Utiliser les maladies pour vaincre le cancer
Un peu de VIH ou d’herpès pour traiter votre tumeur? Grâce aux récentes avancées de la recherche, cette question pourrait un jour se poser de plus en plus à des patients atteints du cancer.
En effet, une des voies les plus prometteuses dans la lutte contre la première maladie mortelle au pays se nomme immunothérapie.
Elle a déjà donné des résultats spectaculaires chez des patients atteints d’un cancer très agressif, comme celui de la peau, du foie ou du pancréas, explique Simon Turcotte, chirurgien et chercheur au CHUM. «Je pense que ça va révolutionner le traitement de ce genre de cancer», croit-il.
Cache-cache
Dès le début du 20e siècle, les médecins ont remarqué que certains patients arrivaient à se débarrasser de leur tumeur après avoir attrapé unVIRUS. C’est cette mécanique que les chercheurs d’aujourd’hui tentent d’exploiter.
L’immunothérapie repose sur l’idée que les globules blancs, qui ont pour mission des détruire lesVIRUS et les envahisseurs extérieurs, pourraient aussi être mis à contribution pour combattre l’ennemi intérieur, soit le cancer.
Or, comme les cellules cancéreuses font à l’origine partie du corps, les globules blancs nommés lymphocytes T peinent à les percevoir comme des ennemies. D’autant plus que le cancer a une panoplie de stratégies pour se cacher d’eux.
Ainsi, lesVIRUS comme le rhume et le VIH, qui cherchent à attaquer les cellules humaines saines, possèdent une partie de la clé pour déjouer ces tours de passe-passe. Dans certains traitements, les chercheurs modifient le virus pour lui enlever la partie virulente de son génome. Ils l’utilisent ensuite pour modifier génétiquement les lymphocytes T afin qu’ils s’attaquent au cancer, explique Nathaniel Bouganim, oncologue médical au CUSM.
Effets secondaires
Bien sûr, ce ne sont pas tous les traitements d’immunothérapie qui utilisent des virus. Certains vont plutôt chercher à stimuler l’activité ou la multiplication des lymphocytes T.
Reste qu’aussi prometteuse que soit cette approche, il ne faut pas crier au miracle trop vite. «Je ne pense pas qu’une seule découverte révolutionnera le traitement de tous les cancers. Chaque cancer a ses particularités», précise M. Bouganim.
«Les virus sont la dernière ressource naturelle inexploitée»
L’Université de Pennsylvanie a mis au point un traitement expérimental à base de VIH, dont les premiers essais ont donné des résultats spectaculaires. Les chercheurs retirent des milliards de lymphocytes T du corps du patient et altèrent leur code avec une forme inoffensive du VIH. Ces globules blancs sont donc programmés pour attaquer les cellules cancéreuses avant d’être réinjectés dans le corps du patient. Il n’a pas encore été approuvé par les autorités américaines.
– Avec Forbes et The Independant
MALARIA: UNE DÉCOUVERTE QUI A DU POTENTIEL
La malaria n’est pas unVIRUS, mais le parasite qui est à l’origine de cette maladie pourrait devenir un allié des oncologues. Depuis longtemps, les chercheurs tentent de comprendre pourquoi les femmes enceintes sont particulièrement sujettes à contracter la malaria. Il semble que le coupable soit une protéine générée par le parasite qui a tendance à adhérer à la surface du placenta. Or, des chercheurs de la Colombie-Britannique ont récemment découvert que les cellules du placenta et les cellules tumorales présentent des similitudes. Il suffirait donc d’associer la protéine adhérente en question à une molécule anticancéreuse pour que celle-ci aille tout droit sur les tumeurs.
– Avec Sciences et avenir, France TV Info et Cancer Cell.
HERPÈS : PREMIER APPROUVÉ
Un tout premierVIRUS génétiquement modifié a été approuvé par les autorités américaines cet automne pour le traitement du cancer de la peau avancé. Il s’agit du T-VEC, qui utilise une version altérée de l’herpès. Injecté directement dans une tumeur, le virus est programmé pour n’attaquer que les cellules cancéreuses. Sa présence aurait également pour effet de stimuler le système immunitaire pour qu’il s’en prenne lui-même aux cellules malsaines. Pour l’instant, les effets du traitement se limiteraient à allonger la vie de quelques mois.
Avec Nature et The Guardian
RHUME ET MARABA : FIERTÉ CANADIENNE
Des chercheurs ontariens ont élaboré un traitement qui combine leVIRUSdu rhume et le virus Maraba, tiré d’un moustique brésilien. Alors que le rhume permet d’activer le système immunitaire, le virus Maraba permet de tuer les cellules du cancer. Toujours à l’étape de l’expérimentation, le tout premier essai clinique mondial pour ce traitement a été lancé cet été dans quatre hôpitaux canadiens, a annoncé l’Hôpital d’Ottawa.
1• Suractivation du système immunitaire
- symptômes de grippe
- thyroïdite (inflammation de la glande thyroïde)
- colite (inflammation de l’intestin)
- pneumonie ou problèmes respiratoires
2• Difficulté à produire des anticorps après avoir combattu le cancer
journaldemontreal