Exclusif : La colère monte au sein de l’armée guinéenne…Les vraies raisons !
C’est un fait qui semble être banal pour les autorités guinéennes mais qui est bel et bien une réalité.
La grande muette serait en colère, en colère contre les chefs qui ne font pas d’efforts pour prendre en compte ses préoccupations.
Même si plusieurs sous-officiers dans les casernes préfèrent jusque-là confier leurs langues aux chats, d’autres commencent petit à petit à sortir de leur silence.
En témoigne la semaine dernière le crépitement d’armes automatiques au camp Alpha Yaya Diallo. Ce signal de ces hommes en tenue teinté d’une expression de ras-le-bol était de courte durée.
Contre toute attente, le lendemain le ministre de la défense s’est fendu d’une déclaration de quelques phrases indiquant qu’il n’y a pas péril en la demeure.
Dr Mohamed Diané précise que toutes les dispositions seront prises pour identifier ceux qu’il appelle des éléments incontrôlés qui veulent chercher des poux sur un crâne rasé.
En analysant bien ces propos, on a l’impression que tout est rose et que ce qui se murmure entre ces militaires frustrés ne mérite pas d’attention.
Et pourtant !
Revenons-en peu à la genèse de cette histoire.
Dans le souci de tirer au clair cette situation, Journal Guinée a mené une enquête sur le fonctionnement de ce département les raisons qui pourraient justifier des bruits de botte au sein de la grande muette.
Selon certains hommes en tenue qui ont bien voulu se prêter à nos questions mais sous l’anonymat de peur d’être victime de sanction, il s’avère de nos jours que notre armée est malade.
Une maladie qui s’explique selon eux par une mauvaise gestion du budget alloué au ministère de la défense.
A cela s’ajoute le manque criard de dotations permettant à ces militaires de bien s’habiller.
Un autre problème non des moindres c’est l’obtention selon eux, des grades qui ne se fait plus sur la base du mérite mais de façon sélective.
<< Il y'a des choses inacceptables qui se passent actuellement au sein de cette armée. Imaginez depuis que le président Alpha est au pouvoir, on ne nous a doté que deux fois. Les tenues, les bérets, nos chaussures, nos insignes et même les maillots de formation ou de sport que nous portons sont achetés par nous à plusieurs centaines de mille par équipement. Et nos chefs militaires notamment le patron de l'Etat-major des armées le général Namory Traoré, le chef de cabinet du ministère de la défense le général Idi Amine et d'autres font comprendre au chef de l'Etat que tout va bien. Ils volent notre argent et construisent des maisons partout. Concernant les grades, en principe ils s'obtiennent de deux façons. C'est à dire chaque trois an, vous changez de grade où après une formation à l'étranger. Mais imagine, tu peux aller suivre des cours et tu viens trouver celui que tu dépassais est bombardé par des grades et toi tu restes au point initial. Vous voyez comment ces gens sont en train de nous mettre en retard? >> a expliqué un militaire sous l’anonymat apparemment très colère.
En ce qui concerne les conditions de vie, là aussi la situation laisse à désirer. Si sous le régime de lansana Conté, ces soldats ou sous-officiers vivaient dans la bombance, avec Alpha les robinets sont presque fermés. Mais à en croire à ces hommes en tenue qui se sont confiés à notre rédaction, l’argent va dans la poche de certains hauts gradés, ceux qui sont très influents et écoutés à Sékhoutouréya.
Le comble même ceux qui assurent la sécurité du président vivent le même calvaire. Leur situation économique serait très précaire.
Selon certaines indiscrétions, ces jeunes sont payés à moins d’un million de francs guinéens par mois.
Pas de prime, pas d’assurance maladie, faire aussi des bonds pour traverser le mois est souvent difficile.
C’est pourquoi d’ailleurs c’est un secret de polichinelle de voir ces jeunes militaires vendre leurs denrées alimentaires pour subvenir à leurs besoins. Leurs sardines, leurs eaux, leurs savons de mauvaise qualité sont vendus à vil prix.
Ils sont nombreux à se retrouver dans l’incapacité même de louer une maison dans les quartiers. Ils ont obligés de dormir dans les camps à la belle étoile. Le seul espoir pour certains, ce sont les jeux de hasard.
Ce n’est pas un tabou de voir tous les jours ces bérets rouges à proximité du palais Sékhoutouréya prendre d’assaut les différents kiosques de Guinée Games pour tenter leur chance à la loterie.
Ce problème qui perdure depuis des années pourrait si on n’y prend pas garde remettre en cause la réforme des services de défense et de sécurité tant souhaité par le chef de l’Etat et même provoquer une révolte comme ce fut le cas de l’affaire de bulletin rouge en 2007.
NBS pour Journal de Guinée