Etre candidat ou pas, le choix cornélien de l’opposition burundaise
Au Burundi, l’heure du choix a sonné pour l’opposition. Les leaders politiques ont jusqu’à 17h30 ce samedi pour déposer leur candidature à la présidentielle. Hier, le président Pierre Nkurunziza, faisant fi des pressions internationales et de la contestation, à lui-même déposer sa candidature à la présidentielle du 26 juin. Aujourd’hui, l’opposition semble ne pas avoir de marge de manœuvre.
Après le dépôt de la candidature très controversée du président Nkurunziza vendredi, l’opposition burundaise n’a que quelques heures devant elle pour décider si oui ou nous elle va l’affronter sur le terrain électoral cette fois. Le couperet tombera aujourd’hui à 17h30, date et heure limite fixée par la Commission électorale pour le dépôt des candidatures à la présidentielle du 26 juin au Burundi.
Le choix est cornélien, estime un homme politique burundais, expliquant que soit ils y vont, ce qui équivaut pratiquement à légitimer le candidat Nkurunziza, soit ils boycottent, au risque de lui ouvrir la voie royale. Mais après l’expérience traumatisante de 2010 où pratiquement toute l’opposition burundaise avait opté pour le boycott, ses leaders ne veulent pas aujourd’hui faire la politique de la chaise vide.
Ira, ira pas ?
Agathon Rwasa, considéré comme le principal opposant burundais, assure qu’il va y aller : « La candidature de Nkurunziza ne nous empêche pas de déposer notre dossier, mais si cette candidature-là passe, on aura dit halte à la Constitution, qu’est-ce qui va arriver ? (…) D’ores et déjà dans le climat actuel, je ne trouve pas que les élections puissent avoir lieu comme prévu, on devrait plutôt penser à les repousser un peu. Peut-être la manœuvre du CNDD-FDD et du président Nkurunziza, c’est de chercher qu’on leur laisse la piste pour qu’ils dansent en solo, comme ils en ont l’habitude », indique-t-il.
Reste le cas de quelques irréductibles comme Léonce Ngendakumana, le président de la coalition ADC Ikibiri, qui ne veut pas cautionner un processus électoral qu’il qualifie d’anti-constitutionnel.
La même ligne de démarcation existe aussi au sein de la société civile burundaise, en première ligne de la mobilisation contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Mais là aussi, une majorité ne veut pas qu’on lui laisse le champ libre.
RFI