Les Etats-Unis reprennent leur livraison d’armes à l’Egypte
Washington a annoncé mardi 31 mars la reprise des livraisons d’armes lourdes à l’Egypte, gelées après la répression sanglante contre les partisans du président Morsi. Les Etats-Unis avaient initialement conditionné la reprise de son aide militaire, suspendue en octobre 2013 à des réformes démocratiques dans le pays. Mais le rôle incontournable de l’Egypte dans la région a poussé la Maison Blanche à infléchir sa position.
Dans le Sinaï, en Libye, et maintenant au Yémen, l’Egypte est engagée sur trois fronts dans la lutte contre le terrorisme. Donc si les Etats-Unis souhaitaient maintenir une relation de défense étroite avec Le Caire, ils ne pouvaient pas empêcher plus longtemps les ventes d’armes vers ce pays. Fin avril 2014, le Pentagone avait timidement donné son feu vert à la livraison d’hélicoptères d’attaque Apache, destinés à être envoyés dans le Sinaï. Cette année, au mois de février, l’Egypte a envoyé ses avions de combat F-16 bombarder les positions du groupe Etat islamique en Libye, après l’exécution de 21 coptes égyptiens.
Sécurité maritime
A présent, c’est la situation au Yémen qui préoccupe l’Egypte. Le Caire s’est d’entrée de jeu mis du côté de l’Arabie saoudite, l’un des principaux soutiens financiers du régime Sissi, et par ailleurs l’Egypte n’a aucun intérêt à voir les liaisons maritimes internationales perturbées dans la région de Bab el-Mandeb. 34 000 navires empruntent chaque année la route maritime allant de l’Asie à l’Europe, en passant par l’Océan indien, la mer Rouge et la Méditerranée. Un conflit durable au large du Yémen, aurait des répercussions sur le trafic dans le canal de Suez qui génère chaque année de l’ordre de 3,6 milliards de dollars de bénéfices pour Le Caire.
Avions de combat, missiles, et pièces détachées
Le Pentagone accepte de livrer douze F16C/D block-50, vingt missiles anti-navires AGM-84 Harpoon, et des pièces pour les chars M1A1 Abrams ; les mêmes d’ailleurs qu’on avait vus dans les rues du Caire durant la répression de la révolution du temps de Moubarak. Au-delà de ces livraisons, Barack Obama, qui a eu Abdel Fatah al-Sissi au téléphone, va plus loin : le président américain lui a assuré qu’il allait continuer à demander le vote au Congrès des 1,3 milliard de dollars alloués chaque année à l’Egypte par Washington au titre de l’aide militaire américaine.
Guerre commerciale
Depuis 1979, et les accord de paix de Camp David avec Israël, l’Egypte est un très bon client des Etat-Unis, et les choix du raïs en matière d’armement sont regardés de près par les pays voisins. Ainsi, quand le président Sissi décide de commander 24 avions de combat Rafale, une Frégates Fremm, des Corvettes Combat Gowind, ainsi que des missiles à la France, c’est autant de commandes qui échappent à l’industrie américaine, qui propose des systèmes très comparables, comme les quatre patrouilleurs Ambassadors Mk-3 commandés au début de la décennie auprès d’un chantier naval américain, et dont les livraisons ont été retardées après la révolution de 2011.
RFI