Ukraine: un journaliste et un ex-député pro-russes assassinés à Kiev
Ukraine: un journaliste et un ex-député pro-russes assassinés à Kiev
Un journaliste ukrainien a été assassiné jeudi en plein jour à Kiev, la capitale ukrainienne. Oles Bouzina, dont les opinions étaient ouvertement pro-russes, a été abattu par balles devant son domicile. Le meurtre s’inscrit dans une série d’attentats qui sont considérés comme politiquement motivés et auxquels Moscou a réagi.
Avec nos correspondants à Kiev et à Moscou,Sébastien Gobert et Muriel Pomponne
Avec la mort d’Oles Bouzina, c’est l’une des voix de l’ancien régime autoritaire de Viktor Ianoukovitch qui disparaît. L’ancien rédacteur en chef du quotidien Sevodnya, possédé par l’oligarque Rinat Akhmetov, grand sponsor du président déchu, s’est farouchement opposé à la révolution de la Dignité, tout en exprimant des vues ouvertement pro-russes. Il s’était présenté sans succès aux élections législatives l’an passé sous l’étiquette « Bloc russe ». Oles Bouzina déclarait notamment souhaiter le retour de l’empire russe, qui unirait Russes, Ukrainiens et Biélorusses dans une sorte de « super-ethnos ». Le journaliste a été abattu près de chez lui par deux hommes cagoulés.
Cet attentat s’inscrit dans une série de meurtres, accidents et suicides douteux qui ont déjà touché plusieurs représentants de l’ancien régime. Mercredi 15 avril, c’est un ancien député proche de Viktor Ianoukovitch, soupçonné d’avoir organisé les répressions violentes contre les révolutionnaires de l’Euromaidan, qui a été tué à son domicile. Par ailleurs quatre proches de l’ancien président Ianoukovitch sont décédés de mort violente ces derniers mois. mais officiellement, il s’agit de suicides.
Des « meurtres politiques » pour Poutine
Le président russe a comparé le meurtre d’Oles Bouzina avec celui en Russie de l’opposant Boris Nemtsov. Il estime qu’à Moscou, les enquêteurs sont au moins parvenus à arrêter les exécutants, alors que l’Ukraine qui a , dit-il, « la prétention d’être un Etat démocratique, qui veut rejoindre l’Europe démocratique » et n’est capable d’arrêter ni les exécutants, ni les commanditaires. Et, ajoute t-il, « ni l’Europe, ni l’Amérique du Nord ne veut le voir ».
Déstabilisation de l’Ukraine
Il est encore de tirer des conclusions sur ces meurtres : il peut s’agir de représailles de nationalistes ukrainiens par exemple contre Oles Bouzina qui souhaitait ouvertement la restauration de l’empire russe. Il peut s’agir de règlement de comptes. Il peut s’agir aussi d’éliminer des témoins gênants de représentants de l’ancien régime afin qu’ils ne se livrent pas à la justice. Il peut s’agir encore d’opérations de déstabilisation menées par des forces russes et pro-russes.
Mais cette vague de meurtres fait écho à ces bombes qui explosent régulièrement dans plusieurs villes du pays et aux bruits de bottes qui se font de plus en plus entendre dans l’est de l’Ukraine. Parmi les nombreuses réactions, l’artiste Oleksandr Roytbud d’Odessa considère lui que c’est « le début de la terreur » avec laquelle la société ukrainienne doit vivre. Certaines personnes ont franchi une « ligne rouge » explique-t-il et « nul ne sait où ils vont s’arrêter ».
RFI