Irak: al-Abadi vient chercher des armes à la Maison-Blanche

Irak: al-Abadi vient chercher des armes à la Maison-Blanche

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Haïdar al-Abadi, lors d’une visite à Tikrit, le 1er avril 2015, doit rencontrer le président des Etats-Unis, Barack Obama, ce mardi 14 avril pour réclamer de nouvelles livraisons d’armes.AFP PHOTO / AHMAD AL-RUBAYE

Le Premier ministre irakien, Haïdar al Abadi, effectue ce mardi sa première visite officielle aux Etats-Unis, où il sera reçu par Barack Obama. Il doit notamment plaider pour obtenir des livraisons d’armes, notamment des drones, alors que le pays est toujours partiellement occupé par le groupe terroriste de l’Etat islamique.

Avec notre envoyée spéciale à Bagdad,

La visite d’Haïdar al-Abadi est importante pour le premier ministre irakien, engagé dans une bataille difficile avec l’organisation de l’Etat islamique (EI), tandis que, de leur côté, les Etats Unis veulent montrer qu’ils ont rectifié le tir en Irak et qu’Haïdar al-Abadi est l’homme de la situation.

De fait, al-Abadi, plus mesuré que son prédécesseur, soulève moins les passions. Contrairement à Nouri al-Maliki, il ne lance pas d’invectives antisunnites dans ses discours. Cela ne veut cependant pas dire que la communauté sunnite l’apprécie. Au contraire même, elle s’en méfie. Haïdar al-Abadi vient d’un parti chiite proche de l’Iran et cela suffit à le discréditer d’autant qu’il n’a pas travaillé à la réconciliation depuis son arrivée au poste de Premier ministre.

Abadi critiqué jusque dans son propre camp

La réconciliation, Haïdar al-Abadi en a certes parlé -c’était d’ailleurs la mission de son gouvernement installé sous les auspices de Washington- mais il n’a pas ou peu eu de gestes pour rassurer une communauté tiraillée. Abadi n’a pas ordonné l’arrestation des miliciens qui ont tué des civils et des prisonniers de guerre à Dyala et Tikrit. Il s’est contenté d’appeler à la retenue. Il a aussi traîné les pieds pour armer les volontaires sunnites contre l’EI.

Il est aussi très critiqué dans son propre camp, car jugé trop faible avec les sunnites. D’autres lui reprochent ses mesures très médiatiques : la nomination d’une femme à la tête de la ville de Bagdad ou encore la levée du couvre-feu dans la capitale alors que la guerre est aux portes de la ville. Abadi est un équilibriste qui a du mal à fédérer sur son nom un pays divisé.

Abadi veut des armes

La première mission que s’est fixée le Premier ministre irakien à Washington est de plaider pour obtenir des livraisons d’armes supplémentaires. Ce n’est pas la première fois que l’Irak fait une telle demande. L’Irak a perdu des milliards de dollars d’armes lors de l’effondrement de son armée, l’année dernière et l’armée irakienne a dû fournir armes et équipements à sa mobilisation populaire - 80 000 volontaires ont dû être entraînés et équipés. Maintenant, le pays doit encore équiper les volontaires sunnites des deux grandes régions qu’il reste à libérer, al-Anbar et Mossoul.

Le gouvernement a distribué 1 500 AK47. Mais c’est insuffisant, affirme Suheib al-Rawi, gouverneur d’al-Anbar. « Aujourd’hui, nous avons besoin d’armes sophistiquées, comme celles utilisées par l’Etat islamique. Des missiles par exemple. Des armes antichar… », liste le gouverneur d’al-Anbar. « Et si le gouvernement veut libérer al-Anbar, il lui suffit de donner ces armes aux tribus locales, aux volontaires locaux pour que l’on se débarrasse de ces gangs. » L’Irak achète également des armes à l’Iran. La République islamique a aussi envoyé des troupes sur le terrain irakien et des commandants iraniens ont même supervisé des opérations en Irak.


Les engins explosifs improvisés, arme de prédilection de l’Etat islamique en Irak

Des membres des forces de sécurité irakiennes à l’entraînement, le 9 avril à Jurf al-Sakhar.REUTERS/Alaa Al-Marjan

Lundi 13 avril, la police fédérale irakienne a présenté à la presse 12 suspects et a montré ce qu’elle a découvert dans deux fermes situées au sud de Bagdad : des centaines d’explosifs, des lance-roquettes, des détonateurs.

Ces hommes appartiennent tous à l’organisation Etat islamique, selon la police, qui a longuement exposé les techniques utilisées par le groupe de suspects. Ces hommes viennent de régions dites « libérées », dans la ceinture de Bagdad. D’un village appelé Charawan. Ils avaient caché leurs armes dans deux fermes. Leur but était de faire des victimes dans les rangs des forces de sécurité avec des dispositifs explosifs cachés dans les endroits les plus anodins.

Il y a l’explosif enterré sous la route, la porte piégée, le lampadaire piégé… Un officier explique comment avec une simple pince à linge ils peuvent piéger une porte ou une fenêtre : « C’est un système très simple. On ne peut pas deviner que c’est un détonateur. Ils la connectent à la porte avec un fil en métal. Tant que la pince est ouverte, tout va bien, mais si on ouvre la porte, on tire sur le fil. L’isolant tombe, les deux bouts se touchent… et boum. »

Une grande partie des soldats et combattants morts en opération sont tués par l’explosion de ce type d’engins. Les villages abandonnés par l’organisation Etat islamique sont systématiquement piégés.

RFI