Ce lundi 13 février, plusieurs quartiers de Conakry, ont été paralysés par des écoliers et des élèves en colère suite à la reprise avortée des cours après dix jours de fermeture des classes.
Le malaise de l’école guinéenne risque de perdurer si le syndicat de l’éducation et le gouvernement guinéen s’enferment dans leur guerre d’égos.
En tout cas, en recevant les leaders syndicaux le vendredi dernier, Alpha Condé, semble avoir opté pour un pourrissement de la situation.
Après les fameux dix jours de congés imposés aux élèves guinéens, le chemin de l’école est resté embouteillé ce lundi à Conakry et dans la plupart des villes de la Guinée.
En effet, les élèves ont plutôt pris la rue que le chemin qui mène à leurs salles de classe.
C’est ce lundi en réalité qu’est tombé le subterfuge gouvernemental qui a consisté à faire accroire que cette fermeture momentanée ne visait qu’à permettre aux nouveaux enseignants de rejoindre leurs écoles d’affectation.
Cette mesure s’apparentait donc à une couche de cosmétique destinée à divertir l’opinion sur le bras de fer entre le gouvernement Mamady Youla et le syndicat des enseignants.
N’en pouvant plus de rester cloitrer à la maison, les évaluations de fin d’année approchent inexorablement, les élèves ont pris le parti de descendre avec bruit et fracas dans la rue, à travers le pays.
C’est la question du recrutement des enseignements contractuels qui a récemment apporté de l’eau aux moulins du malaise du corps enseignant.
Une situation qui s’est corsée depuis que les contractuels admis ont décidé de rester solidaires de ceux ayant été recalés lors du concours de recrutement.
Mais ce qui focalise dans ce dossier, c’est bien la tournure du bras de fer gouvernement-syndicat, qui vire à la guerre d’égo entre les acteurs syndicaux et le Président de la République.
Pr Alpha Condé semble déjà souffler sur les braises, puisqu’à en croire le mouvement syndical, le chef de l’Etat aurait fermé la porte à augmentation de salaire. Le locataire de Sekhoutourea leur aurait d’ailleurs signifié qu’ils étaient libres de faire la grève à satiété.
Samedi dernier, devant leur base, un responsable syndicat a répliqué que ce n’était pas à l’exécutif de tenter d’effrayer les centrales syndicales.
Une chose est sure, Alpha Condé n’en est pas à son coup d’essai. N’avait-il réussi à faire lâcher prise à la CNTG et l’USTG sur la question populaire de la baisse du prix du litre de carburant à la pompe.
Comble d’ironie, Alpha Condé avait, là aussi, prévenu la bande à Amadou Diallo qu’il ne reculerait pas sur cette question.
De guerre lasse, certains diraient à coups de billets de banque, les deux centrales syndicales avaient ravalé leurs prétentions.
Se contentant de concessions corporatistes au détriment du principe universel de la flexibilité des prix des produits pétroliers.
Cette page d’histoire récente a l’avantage de rappeler que la crédibilité du mouvement syndical avait été suffisamment émoussée à l’issue du semblant de bataille sur le prix du carburant.
Cette fois-ci, le brasier de la contestation pourrait enflammer la cité, au regard du malaise social dans le pays.
Le tout sur fond d’une impitoyable cherté de vie qui tenaille la majorité des Guinéens, pendant qu’une minorité de privilégiés du régime se la coulent douce dans l’insouciance la plus insolente.
Les mobilisations mamayanesques et couteuses organisées récemment pour accueillir le chef de l’Etat à Conakry et à l’intérieur du pays, peuvent difficilement convaincre d’une période dite de vaches maigres empêchant l’Etat d’accéder aux revendications syndicales.
Cependant, il est trop tôt de tirer une conclusion sur la crise scolaire et syndicalo-gouvernementale qui s’est emballée ce lundi.
Tant les enjeux pour la paix et la quiétude sociale sont importants pour le pays. Même si le premier magistrat du pays, lui, n’en fait qu’à ses certitudes d’inamovibilité de son pouvoir.
Talibé BARRY Directeur Général du Groupe de presse ‘’ La République-City Fm’’
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