Depuis le décret présidentiel du mardi dernier couplant les législatives au référendum constitutionnel pour le 1er mars prochain, le front national de défense de la constitution (FNDC) se mue entre incapacité pour s’être mis devant le fait accompli, et une certaine impuissance face à la dynamique enclenchée.
D’un côté, les observateurs s’accordaient à dire que le mouvement s’essoufflait avec des contestations concentrées dans les fiefs de l’opposition, et que le FNDC n’a pas réussi à imprimer une dynamique pouvant entraîner l’adhésion de l’ensemble de la population. De l’autre, la structuration économique de notre pays, basée essentiellement sur l’informelle, consistant pour la population de vivre au jour le jour, fait qu’une dynamique de contestation permanente ne peut s’inscrire dans la durée, et peut même finir par se retourner contre les initiateurs. C’est peut-être là, le sens de la mesure pour les opposants à une nouvelle constitution.
Un baroud d’honneur en guise de clap de fin
Les dernières journées d’appel à la « résistance active » n’ont été que partiellement suivi et toujours dans les mêmes zones, laissant parfois place à des scènes de guérilla urbaine avec des victimes à la clé. De ce constat, le FNDC se retrouve confronter à la limite de ses propres actions.
Le communiqué N°061 en date du 6 février et un des passages du dit communiqué vient illustrer ce constat « Le FNDC appelle la communauté internationale à prendre des mesures vigoureuses tant au niveau individuel que collectif contre tous ceux qui, par leurs propos ou par leurs actions, soutiennent ce projet dangereux pour la Guinée et la sous-région ». Ces mots résonnent comme un aveu d’impuissance mais aussi comme un appel de détresse à l’endroit d’une communauté internationale attentiste qui, il faut bien le dire, ne peut interdire à un peuple de s’exprimer par la voie démocratique.
Ceci tant, les protestations prochaines du front s’inscriront dans une certaine logique de baroud d’honneur pour ne pas perdre la face, ayant promis à ses militants une victoire contre ceux qu’il appelle les imposteurs, échouer donc de cette façon serait un énorme gâchis.
Le sens de la mesure ou de la réalité pour le FNDC ?
Pas de besoin d’être expert en économie pour dire que l’économie guinéenne est essentiellement informelle. Une bonne partie de la population, surtout celles qui habitent les grandes agglomérations, vivent au jour le jour c’est-à-dire écouler leurs biens ou vendre leurs services pour préparer les jours suivants. C’est donc dire que la « résistance active » appelée par les opposants avait peu de chances d’aboutir. C’est là le mur devant lequel le FNDC ne peut résister, le cas échéant, ils risquent de subir la colère d’une population qui se sentira prise en otage dans un combat dont elle ne maîtrise pas les contours, et qui n’est pas forcément mené pour ses intérêts.
C’est également dire que le FNDC a perdu la bataille consistant à faire barrage à un exercice éminemment démocratique qu’est le référendum. Les dés sont déjà lancés et la marche vers une nouvelle constitution semble inéluctable dans le pays. Les opposants ont tout intérêt à préparer l’après référendum, c’est-à-dire par une approche totalement différente de celles qu’ils ont déjà montrée, faire en sorte que l’actuel président de la république renonce à être candidat en octobre prochain. Et pour parvenir à un tel résultat, les surenchères, les postures arrogante du genre « il n’y aura pas de référendum », doivent laisser place à l’intelligence, à la real politik et à une dynamique collective pouvant amener l’actuel chef de l’Etat à passer la main à l’issue de son dernier mandat.
Pour se faire, j’invite le FNDC à aller à la rencontre du président de la république pour soutenir son projet de constitution, tout en exigeant de ce dernier la contrepartie de ne pas briguer de mandat supplémentaire. C’est une voie de sagesse qui peut avoir un écho positif chez le président Alpha Condé.
Toute autre action serait « Coûteuse » et contre-productive à la fois pour eux mais aussi pour les guinéens. À eux désormais d’emprunter la voie médiane .
Par Alexandre Naïny BERETE