La Guinée : La condition citoyenne !
‘’Celui qui n’aime pas son pays ne peut rien aimer d’autres’’ affrimait William Shakespeare.
Cette formulation de la civilité majeure que l’on peut être fondé à vouer à son pays corps et âme ne perdrait pas de sa valeur, si on la reprenait à travers le prisme reformulant d’une autre manière de voir ; Je n’ai jamais vu de Guinéen qui n’aime pas son pays, même su il lui arrive, dans des circonstances passagères qui piquent au vif, de trouver que son horizon national est le pire que la planète ait jamais produit.
Seulement voilà ; le citoyen acclimaté sous nos latitudes nationales, le citoyen maté par la condition humaine version locale, le citoyen reformaté par l’ultime désir de vivre ensemble, s’aime lui-même bien plus que son pays.
Citoyen, il trouve que l’autre citoyen est un moyen de l’affirmation de son bonheur au sens qui voit les autres doivent trimer pour lui éviter le feu de l’effort, au sens ou les autres doivent respecter la loi pour l’expression de son bonheur indivis.
Perdant de vue que l’individualisme outrancier, exacerbé, fait le lit du péché politique, que l’essence, la valeur intrinsèque, de l’atome citoyen réside dans l’équilibre entre les droits et les devoirs vis-à-vis de ses concitoyens, vis-à-vis des institutions socio-politiques de son pays.
Où est le citoyen guinéen ?
Dans les devoirs ?
Dans les droits ?
Il nous semble plus dans les droits dont l’on exige le règne immédiat que dans les devoirs qui contraignent ici et maintenant :
« Les devoirs, c’est l’autre, les droits, c’est moi ».
La solidarité qui est une partie de notre devise n’existe plus que par le nom. La population guinéenne dans son écrasante majorité est croyante et pourtant toutes les religions révélées prônent l’amour de son prochain et cela quelque soient ses croyances, son ethnie ou son origine. Mais dans notre pays apparemment cette fraternité humaine est perdue. Aujourd’hui, combien de personnes au vue d’un décret essaient avant tout de dénombrer le nombre de personnes issues de leur ethnie avant de vérifier ce qui est le plus important c’est-à-dire le CV, la probité et l’intégrité de la personne nommée. Il est très facile de voir un Guinéen se réjouir du malheur d’un autre frère guinéen, il suffit d’aller dans certains pays pour pouvoir vérifier ces propos. On aurait plus à gagner dans l’harmonie.
Comme le disait un célèbre politicien de notre pays, je le cite : « un Guinéen peut préférer faire perdre à la Guinée cent mille dollars pour avoir dix mille dollars pour soi-même ». Rien de plus pour démontrer le manque de patriotisme de certain de nos concitoyens. Les symboles d’une nation doivent être respectés par tout bon citoyen et les intellectuels doivent être des donneurs d’exemple dans ce sens. Qui n’a pas entendu un agent dire : « Est-ce que ce sont ces papiers que je vais manger ? » Que dirent des personnes qui gardent leurs marchandises, juste pour les revendre plus chères pendant le mois de ramadan et ces gérants de stations-services qui bloquent les ventes pour ravitailler le marché noir. De ces médecins qui pour toucher un malade réclame des millions à des familles souvent démunies, malgré leur serment d’Hippocrate. De ces vendeurs d’huile qui la mélange à de l’eau certainement pour augmenter les bénéfices. De ces personnes qui, avec de la poudre fabrique des médicaments pour les revendre à leurs compatriotes. Combien de coupables circulent dans ce pays parce qu’ils ont de l’argent alors que des innocents croupissent en prison ? Leur seul tort est d’être pauvre. On pourrait en citer dans tous les secteurs de notre pays.
Oui ! Citoyens nous sommes, mais citoyens véritables, nous le serons c’est quand la loyauté géographique du reflexe citoyen transcendera l’inclinaison paralysante du narcissisme individuel béat au profit de grandeur nationale. Afin que, bien plus que membres d’un Etat, les citoyens fleurissent comme membres engagés d’un devenir qui irait dans les normes constitutionnelles jusqu’à rappeler aux tenants du pouvoir terrestre d’inspiration éternelle qu’ils ne sont que des locataires devant la juridiction du bulletin de vote avisé, formé, cultivé et instruit de son rôle de veille dans le triomphe de la citoyenneté intégrale.
Ibrahim kalil DIALLO
Directeur de publication de Journal de Guinée
621501582