultes, prompts à l’insulte et moins à la démonstration rationnelle.
Jeunes de Guinée le travail est la solution !
La jeunesse n’est certainement pas la solution. Le travail l’est. Nous sommes condamnés, pour peu que nos objectifs ne soient pas seulement égoïstes, à travailler sans relâche. Nous devons arrêter de célébrer des victoires d’étapes, nous mettre résolument au travail, abandonner le copier-coller des idées du net pour nous plonger dans nos réalités, et développer des solutions utiles et bancables afin de nous rendre ainsi incontournables.
Nous devons construire des groupes solidaires en travaillant en toute transparence à l’accomplissement de nos communautés. Nous devons nous encourager dans la voie de la discipline pour apprendre, affiner nos compétences, aiguiser notre appétence pour la conduite des affaires privées ou publiques. C’est un travail permanent sans relâche, sans reconnaissance, qu’il va falloir accomplir. Nous devons nous armer de valeurs morales élevées, d’humilité, de foi, et d’abnégation pour que, depuis nos positions (employé, entrepreneur, fonctionnaire de l’État), nous soyons des phares d’espoir pour nos aînés dont les missions s’achèvent, pour nos enfants dont l’avenir paraît sombre, et pour l’humanité qui traversent des siècles de défis.
La Guinée ressemble à un vaste champ. On espère sur une bonne récolte sans couper au préalable les mauvaises herbes, sans lutter contre les oiseaux prédateurs et les criquets. En plus, ce champ foisonne de serpents au point de ne plus savoir où mettre les pieds. Après chaque révolution dans le pays, nous faisons le plein du réservoir de la même vieille voiture, ayant procédé à de toutes petites retouches sur la carrosserie, en gardant toujours l’espoir que cette carcasse ira loin et qu’elle pourra rattraper les autres, voire décrocher le rallye Paris-Dakar. Certes la carcasse brille un peu, mais nous oublions que le moteur est pourri. Voilà pourquoi tous les 20 ans, plutôt sur chaque 20 km, la bagnole tombe en panne très grave. Les hommes politiques que nous voyons toujours sur scène sont tous des mécaniciens. Ces derniers gagnent toujours gros en faisant semblant de la réparer. Ainsi donc, ils ne souhaitent jamais une nouvelle voiture sur la piste, car dans ce cas il y aura moins de réparations et beaucoup de mécaniciens seront en chômage.
Ibrahim Kalil Diallo Journaliste
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