Une élection présidentielle sans enjeux au Kazakhstan

Le président Nazarbaïev, candidat à sa propre succession, a rempli son devoir électoral en ce dimanche 26 avril 2015.REUTERS/Mukhtar Kholdorbekov

Au Kazakhstan se tient ce dimanche 26 avril une élection présidentielle sans aucun suspens. Un scrutin avec, sur le papier, trois candidats à la magistrature suprême mais dans les faits, c’est l’actuel président, Noursoultan Nazarbaïev qui sera réélu pour un 5e mandat en 24 ans de pouvoir.

Avec notre correspondant dans le Caucase et Asie centrale, Régis Genté

Noursoultan Nazarbaïev, dont le titre officiel est « chef de la nation », est à la tête, depuis 1989, de cette République grande comme 5 fois la France mais peuplée seulement de 16 millions d’âmes. En 25 ans de pouvoir, l’opposition a disparu des radars et si ce dimanche, M. Nazarbaïev fait face à deux candidats, ces derniers ne sont là que pour donner un semblant de vérité à cette élection.

Il appartient donc au président Nazarbaïev, qui est finalement peut-être le seul à réellement jouir d’une autorité politique, de gérer le pays à un moment délicat sur le plan économique. Les problèmes sont de deux ordres : premièrement, l’effondrement des cours du pétrole, qui compte pour le quart du PIB, et d’un certain nombre de minerais, comme l’aluminium ou le cuivre dont ce pays, au si riche sous-sol, est un grand producteur. Le Kazakhstan ne dispose plus d’un budget établi sur un baril de brut à 80$ mais sur un baril à 50$. Les projets industriels pétroliers sont gelés, ce qui crée du chômage.

La deuxième explication de la fragilisation de la situation économique, alors que le pays a connu depuis 15 ans une croissance à 10% le plus souvent, est la répercussion sur le Kazakhstan des difficultés que connaît l’économie russe. La chute des cours du pétrole et du gaz, mais également les sanctions occidentales, décrétées dans le cadre de la crise ukrainienne, ont fait plonger le rouble. Les produits russes deviennent très compétitifs sur le marché kazakh, ce qui pénalise les entreprises du pays.

Des rumeurs de dévaluation

Des rumeurs insistantes de dévaluation du tengé, la devise nationale se font entendre et elles inquiètent les dirigeants kazakhs. Le pays a déjà dévalué de 19% sa monnaie l’an dernier. Un coût social lourd aussi. Si nouvelle dévaluation il y a, celle-ci se fera sans doute en plusieurs étapes.

Ces difficultés économiques créent un climat de relative instabilité qui peut expliquer la convocation de cette élection présidentielle anticipée même si le président Nazarbaïev est coutumier du fait. Cela fait 25 ans qu’il utilise l’arme du scrutin anticipé pour ne pas laisser à l’opposition de chance de s’organiser. Mais à l’automne dernier, Noursoultan Nazarbaïev semblait réellement inquiet expliquant que l’environnement du pays était très instable. Il faisait référence à la Russie car l’attitude de Moscou envers les ex-Républiques soviétiques, le fait qu’elle fasse la guerre à l’Ukraine, lui déplait fortement.

Le président Nazarbaïev n’est pas non plus très content du fonctionnement de l’Union économique eurasiatique, créée voilà un an avec la Russie et la Biélorussie, et qui comprend un espace douanier unique, estimant que, dans la pratique, les entreprises kazakhes sont lésées.

RFI