Les résultats provisoires ont commencé à être publiés dès ce jeudi après-midi. Sans surprise, Pierre Nkurunziza apparaît largement en tête.

Dans sa ville natale de Ngozi, le président Nkurunziza atteint un score de 81,77%, devançant largement son principal rival Agathon Rwasa avec 14.64%. Un candidat qui s’est pourtant retiré de la course présidentielle à la veille d’une élection contestée par la majeure partie des acteurs politiques burundais et de la communauté internationale.

Tous les suffrages exprimés en faveur des candidats initialement enregistrés sont comptabilisés alors mêmes que ces deniers se sont retirés de la course, dénonçant un forcing électoral et un acharnement du président sortant à briguer un troisième mandat.

Même si la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) martèle que c’est à la Cour constitutionnelle de valider les résultats, elle est très claire quant à la question du décompte des voix des candidats protestataires. « Ils ont écrit à la Ceni, mais ils n’ont jamais retiré leurs dossiers conformément aux normes en vigueur », a précisé Pierre Claver Ndayicariye son président.

Même si le décompte du scrutin présidentiel de mardi s’est fait dans le calme, la position de la société civile reste inchangée depuis le mouvement de contestation contre le troisième mandat de Nkurunziza débuté en avril dernier. « Nul ne reconnaîtra les résultats qui sortiront des urnes », a déclaré un membre de la société civile burundaise. Les défenseurs de la constitution et des accords d’Arusha de 2000 ont toujours défendu cette position.

« Le deuxième mandat du président sortant se termine le 28 août 2015 », a insisté Vital Nshimirimana, délégué général du Forum des organisation de la société civile (Forsc). « Au-delà de cette date, Nkurunziza ne sera plus considéré comme le président du Burundi. S’il persiste, son mandat sera considéré comme un coup d’Etat constitutionnel », a-t-il ajouté.

Reprise de la médiation ?

L’opposition Burundaise, réunie dans la coalition ADC-Ikibiri, a tenu une réunion au lendemain des négociations avortées à deux jours de la présidentielle. À l’issue de cette rencontre, ils affirment avoir lancé un appel vibrant à toutes les forces vives concernées afin de trouver une alternative. « Mais la suite revient à la médiation, assurée par la diplomatie ougandaise, car elle est chargée d’assainir la situation », a confié Frédéric Bavuginyumvira président du parti Frodebu et membre de la coalition.

Tous les partenaires influents du Burundi s’accordent à dire que le scrutin présidentiel qui a appelé près de quatre millions d’électeurs à se présenter aux urnes est non crédible au regard des conditions de sa tenue.

Didier Reynders, vice-Premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères déplore que les élections aient été organisées avant que ce dialogue ait pu vraiment démarrer. « J’espère que le dialogue entamé sous la médiation de l’Ouganda permettra de rétablir le consensus entre toutes les parties et d’assurer le respect des principes fondamentaux comme le respect pour l’Etat de droit, la démocratie et les droits de l’Homme », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Le ministre conclue en assurant que son pays continuera, avec ses partenaires, à tout mettre en œuvre pour revenir à une solution conforme à l’esprit d’Arusha et pour enrayer la violence au Burundi.

Jeune Afrique