Emmanuel Adebayor : « Je vote Faure pour que nos projets pour la jeunesse togolaise se concrétisent »

Le soutien d'Emmanuel Adebayor à Faure Gnassingbé a surpris beaucoup de Togolais.

Emmanuel Adebayor, l’emblématique capitaine de l’équipe nationale togolaise de football a affirmé dans une vidéo diffusée le 21 avril soutenir la réélection du président sortant Faure Gnassingbé. Dans une interview exclusive à Jeune Afrique, il confirme et explique un choix qui a suscité la polémique.

La vidéo a été consulté plus de 15 000 fois en moins de 48 heures, depuis sa mise en ligne le 21 avril sur generationfaure.com. Emmanuel Adebayor, star internationale de football qui évolue à Tottenham (Première division anglaise) affirme faire « confiance au président Faure Gnassingbé pour unir le Togo et bâtir une grande nation ».

En pleine campagne pour l’élection présidentielle du 25 avril, qui se termine ce 23 avril à minuit, le message du capitaine des Éperviers divise les internautes. Si les partisans du chef de l’État sortant se frottent les mains d’avoir réalisé « un gros coup marketing », dans les rangs de l’opposition la déclaration de soutien a du mal à passer.

Emmanuel Adebayor s’ajoute ainsi à une liste déjà longue de star togolaises ayant choisi « le camp Faure », à l’instar de Toofan, le célèbre duo de chanteurs. Le footballeur a-t-il été payé pour cette vidéo ? Ses détracteurs l’affirment sans preuve. D’autres assurent que le pensionnaire de Tottenham n’a pas besoin d’argent : il fait partie de la short-list des sportifs africains les mieux payés au monde avec un salaire annuel évalué à près de huit millions d’euros par an - hors contrats publicitaires et autres revenus.

L’ancien joueur d’Arsenal, de Manchester City ou encore du Real Madrid a accordé à Jeune Afrique une interview exclusive dans laquelle il explique les motifs de son engagement politique - très rare pour une star du football en activité.

Jeune Afrique : Pourquoi soutenir Faure Gnassingbé ?

Emmanuel Adebayor : Je suis né au Togo à l’époque de son père, feu le président Eyadema. Comme tous les Togolais, j’ai assisté à l’accession au pouvoir en 2005 de Faure Gnassingbé. Comme de nombreux concitoyens sincères et objectifs j’ai vu le pays subir de profonds changements, avec des infrastructures et une paix sociale indiscutable. En digne fils de ce pays, je ne peux qu’encourager celui qui est aux manettes de ce renouveau. Et dans ma vidéo je n’ai fait qu’affirmer publiquement mon choix d’un Togo qui prospère avec l’actuel président.

Pour les partisans de l’opposition, vous avez été « acheté » par le pouvoir…

Les gens passent volontairement sous silence le fait que mon message insiste surtout sur la paix dans le pays. Vous connaissez mieux que moi mon salaire à Tottenham avec lequel je suis toujours sous contrat. Je ne peux pas dire que je suis riche, mais je ne suis pas à plaindre. Tous les jours les Togolais choisissent de voter pour tel ou tel candidat. Je ne pense pas que le président Faure Gnassingbé puisse payer tout ceux qui porteront leur choix sur sa personne le 25 avril. Pour ma part j’analyse la situation actuelle en toute lucidité et je pense que, pour le moment, il reste l’homme de la situation.

Certains pensent aussi que vous préparez votre reconversion dans le monde des affaires au Togo…

J’ai une fondation panafricaine « SEA » [ses initiales, NDLR] qui s’investit pour le développement au Togo à travers sa jeunesse. Ce projet m’occupera quand viendra l’heure de ma retraite sportive. Je suis en discussions avec des partenaires occidentaux pour qu’ils viennent investir dans l’agriculture, le tourisme et l’entrepreneuriat. Le président Faure a initié la construction de cinq centres de jeunes dont le coût s’élève à plus de deux milliards de F CFA et nous sommes partenaires. Nous apportons des ressources pour permettre à nos frères de se former aux nouvelles technologies. Et je vote Faure pour que ces différents projets puissent se concrétiser pour le plus grand bonheur de cette jeunesse qui cherche à réussir. Voilà mon intérêt à soutenir Faure Gnassingbé.

Vous avez dans le passé été très critique vis-à-vis des autorités togolaises. Aurez-vous encore cette liberté de ton ?

Ceux qui me connaissent savent comment je fonctionne. Nous sommes en démocratie et voter pour un candidat ne peut nous condamner à regarder tout le temps dans la même direction que lui. Je peux jurer que le jour où ça ne se passera pas bien, je le dénoncerai. Pour le reste, je veux que les Togolais sachent que mes efforts sur et en dehors des terrains sont aussi faits pour qu’ils soient fiers de moi. Je souhaite que ce pays que j’aime plus que tout soit un havre de paix et de prospérité pour tous mes concitoyens. Et ce souhait guidera mon action aujourd’hui et demain.
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