Le 6 août dernier, devant une foule de partisans zélés, Koro Alpha a fait une demande ubuesque aux militants de son parti : il sera candidat à la présidentielle d’Octobre 2020 s’ils….aident les jeunes et les femmes à sortir de la misère (sic !).Comme en 2010 et 2015, Koro croit tromper ses compatriotes pour mieux cacher son nouveau cauchemar : le Damaro qui trône sur le perchoir du parlement. Il faut dire qu’Amadou Damaro Camara, c’est un peu comme Koro Alpha (en plus jeune). Comme Koro, le Damaro est rusé, clivant et …déterminé à assouvir ses ambitions personnelles quelque soit le prix à payer. En empruntant les pas de Koro, le Damaro est devenu de facto, le cauchemar de l’actuel locataire du Kibanyi présidentiel. Voici pourquoi…
Primo, Damaro se présente désormais comme le dauphin constitutionnel de Koro Alpha.S’il arrive malheur à Koro, eh bien c’est le Damaro qui risque de piquer sa place. Pourtant, comme tout autocrate qui déteste la moindre contradiction, Koro n’aime pas ni parler, ni préparer sa succession. Surtout avec le Damaro qui est tout sauf un enfant de cœur . D’ailleurs, le Damaro a fièrement claironné dans son livre témoignage, qu’il avait participé activement à un coup d’Etat pour évincer ….Lansana Conté en juillet 1985. C’est pour dire que depuis près de 40 ans, le Damaro rêve du Kibanyi et il estime logiquement qu’il lui reste une dernière marche pour devenir le Mansa de tous les guinéens. Par conséquant, s’il brigue un troisième mandat, les cinq années seront longues pour Koro Alpha qui risque de plonger dans la psychose pour sauver son Kibanyi. Autant dormir avec un œil ouvert et ne pas baisser sa garde face à un dauphin impatient et incontrôlable. Un cauchemar qui peut faire mal…
Secundo, le Damaro ne fait pas l’unanimité dans la mouvance présidentielle. Militant de la dernière heure du parti de Koro, le Damaro a étouffé dans l’œuf (pour l’instant) les ambitions des caciques et fidèles de Koro Alpha qui l’avaient soutenu lors de sa longue et pénible conquête du pouvoir. Ces derniers n’attendent qu’une chose: faire chuter de le damaro de son perchoir du parlement dès que l’occasion de présente, pour avoir leur revanche. S’il reste au pouvoir, Koro Alpha ne fera que différer cette guerre intestine qui mine son parti. En cas de départ de Kôro, son parti volera en éclats entre les pro-et anti Damaro. Un peu comme le parti de l’unité et du progrès (PUP) qui peine encore à se relever après la mort de Lansana Conté. Un vrai cauchemar qui peut faire mal…
Enfin, la base communautaire des soutiens du Damaro n’augurent rien de bons surtout dans la région forestière où les violences entre communautés sont récurrentes. Même s’il se fait discret dans les médias, peu de ses compatriotes ont oublié ses discours virulents à l’égard des adversaires de Koro Alpha. Au Foutah comme en Forêt, beaucoup de ses compatriotes rêvent de tout sauf….voir le Damaro devenir président de la République. Certes, ce qui est importe à Koro c’est de rester dans son Kibanyi jusqu’à son dernier souffle.Mais il sait également que son héritage chaotique est une assurance pour figurer dans les poubelles de l’histoire. Un vrai cauchemar qui peut faire mal.
En définitive, partagés entre l’amnésie collective (Koro n’a rien à offrir à part l’ambiance d’une longue et pénible fin de règne) et l’impuissance face à nos opposants-opposés ; les guinéens doivent également trancher un gros paradoxe : leur constitution. Comble du ridicule, l’ancien ministre de la justice Check Sacko a confirmé récemment l’impensable : la « nouvelle « constitution adoptée dans le sang pour permettre à Koro de se représenter, a bel et bien été modifiée après sa …promulgation. Du jamais vu !A côté de la pagaille politique se dessine donc le gouffre constitutionnel. Au lieu donc de se fixer uniquement sur les élections présidentielles en Octobre 2020, les guinéens (gouvernants et gouvernés) doivent impérativement organiser des assises nationales pour discuter de leur avenir commun. La communauté internationale (s’il en existe une) doit faire pression sur Koro et nos opposants-opposés à travers une médiation pour une sortie de crise. Car organiser une présidentielle en Octobre sur la base d’une constitution contestée, avec un fichier électoral tronqué, avec des candidats détestés par les électeurs, c’est l’assurance d’un avenir orageux dans le ciel guinéen qui n’augure de bon.Il n’est peut-être pas trop tard pour éviter le pire. Pour éviter ce cauchemar du Damaro, Koro peut encore faire un dernier sursaut pour sauver son pays. Car si les guinéens s’entretuent, la communauté internationale (qui a d’autres chats à fouetter) brillera par son impuissance et son indifférence. Aux côtés de la communauté internationale, deux acteurs importants peuvent faire basculer la balance : Ce sont nos barbes blanches et les femmes qui n’aiment pas les discours guerriers qui tuent leurs fils. Seront-ils entendus ? Espérons le. A moins qu’un ennemi commun ne réveille les guinéens de leur cauchemar: les terroristes qui rodent déjà au sahel et qui guettent comme des vautours le premier faux pas de la Guinée. Ces chiens de guerre n’hésiteront pas à se jeter sur une proie si riche mais quasi abandonnée à son sort. Mais ceci est une autre histoire. A bientôt.
Amadou Diallo