Nucléaire iranien: tout ne va pas être rose d’ici au 30 juin

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Le chef de la diplomatie américaine John Kerre (g.) et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, le 16 mars 2015 à Lausanne, en Suisse.REUTERS/Brian Snyder

L’Iran va réduire sa capacité nucléaire sur le long terme, et obtenir en échange la levée des sanctions internationales. C’est ce qui figure sur le compromis accepté jeudi à Lausanne au terme d’intenses négociations entre la République islamique et les six puissances qui négocient avec Téhéran dans ce dossier du nucléaire. Même s’il est détaillé, cet accord-cadre doit encore être rédigé d’ici au 30 juin prochain, et d’ici là il reste des obstacles.

Avec notre envoyé spécial à Lausanne, Nicolas Falez

Il y a tout d’abord les obstacles techniques et juridiques sur la voie d’un accord global. Le document de Lausanne ne fait que cinq pages mais il en faudra beaucoup plus pour préciser les engagements des uns et des autres, avec toutes les difficultés que cela implique. Encore de longues discussions en perspective donc pour les experts de la technologie nucléaire, mais aussi pour les spécialiste des sanctions : car on ne rétablit pas en un claquement de doigt des flux financiers qui ont été bloqués à coup de sanctions bancaires internationales (voir encadré).

Mais la difficulté peut aussi venir de l’extérieur, du Congrès américain, où les opposants à l’accord ne vont pas forcément désarmer après le succès de Lausanne. Dans les heures qui ont suivi l’annonce du compromis, le président républicain de la Chambre des représentants a estimé que Barack Obama s’écartait de façon « alarmante » de ses objectifs dans la négociation.

A Téhéran, le président Rohani et son ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, vont aussi essuyer les critiques des factions conservatrices, qui ne manqueront pas de dénoncer un compromis jugé trop favorable à l’Occident.

■ Un soulagement pour l’économie iranienne

En contrepartie de cet accord, à terme, les Etats-Unis et l’Union européenne devraient suspendre leurs sanctions unilatérales dès que le respect des engagements de l’Iran sera certifié par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Une bonne nouvelle pour l’Iran dont l’économie a souffert du feuilleton.

L’inflation en Iran reste forte, mais serait officiellement bien en-dessous des 70 % en rythme annuel atteint mi-2013.AFP PHOTO/ATTA KENARE

En effet, les sanctions ont eu un impact fort sur la croissance de l’économie iranienne. Selon un rapport du centre de recherche du Congrès américain, l’économie de l’Iran est 15 à 20 % inférieure à ce qu’elle aurait été sans le renforcement des sanctions après 2010.

L’une des principales difficultés, c’est le manque de débouché pour le pétrole dont le sol iranien est pourtant riche. Les ventes ont donc chuté. En 2011, avant l’entrée en vigueur de l’embargo pétrolier européen, l’Iran exportait plus de 2 millions de barils par jour, l’an dernier Téhéran n’en a vendu qu’un peu plus d’1,1 million hors de ses frontières.

Cet embargo a limité l’entrée de devises étrangères en Iran, tout comme le gel des avoirs.

L’absence de relations normales avec le système bancaire international est d’ailleurs une autre difficulté majeure pour le pays. Cela a empêché industriels et commerçants iraniens de s’approvisionner à l’étranger. Cela a aussi empêché ou découragé l’investissement étranger dans le pays.

L’économie iranienne aurait un peu soufflé depuis l’allègement des sanctions à l’automne 2013. En tout cas en ce qui concerne l’inflation. Elle reste forte, mais serait officiellement bien en-dessous des 70 % en rythme annuel atteint mi-2013.

RFI