La Guinée s’enflamme

Un manifestant a été tué à coups de matraque. Le pouvoir guinéen avait mobilisé en masse les forces de l’ordre pour empêcher des manifestations de l’opposition contre le calendrier électoral.

Des manifestants sont dispersés par les forces de sécurité guinéennes, le 13 avril 2015 à Conakry

Conakry. La répression de manifestations non autorisées a fait plusieurs morts depuis la mi-avril en Guinée.

Une nouvelle fois, les forces de l’ordre ont tué en Guinée. Un partisan de l’opposition a été tué ce jeudi à coups de matraque par les forces de l’ordre qui tentaient d’empêcher une manifestation à Labé, fief de l’opposition dans le centre du pays, selon une source hospitalière et des témoins.

La victime a été identifiée par un journaliste local comme Boubacar Sadio Diallo, âgé d’une vingtaine d’années. Le corps a été conduit à la morgue de l’hôpital régional par les manifestants aux cris de « Allahou akbar » (Dieu est le plus grand) et « Mort aux dictateurs ».

Journée « ville morte » à Conakry

Le pouvoir guinéen avait mobilisé en masse les forces de l’ordre pour empêcher dans tout le pays les manifestations de l’opposition, qui proteste contre le calendrier électoral à l’approche de la présidentielle d’octobre.

Après une journée « ville morte » à Conakry au début du mois puis des manifestations non autorisées mi-avril et en début de semaine — avec plusieurs morts et au moins une vingtaine de blessés — l’opposition cherchait à étendre sa contestation au reste du territoire.

Des échauffourées ont éclaté en milieu de journée entre manifestants et forces de l’ordre en banlieue de la capitale, faisant au moins cinq blessés légers parmi les civils, ont indiqué des témoins à l’AFP.

Soupçons de manipulation électorale

Alpha Condé, élu en 2010, a réaffirmé mercredi que la présidentielle se tiendrait en octobre. Il rejetait ainsi implicitement la demande de l’opposition que soit d’abord organisé le scrutin local, désormais fixé à mars 2016.

L’opposition soupçonne le pouvoir de vouloir utiliser les exécutifs communaux provisoires qu’il a désignés, faute de scrutin à cet échelon depuis 2005, pour influer, y compris par la fraude, sur la présidentielle.