En Centrafrique, le vainqueur de la présidentielle, Faustin-Archange Touadéra, qui n’a pas de parti, consulte ses soutiens. Avant son investiture, prévue fin mars, le président élu avec 62% des voix, selon les résultats provisoires, est coincé entre la nécessité d’engager des réformes urgentes et l’obligation d’attendre la fin des législatives pour former son gouvernement et composer sa majorité, à savoir 71 sièges sur 140. Le tout, en tenant compte du soutien d’une vingtaine de partis divers et du ralliement d’une vingtaine de candidats battus au premier tour de la présidentielle. Les grandes manœuvres démarrent discrètement.
« Vu le nombre de candidats indépendants aux législatives, les indépendants pourraient bien être le premier bloc parlementaire », prédit un observateur à Bangui.
« C’est une bonne nouvelle puisque les indépendants ont tendance à se rallier au pouvoir », répond Crépin Mboli-Goumba, président de la Concertation élargie, plateforme de formations politiques qui ont soutenu le candidat Touadéra.
Parmi ces soutiens, le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC) de Martin Ziguélé que certains voient comme le prochain Premier ministre ou président de l’Assemblée.
« C’est trop prématuré », rétorque l’intéressé avant d’ajouter que le processus electoral « n’est pas terminé » et que « jusqu’à maintenant il nous a réservé beaucoup de surprises ».
« Il n’y aura pas d’état de grâce »
De son côté, le Kwa Na Kawa (KNK) - en langue sango, Kwa Na Kwa signifie « le travail rien que le travail » - qui avait soutenu officiellement Dologuélé et qui aligne une quarantaine de candidats aux législatives, ne veut pas se situer dans la future opposition.
Lors de la présidentielle, le parti de François Bozizé a vu une partie de ses cadres et nombre de ses militants choisir Touadéra.
« Evitons cette fracture majorité-opposition. La RCA aura besoin d’une mobilisation de toutes ses énergies », déclare aujourd’hui le secrétaire général du KNK, Bertin Béa, qui entend rebondir sur le message du vainqueur en faveur d’une équipe de large consensus.
« Pour l’instant, rien n’est défini », assure-t-on dans l’entourage de Faustin-Archange Touadéra où l’on estime que quelle que soit la composition du gouvernement et de la majorité, il faudra se mettre au travail immédiatement.
« 62% ce n’est pas un chèque en blanc. Il n’y aura pas d’état de grâce », prédit, de son côté, Crépin Mboli-Goumba.
AFP